Deuxième meilleure buteuse de l'Arkema Première Ligue avec deux buts et une passe décisive en deux journées, Chancelle Effa Effa, attaquante du HAC, se fait un nom au sein du championnat français à seulement 19 ans. La jeune née et formée au Havre rêve de remporter avec son équipe de coeur, mais aussi de l'équipe de France. Elle se confie à Flashscore.
Flashscore : Comment ça va en ce début de saison ?
Chancelle Effa Effa : Pour le moment, ça va. Tout va bien. Sur deux matchs de championnat, j'ai pu inscrire deux buts. Je me sens bien. Le fait d'avoir marqué en début de saison, ça m'a mis en confiance. Pour le moment, physiquement, je suis bien.
En ce début de saison, même si on prend au niveau du Havre, ça se passe bien. Vous êtes quatrième de Première Ligue après deux journées. L'objectif, c'est de conserver cette place ?
L’objectif, c'est le maintien, après on verra par la suite si on est maintenues assez tôt. C'est le premier objectif. Quand on voit le début de saison, on est positives. Le groupe vit bien, on est dans un bon état d'esprit et là ça va se poursuivre face à Montpellier. Et pour le moment tout le monde se sent bien, même les nouvelles se sont bien intégrées, ce qui fait qu'on est un groupe au top et j'espère qu'on va faire une bonne saison
Ce week-end, vous allez affronter Montpellier. C'est un club historique du championnat féminin, mais c'est vrai qu'elles démarrent plutôt mal leur saison. Comment avez-vous préparé ce match-là ?
On le prépare comme chaque match. On a vu qu'il y avait beaucoup de départs, on a vu aussi qu'il y avait un groupe avec beaucoup de jeunes aussi, mais on va le jouer comme on joue chaque match. On va le préparer comme chaque match. Il n'y aura pas de changement.
Vous avez un groupe qui vit bien. Mais c'est un groupe qui est plutôt jeune, parce que le club a cette confiance dans le centre de formation. Vous-même en êtes issue : ça fait plaisir de voir qu'il y en a d'autres qui prennent ce chemin aussi ?
Oui, c'est bien. L'objectif du club, c'est de mettre en avant le plus de jeunes possible. Je suis une jeune, et en plus, le coach me fait confiance. Donc, c'est très bien. Et là, on voit aussi qu'il y a des jeunes qui entrent en fin de match. Ça montre que le club veut vraiment faire confiance aux jeunes et les mettre en avant. Par exemple, Célestine Boisard, qu'on a pu voir sur les premiers matchs, qui a été titulaire et a pu inscrire son but, c'est aussi une Made in cavé.
"On voit que le club fait confiance aux jeunes"
Vous avez quel équilibre dans l'effectif entre les joueuses d'expérience et les plus jeunes ? Et comment vous placez-vous, vous qui êtes déjà à votre troisième saison en pro ?
Le groupe, c'est une famille donc pour moi je me place comme... En fait comme on est une équipe, on est tous ensemble. Je n'ai pas de statut spécial dans l'équipe. Je montre mes qualités, j'aide l’équipe au maximum. J'essaie de mettre mes qualités en avant.
Vous parliez de Célestine Boisard qui est entrée sur les premiers matchs. Est-ce que vous, en étant comme elle formée club, vous l'avez un peu aidée ?
Oui, après Célestine je la connais depuis longtemps, on a pu jouer en U16 et U17 ensemble. On a pu faire les entraînements professionnels ensemble, quand elle n’était pas encore en groupe pro. Donc je pense qu’elle-même s'est très vite intégrée. Mais sinon oui je l'ai mise en confiance, on a pu parler et aujourd'hui elle est très très bien dans le groupe.
Votre été a été un peu mouvementé parce qu'il a été question de vendre la section féminine. Comment ça vous a affecté en tant que joueuse ?
Franchement, moi je ne me suis pas vraiment focaliséee sur ça. Je me concentre plus sur le terrain, sur moi-même, sur le groupe, sur l'équipe. Franchement ça ne m'a pas plus affecté que ça. Je sens toujours le même engagement de la part du club avec nous, ça n’a pas changé. Depuis que je suis au Havre, il n'y a pas eu de changement.
"Mon objectif c’était de faire mieux que les années précédentes et je suis plutôt bien lancée"
Si on parle de vous personnellement, vous avez déjà marqué deux buts et donné une passe décisive en deux rencontres seulement de championnat. Et la saison passée, vous aviez marqué trois buts et une passe décisive sur l'ensemble de la saison. Qu'est ce qui a changé ?
Franchement, je me pose toujours la question, je me dis toujours qu'il faut que je sois meilleure que les saisons passées et je suis dans ma continuité, dans la progression et là j'ai eu la chance de marquer mes deux buts. J'espère que ça continuera, que je pourrai encore plus aider l'équipe. Ça a pu me mettre en confiance et en plus que le coach me met en confiance, ça m'aide aussi.
Vous sentez que vous avez passé un cap cette saison ?
On verra plus tard. Mais oui, je pense que j'ai progressé quand même. Mon objectif c’était de faire mieux que les années précédentes et je suis plutôt bien lancée.
