Comment vous abordez ce match face au Paris Saint-Germain ?
Je l’aborde comme tous les autres matchs de la saison. Il n'y a pas des matchs qui sont plus ou moins importants. Tous les matchs sont importants. Après dans notre préparation ça change toutes les semaines en fonction de qui on va jouer. On sait que contre le PSG, moi peut-être que je vais avoir un peu plus de travail. Donc c'est un peu ça, il faut se préparer à ça. Mais moi j'aime trop ça !
En tant que gardienne, c'est particulier de jouer le PSG ?
Oui, mais ce ne sont que des bonnes choses. C'est typiquement les matchs que moi j'aime jouer, je sais que je vais être très sollicitée, j'espère et je n'espère pas trop non plus. Mais je n’aime pas les matchs où on ne fait rien en tant que gardienne et on sait que sur ce match d'habitude on a pas mal de choses à faire. J'ai beaucoup de motivation. J'ai trop envie de jouer ce match. Je n'ai pas du tout peur. Je me sens motivée.
En avant match, en vidéo, vous devez retenir pas mal de choses, parce qu’il y a beaucoup de joueuses à surveiller côté PSG.
Oui c'est sûr. On fait de la vidéo entre nous les gardiennes, avec le coach des gardiennes et on se focalise sur les joueuses : comment elles vont attaquer, quel type de situation on peut avoir… Et après on travaille sur ces situations pendant la semaine.
"C'est un match que j'aime jouer car je sais que je vais être très sollicitée"
La saison passée vous aviez fait un bon match contre le PSG à domicile à la Beaujoire (défaite 1-0). Mais par contre, en Coupe de France, vous aviez perdu assez lourdement 6-1. Vous, quels souvenirs vous avez du PSG ?
De l'année dernière, je pense au match à la Beaujoire, quand on a fait 1-0. On a perdu 1-0, mais ça reste quand même le plus beau souvenir de l'année dernière contre le PSG. Parce que le monde qu'il y avait au match, on a joué dans le grand stade et c'était quelque chose d'incroyable. En plus, on a bien joué, on a bien défendu, on a attaqué, on a eu des occasions et tout. Et moi, perso, j'ai fait des arrêts, donc j'étais contente. Et après le match en Coupe, j'avoue, je n'ai pas trop de souvenirs parce que j'essaie de ne pas rester sur des matchs comme ça. C'est un match où j'aurais dû faire mieux. Et donc voilà, j'ai appris des choses, mais ce n'est pas quelque chose qui est resté trop longtemps dans ma tête.
La saison passée, le PSG avait pas mal de stars. Il y avait notamment Katoto, Geyoro… Cette saison, il y en a un peu moins, parce que les deux sont parties. C'est quelque chose d'important pour vous ?
Il reste beaucoup de bonnes joueuses, même si ce ne sont pas des stars. Ça reste quand même de grandes joueuses, de bonnes joueuses. Je ne pense pas que ça nous impacte. On sait que c'est une bonne équipe dans tous les cas, avec ou sans ces joueuses-là.
Lors de la première journée, Lens a fait match nul contre le PSG. Est-ce que vous voulez prendre un peu exemple sur ce qu'elles avaient pu montrer ?
Je pense que oui, il y a des choses à prendre, bien sûr. Je pense qu'elles ont fait un bon match contre le PSG. Mais après, nous, on ne peut pas trop comparer parce qu'on n'a pas le même style de jeu. Après, dans le résultat, oui, on aimerait vouloir faire comme elles. Mais on ne joue pas de la même façon, pas avec le même style de jeu.
En première journée, vous, Nantes, vous avez gagné 2-1 à domicile contre Saint-Etienne. C'était seulement la deuxième victoire en Première Ligue au stade Marcel Saupin. Comment vous l’avez vécue ?
J’étais contente. On a gagné. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas gagné à Saupin. Et on n'a pas beaucoup gagné l'année dernière à Saupin. Mais de commencer la saison avec une victoire, c'est tellement important pour lancer la saison. Et pour moi, pour nous, l'équipe, c'était très important. Donc on était contentes.
