Vous êtes deux des meilleures attaquantes du championnat. Est-ce que vous vous attendiez à faire un aussi bon début de saison quand vous êtes arrivées à Strasbourg ?
Mama Diop : Oui, parce que moi je sais qu'ils attendaient ça de moi. Après, j'ai l'habitude de commencer le championnat avec des buts. Je savais que ça allait aller.
Ines Konan : Moi personnellement, je dirais que c'est le meilleur début de saison que j'ai fait de toute ma carrière. Et j'espère en faire encore plus.parce que c'est le club attend de moi.
Comment vous avez fait pour être aussi performante aussi vite, pour vous intégrer aussi vite ?
Mama Diop : C’était un peu dur pour moi au début, parce que c’est ma première fois en D1, je n’avais fait que des clubs de D2. Après l’intégration je la dois beaucoup aux filles. Dès qu’on est arrivé, on nous a bien accueilli, on nous a aidé à l’entraînement… Après ça joue sur le terrain, en match. C’est grâce à ça que j’ai réussi à performer aussi vite.
Ines Konan : Moi je me suis juste sentie chez moi, avec l’accueil que le club m’a montré, aussi bien mes coéquipières que les dirigeants. J’espère vite leur rendre ça, parce que ça a été vraiment très important pour moi.
Après trois journées de championnat, vous étiez toutes les deux les meilleures buteuses de la Première Ligue. C'était quelle sensation quand vous regardiez ce classement ?
Ines Konan : C'est un sentiment de plaisir et c’est le résultat d’un travail acharné de toute l’équipe. C’est grâce aussi aux consignes qu'on nous donne sur le terrain. C'est un sentiment de plaisir et j'espère continuer sur cette lancée, parce que je sais que c'est ce que le club attend de moi.
Mama Diop : Ça fait du bien qu’on ait fait partie des meilleures buteuses du championnat pendant trois journées. J'espère que ça va continuer comme ça, que chaque match, on va continuer à marquer.
Et vous entendez très bien en dehors du terrain…
Mama Diop : Ça va, ouais ça va. Ines aime bien rigoler, même si des fois elle vient et elle fait la tête (rires).
Ines Konan : C’est la première fois qu’on se côtoie mais moi je la connaissais déjà de quand elle jouait, je l’avais déjà vu en photo… Je savais que c’était quelqu'un de bien, qui a la tête sur les épaules, donc j’essaie un peu d’apprendre de son expérience. On s’entend très bien sur le terrain, mais après les entraînements ou les matchs, on se voit pas forcément.
Mama Diop : On n’est pas des vraies amies. Tout le monde nous voit comme des amies, qui se voient tout le temps, mais ce n’est pas ça. La première fois que j'ai joué en match avec elle, je me suis dit que toutes les deux, on allait faire quelque chose en championnat. Parce que moi, dès que je parle sur le terrain, elle comprend tout. C'est vrai que je suis plus grande qu'elle, mais elle aussi parfois elle me parle et on se comprend. On se donne des conseils réciproquement.
Vous êtes un peu comme sa maman ?
Mama Diop : Comme sa grande-sœur, oui, peut-être, oui. Pourquoi pas ? Si elle m'écoute, oui. Parce que même si elle a joué l'année dernière en D1, alors que moi je jouais en D2, elle ne m’a jamais fait sentir la différence. Elle ne me montre pas que moi je n’étais qu’en D2 la saison passée. Sur le terrain c’est autre chose. C’est sa mentalité qui fait ça.
Ines Konan : Elle me donne des conseils sur le terrain aussi, sur la manière de comment je me comporte, comment je dois me comporter, comment je dois faire. Si il y a des choses que je ne connais pas, je m'adresse à elle, elle essaie un peu de me montrer.
Qu'est-ce qui fait que vous êtes complémentaire dans le jeu ? Qu'est-ce qui fait que vous vous entendez aussi bien dans le jeu ?