"Ça fait du bien d'être dans un club depuis deux ans"
Justement, vous avez fait une grosse préparation avant la reprise, vous avez marqué beaucoup de buts… Vous attendez quoi sur cette saison ?
Je pense qu’on espère faire mieux que l'année dernière, c'est toujours le but de faire mieux. Après on s’est fixé des objectifs entre nous au sein de l’équipe, des choses plus spécifiques sur ce qu'on veut faire cette année : en nombre de clean sheets, de points sur des séries de matchs… Mais je pense qu'on est capable, on est toutes motivées.
Et vous, c'est quoi vos objectifs en tant que gardienne ?
Moi, je ne veux pas trop mettre un focus sur le nombre de buts que je vais prendre ou pas prendre. Je n'aime pas penser comme ça, parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver dans les matchs. Il y a trop de choses qu'on ne peut pas contrôler. Donc, c'est plutôt être performante pendant toute la saison. Je sais qu'il y aura des matchs où je vais moins bien jouer, mais je veux que ça soit limité. Je veux que ça n'arrive pas souvent. Donc, c'est plus essayer de rester performante pendant toute la saison.
Cette saison, c'est votre troisième saison au FC Nantes. Comment vous le vivez ?
Moi, en tant que joueuse, ça fait du bien d'être dans un club depuis deux ans. Ça crée une stabilité dans ma vie en tant que joueuse et dans ma vie privée aussi. Ça fait du bien de savoir que tu es là, que tu as des habitudes, que tu connais le staff, l'endroit, la ville et tout. Je me sens bien ici. Je pense que c'est une chance que j’ai de pouvoir continuer au club.
Vous êtes dans un groupe qui donne l’impression de très très bien vivre ensemble, qui se chambre beaucoup. C’est quoi votre place à vous dans cet effectif ?
Je pense que nous, entre les gardiennes, c'est quelque chose à part. Après, avec toute l'équipe, ça se passe bien. Entre tous, les filles, entre les staffs… On a un groupe qui vit bien, il y a beaucoup de joie. Pendant les séances, on essaie de garder le sourire quand on joue, quand on s'entraîne et ça c'est important. Après, entre nous, les gardiennes, c'est vraiment quelque chose que je trouve unique parce que ce n'est pas dans tous les groupes de gardiennes que tu vas trouver ça, que ça se passe aussi bien entre nous trois. Et moi, j'ai un peu un rôle de "grande soeur". On dit ça souvent entre nous. Moi, je suis la grande soeur et les deux plus jeunes, ce sont les petites soeurs. Et j'aime bien avoir ce rôle parce que je sais que je peux apprendre des choses aux deux plus jeunes, mais aussi elles m'apprennent des choses aussi. Et c'est vraiment, on a quelque chose de bien entre nous.
"J'ai un peu un rôle de "grande soeur" auprès des autres gardiennes"
Vous êtes en concurrence, mais malgré tout, il y a quelque chose de très très sain entre vous trois ?
Oui. On n'a jamais eu de problème ou quoi et on travaille bien ensemble. On sait qu'il faut se pousser, il faut travailler ensemble, mais à la fois penser à chacun. Un peu égoïste, mais pas malsain.
Vous parliez de votre rôle de grande sœur auprès des autres gardiennes. Est-ce que vous avez aussi ce rôle auprès du groupe? Parce que vous faites partie des plus expérimentées en première division au sein du groupe.
Je ressens moins ça avec tout le groupe. Je pense qu'il y a d'autres filles qui sont encore plus expérimentées que moi. Je ne suis pas la plus vieille non plus. Je me retrouve un peu au milieu. Je sais que j'ai de l'expérience, mais je ne suis pas non plus la plus expérimentée. Je reste un peu comme au milieu.
Sur les terrains, vous, en tant que gardienne, vous avez un rôle assez important pour diriger l'équipe dans les moments décisifs. Comment, vous, vous mettez ça en place sur le terrain ?
Moi, j'essaie de bien guider ma défense et toute l'équipe. Mais après, je ne suis pas une gardienne qui va beaucoup crier ou beaucoup… Je parle, mais je sais qu'il y a beaucoup de gardiennes qui vont crier tout le match, qui vont faire des choses comme ça. Mais moi, ce n'est pas trop mon style. Et je pense que les filles savent que si je crie c'est que j'ai quelque chose d'important à dire. Ce n'est pas tout le temps. Mais je pense que je choisis mes moments pour être un peu plus dure. Comme ça, le message passe un peu plus.