Ines Konan : Je l'avais déjà vu jouer et je sais que c'est une attaquante de fixation. Comme moi j'aime beaucoup la profondeur, j'essaie de m’aider un peu de ses appels et aussi de ses déviations. C’est un peu l’idée que je me suis faite de notre duo. Le coach aussi nous a aidé à travailler là-dessus et on s’est rapidement comprise.
Mama Diop : On est deux attaquantes différentes, elle elle a sa spécificité, moi j’ai la mienne. Sur le terrain on se connaît très bien, on anticipe nos déplacements, si elle fait l’appel là ou si elle demande le ballon ici, je sais ce qu’elle veut. Le coach nous a montré en vidéo comment ça marche entre nous. On écoute et on applique sur le terrain.
Vous vous êtes fixées un objectif de buts toutes les deux, vu que ça marche bien entre vous ?
Mama Diop : Oui. Si elle finit elle meilleure buteuse ou moi deuxième, ça me va. Si c’est moi meilleure buteuse et elle deuxième, ça me va aussi. On s’est fixé qu'on doit être meilleure buteuse du championnat, que ça soit Ines ou moi.
Ines Konan : Et on espère surtout aider l'équipe et aller un peu plus haut au classement.
Et personnellement vous vous êtes fixées chacune un nombre de buts à atteindre ?
Ines Konan : Moi, personnellement, non, je ne me suis pas fixé d’objectif. Mais je veux marquer le plus de buts possibles, si c'est pour aider mon équipe.
Mama Diop : Moi, oui. Je veux toujours faire mieux que la saison précédente. Une saison en D2, j'avais marqué 20 buts. Et l’année d’après je m’étais dit qu’il fallait que je marque 22 ou 23 buts, ou plus. Après là c'est ma première fois en D1. La saison passée à Marseille j’avais marqué 16 buts, il me semble, donc pourquoi pas en marquer 20 cette saison ? Après comme Inès a dit, on est là pour l’équipe. On va aider l'équipe à être en haut du tableau. J'espère qu'on va le faire, parce que si on marque tout le temps, qu’Inès marque 2 ou 3 buts par match et moi aussi, je pense que l'équipe va monter au classement.
Toutes les deux vous êtes arrivées à Strasbourg après ne pas avoir été prolongées à Fleury et à l'OM. Vous aviez un peu envie de prendre votre revanche en arrivant à Strasbourg ?
Ines Konan : Ce n'est pas une question de revanche, mais c'est le football. C'est le football. Chaque joueuse est faite pour évoluer un peu partout. C'est une opportunité qui s'est présentée à moi.
Mama Diop : Mon objectif à moi, à chaque fois que je change de club c’est de progresser. Parce que si Strasbourg m'a contactée pour que je vienne jouer ici, c'est pour aider le club à être le plus haut possible. J’étais à Marseille, on jouait en D2 avec l’objectif de monter en D1. J’ai fait le travail que je devais faire, l'équipe a remonté. Après je suis venue à Strasbourg, je suis bien ici, je suis contente d'être ici. Après c’est à moi de m’améliorer encore pour que l’équipe progresse.
Et aujourd'hui, Strasbourg est devant Marseille au classement. Et c'est beaucoup grâce à vous…
Mama Diop : On peut dire que c'est grâce à tout le monde. C'est collectif. C'est le travail de tout le monde, du club, des joueurs, des staffs et tout. On a bien commencé le championnat. Et le but, ce n'est pas d'être devant Marseille, mais d'être au top du classement.
Pourquoi vous avez choisi Strasbourg cet été ?
Mama Diop : Moi j’aime bien la façon dont elles jouent. Je les regardais la saison passée quand elles étaient en D1, elles gardaient le ballon, elles voulaient bien jouer. Tu voyais que ça travaillait bien collectivement. Donc dès qu’ils m’ont contacté j’ai dit directement que j’y allais parce que j’aimais bien la mentalité qu’elles montraient. Alors que la saison passée c’était leur première saison en D1 et elles jouaient comme ça. Donc j’ai voulu aller là-bas pour les aider.
Ines Konan : Et moi aussi, c'est un peu la même chose. J'ai aussi suivi leurs matchs. Je savais que c'était une bonne équipe et qu’elles avaient des ambitions, qu’elles voulaient être à un top niveau aussi. Et j'ai accepté parce que le projet m'intéressait beaucoup.
Mama Diop : Pour moi, c'est un bon projet. Ici on se sent bien. Ils font plein de bonnes choses pour nous (un centre d’entraînement 100% dédié aux féminines verra le jour dans les prochaines semaines, ndlr). Il y a des clubs où tu passes, il n'y a pas ça. En D1, il y a des équipes pro où tu ne vois pas ça. Et là, ils font des choses neuves pour nous. Ça veut dire qu’on compte beaucoup. Après, c'est à nous de leur rendre.
Vous parliez beaucoup des objectifs du club qui étaient fixés. C'était quoi les objectifs du club en début de saison ?
Mama Diop : C’est de finir le plus haut possible. D’abord le maintien, puis pour moi c'est d'être entre les deux ou troisième, pourquoi pas. C'est juste du travail. Après, c'est du foot pour moi. On peut viser ça. Pourquoi pas, on ne pourrait pas être entre les deux ou troisième. On peut.
Ines Konan : Mais on ne vise pas plus haut en croisant les doigts. On doit se donner les moyens de ça et pourquoi pas ?
Tout à l'heure, vous parliez du jeu de Strasbourg que vous aimiez bien avant de signer. Comment vous vous êtes adapté, vous, à ce jeu de Strasbourg ?
Mama Diop : Depuis qu'on est là, on a beaucoup travaillé avec le staff, dès la première semaine ils nous ont beaucoup encadré pour qu’on se mette dedans.
Ines Konan : On a du travail à faire et c'est pourquoi il ya eu la préparation. On a été à des endroits pour pouvoir mieux nous connaître, pour être bien. On a réussi à construire un groupe solide.
Mama Diop : Chaque match, on ne joue pas de la même façon. Chaque semaine, il y a une nouvelle règle de jeu. On peut jouer direct parce qu'on a les capacités, on a les filles qui peuvent faire ça. Comme lorsqu’on a joué le premier match. Après, les autres équipes s’attendent à ce que Strasbourg jouent direct. Mais on est capable aussi de poser le ballon, comme samedi (face à Montpellier).
Ines Konan : Chaque match a ses réalités et chaque match a son système. Selon le système de l’adversaire, on met un système en place.
Mama Diop : On adapte sur chaque match. Si on voit qu’on peut passer en faisant du jeu direct, on va le faire, parce qu’Ines et moi devant on a la connexion. Si on voit qu’en posant le jeu on n’arrive pas à gagner, on s’arrange avec les filles pour qu’on ait plus de ballons dans la profondeur pour faire bouger la défense derrière.
Ce week-end vous jouez contre le PSG. À quoi vous vous attendez comme match et est-ce que vous pensez que toutes les deux vous allez avoir la même importance que depuis le début de saison qu'il va falloir être très tranchante dans la profondeur ?
Ines Konan : Oui tout le monde est important dans ces matchs, tout le monde va être important, tout le monde aura sa carte à jouer. Je pense que ça sera un très bon match et je vous conseille de le suivre. Et on espère faire un très bon match devant notre public.
Mama Diop : Pour moi jouer Paris, Lyon ou qu’importe, c’est juste un match de foot. C'est 11 contre 11. Après c'est vrai que c'est Paris Saint-Germain, on le respecte bien, mais après sur le terrain pour moi il n'y a pas une meilleure équipe, c'est juste du jeu. J'espère qu'on va les… Moi, j'ai hâte de jouer ce match-là.
Vous disiez tous les deux que vous aviez comme objectif de finir peut-être top 1, top 2 des buteuses. Ça, c'est un match contre le PSG qui va être hyper important si vous voulez marquer les esprits…
Ines Konan : Oui, exactement. Ça serait un match important, mais le plus important, c'est l'équipe. On va se battre et obtenir quelque chose de ce match.