"Si je ne ressens pas de pression, j'ai du mal à jouer"
Vous vous aimez beaucoup jouer avec la pression, qu’est-ce que ça fait ressortir chez vous ?
Oui, oui, j'aime trop. Il me faut de la pression pour jouer. Si je ne ressens pas de ça, j'ai du mal à jouer. C'est plutôt une forme d'adrénaline. Je pense que je deviens une autre personne un peu. Je ne pense pas que les autres gens voient, mais dans ma tête, il se passe quelque chose. Quand c'est le moment de jouer, c'est une autre mentalité, c'est autre chose.
Comment vous vous définiriez vous en tant que gardienne ?
Ça c'est dur. Je pense que je suis une gardienne qui a de l'expérience mais qui apprend toujours et qui a envie d'apprendre. Je pense que j'ai des axes à travailler. Mais je pense que j'arrive à trouver l'équilibre entre rester positive et négative avec moi-même.
On peut dire que vous êtes une gardienne qui a un bon jeu au pied…
Oui j'aime bien jouer au pied. Quand mes coéquipières vont jouer avec moi, j'aime trop. Et je pense que ça fait partie du système de jeu que veut mettre en place Nicolas Chabot. Avant, j'aimais bien, mais depuis que je suis arrivée à Nantes, je pense que j'ai beaucoup appris en étant ici. Et ça m'a donné encore plus cette assurance.
Comment vous le travaillez ce jeu au pied au quotidien ? En étant dans les phases de jeu avec les autres joueuses à l’entraînement ?
Oui, d'habitude c'est une fois par semaine. On va être que avec le groupe. Donc on ne s'entraîne pas du tout en tant que gardiennes. On est qu’avec les joueuses. Donc ça nous fait travailler beaucoup au pied et c'est bien. Après on fait des exercices plus spécifiques avec le coach des gardiennes, au pied. Mais on travaille ça tous les jours.
Vous tenez ça de votre expérience au futsal, avec la sélection de futsal canadienne ?
Oui, c'était il y a longtemps. Moi, j'aime trop jouer avec mes pieds. C'est aussi le cas au futsal. C'est pour ça que j'aime beaucoup jouer au futsal.
"Je ne me mets pas tout en haut, pas encore"
C'est ce qui fait de vous aussi une gardienne différente des autres en Première Ligue et d'ailleurs vous aviez été distinguée : avec le titre de meilleure gardienne de Seconde Ligue il y a deux saisons et parmi les nommées la saison passée en D1. Ça montre que que votre niveau est reconnu en France.
Oui, je pense que ça commence à venir. Je ne me mets pas tout en haut, pas encore. C'est quelque chose dont j'ai envie. Je pense que tout le monde a envie d'être la meilleure. Je travaille pour. Je pense que je suis capable de faire mieux et faire plus. Mais je pense que pour l'instant, je suis plutôt bien où je suis.
Vous vous sentez bien en France, maintenant que vous y êtes depuis cinq ans ? Vous avez quel lien avec le pays ?
Je me sens bien. Je sais que c'est un peu dur, mais je sais que ce n'est quand même pas mon pays. Je sais que je ne suis pas chez moi. Sans doute parce que ma famille n’est pas là. Je ne sais pas si toute ma famille était là, ça serait peut-être autre chose. Mais le fait que ma famille soit au Canada, toute ma vie soit au Canada, c'est un peu compliqué de ressentir que je suis vraiment chez moi en France. Après, j'aime trop le pays, je pense que ça se voit. Le fait que ça fait 5 ans que je suis ici, j'aime bien le pays et je me sens bien ici. Mais je sais que quand je vais arrêter de jouer au foot, ma vie ça sera au Canada.
C’est votre cinquième saison en France. Qu’est-ce qui a changé chez vous depuis votre arrivée en France ?
Je pense que j'ai beaucoup plus de confiance en moi. Quand je suis arrivée en France, j'avais un peu de confiance, mais pas assez. Et je pense que c'est surtout à Nantes, le fait d’avoir beaucoup joué, de savoir que tout le staff me fait confiance, ça m'a beaucoup aidée. Et après, je pense que j'ai pris en maturité aussi, sur comment je comprends le foot. Parce que je pense qu’avant je ne comprenais pas trop le foot et ça ne m'intéressait pas. Je dis ça souvent, comme je n'aime pas le foot, je ne vais pas être chez moi et regarder les matchs. Mais c'est quelque chose que j'ai appris à faire en étant ici. Je me sens épanouie ici et dans le projet, donc c'est trop bien.
"Je ne peux pas être que dans le foot"
Quand vous dites que vous n'aimez pas le foot, c'est que vous ne regardez pas de foot en dehors du terrain ?
Depuis deux ans, je dirais, je commence à le faire. Mais avant, ce n'était pas du tout le cas. Je n'aimais pas regarder le foot. Je pense que c'est plus le fait que si le foot, c'est toute ma vie, je n'arriverai pas à continuer à jouer si je ne fais que ça. Il me faut autre chose. Je ne peux pas être que dans le foot. Mon cerveau est comme ça. Quand je suis au foot, c'est trop bien. Mais je ne peux pas être toujours au foot, à penser au foot, parce que ça devient trop pour moi.
Vous prenez du plaisir à jouer, mais pas forcément à en faire plus.
Je veux faire plus dans le sens où je veux travailler, je veux faire tout ce qu'il faut en dehors aussi parce que ce n’est pas qu’aux entraînements qu'on va mieux jouer mais c'est plus dans le sens où... Je sais qu'il y a des filles qui dorment pour le foot, qui mangent le foot, toute leur vie c'est le foot et moi je ne suis pas comme ça.
Qu'est ce que vous faites en dehors des terrains du coup, sur votre temps libre ?
Ça dépend. Moi j'aime bien dessiner. J'ai une passion pour ça. Et je joue beaucoup aux jeux vidéo. Après le fait que ma famille soit loin, je prends le temps de parler avec ma famille, de les appeler en FaceTime… Après c'est juste faire autre chose parce que c'est dur aussi quand tu es dans un autre pays de trouver autre chose à faire, quand t'es loin de ta famille, tes amis… Pour mon équilibre à moi il me faut d'autres choses.
Vous faites des choses parfois avec les joueuses de l’équipe ou vous restez dans votre bulle ?
Oui, avec les filles dans l'équipe, on arrive à faire des choses ensemble, que ce soit aller boire un café ou aller faire des magasins. On arrive à trouver. Mais des fois, on sait qu’entre nous, on a besoin de pauses, parce qu'on est quand même ensemble tous les jours. Donc il faut trouver un équilibre entre tout ça.
Vous disiez que vous dessinez mais j’ai vu que vous avez un Bachelor en art, quelle place a l’art dans votre quotidien ?
Ce n'est pas quelque chose que je fais tous les jours mais c'est une passion que j'ai. Donc ça reste quand même quelque chose d'important pour moi. Mais c'est aussi un plaisir. Je ne vois pas ça comme un travail. C'est quelque chose que j'ai envie de faire et que j'aime bien faire.
Vous dessinez, vous jouez aux jeux vidéos… Mais qu’est-ce que vous faites dans le bus en déplacement ?
Ça, ça change un peu tous les déplacements. Soit je vais lire, soit je vais dessiner, soit je vais jouer. Et j'aime bien aussi regarder les séries ou les films. J'aime beaucoup les films d'horreur et souvent, si je regarde un film dans le bus, c'est ça. Les films qui font peur.
Une dernière question, un peu difficile : vous aimez bien dessiner, alors si vous deviez dessiner votre rêve actuellement avec le FC Nantes, à quoi ressemblerait le dessin ?
C'est dur… Je vois quelque chose avec tout le monde déjà, avec toute l'équipe dans le dessin. Tout le monde serait heureux. Si on parle de rêve, on peut y mettre un trophée. C'est quelque chose qu’on a envie d'en avoir. Après, que ce soit en coupe ou en championnat. On peut mettre un petit trophée dans le dessin !