Vous disiez, il y a plus de deux saisons dans une interview, que vous aviez du mal, à l’époque, dans la répétition des efforts. Quels sont les éléments que vous voulez améliorer dans votre jeu ?
Dos au jeu, être plus dure. Je pense que la répétition des efforts est encore un axe d’amélioration, même si je me suis améliorée. Mais la chose qu'il faut que j'améliore le plus, c’est ma finition.
Cette année on a l'impression que l'équipe compte beaucoup sur vous, y compris dans le plan de jeu pour marquer les buts. C'est compliqué à gérer ça, d'être celle qui doit faire gagner l’équipe ?
Compliqué, je dirais non. Ça montre que je compte beaucoup pour l'équipe. Et après, c'est mon poste qui fait que qu’il faut marquer. C'est un poste important quand même. Tactiquement j’ai aussi une importance défensive, il n'y a pas d'attaquante qui reste devant, c’est très important que les attaquants reviennent. Sur ce point-là, le coach est très exigeant.
En tant que buteuse, est-ce que c’est beaucoup de pression quand on a 19 ans de devoir marquer des buts très importants pour le maintien ?
Non et c'est surtout que là, ce n'est pas comme si c'était ma première saison. Ça va être ma troisième donc je suis habituée. En plus j'ai la confiance des autres, ce qui fait que ça m'aide encore plus.
C'est particulier pour vous d'avoir ce rôle-là, alors que vous êtes un pur produit de la formation havraise ?
Oui, c'est une fierté, c'est mon club formateur. C'est une fierté de faire lever le stade…
Vous êtes arrivée au club en 2015. Vous vous imaginiez jouer un jour avec l’équipe première ?
Quand je suis arrivée, au début, je ne pensais pas vraiment à ça. Mais quand j’ai commencé à arriver en U15, que j’ai commencé à être surclassée, c’est à ce moment-là que je me suis fixée ça comme objectif. Et c’est arrivé ! Je voulais rester au HAC jusqu'à que je sois pro et j’ai réussi mon objectif. Donc je suis très contente, très fière de pouvoir porter les couleurs du HAC en équipe professionnelle.
"Je voulais rester au HAC jusqu'à que je sois pro"
Avec Melinda Mendy, vous avez signé ensemble votre premier contrat pro en 2022. En tant que joueuse formée au club, vous avez quel lien entre vous ?
Avec Melinda, on va dire qu'on a tout fait ensemble. C'est aussi une fierté. C'est un plaisir que mon amie signe en même tem`s que moi. Et après, ça fait toujours plaisir. Aujourd’hui, on s’amuse ensemble en équipe première.
Vous jouez au stade Océane à chaque match à domicile. C'est quelque chose dont vous rêviez petite ?
Oui, parce que quand j'étais petite, justement, c'est moi qui venais regarder les matchs, que ce soit les garçons, ou les filles. Et aujourd'hui, y être, c'est un grand plaisir. C'est une chance aussi de jouer au stade Océane, surtout nous, les filles. Il n'y a pas tout le monde qui peut jouer dans des grands stades comme ça. Ça montre aussi que le club compte sur nous. C'est une grande fierté.
Et aujourd'hui ce sont vos proches qui viennent vous voir vous au stade…
Oui c'est assez fou. Quand je finis le match je peux aller voir mes parents en haut dans les tribunes… Ça fait plaisir ! En grandissant comme joueuse, même quand je n’étais pas encore en A, les filles jouaient déjà ici. Donc je me suis toujours dit que si un jour j'avais l'opportunité d'aller en A, je pourrais jouer dans ce stade.
Vous êtes dans votre troisième saison dans le groupe professionnel, vous avez signé votre premier contrat pro en 2022, mis votre premier but en D1 en 2023… Qu'est-ce qu'il vous reste à cocher dans votre to-do list ?
À cocher, je dirais avoir un rôle de titulaire indiscutable. Et l'équipe de France, même si je suis déjà en jeunes, mais viser plus haut. Et peut-être remporter un trophée avec Le Havre. On va essayer, la Coupe LFFP ou la Coupe de France. La saison passée on n’était pas passé loin en Coupe de France. Pourquoi pas viser plus haut, on ne sait pas, franchement.
"Je n'ai pas osé demander à Katoto d'échanger nos maillots"
Aujourd'hui, vous êtes un modèle pour les jeunes du centre de formation du Havre. Vous êtes passée par toutes les catégories chez les jeunes. Qu'est-ce que vous leur dites quand vous croisez les plus jeunes du centre ?
D'être bon à l’école, avant d'être bon au foot. Moi je préférais le football à l’école, c’est sûr, et c’est toujours le cas, mais j'ai vu l'importance de l’école. Je leur ai bien dit qu'il fallait être bonnes à l’école, parce que sinon il y avait moins d’entraînement. Au niveau du foot, je leur dis de travailler et de ne jamais rien lâcher.
Quand vous avez grandi, c’était qui votre modèle ?
Moi chez les filles celle ce que j'aime bien, c'est Katoto et après chez les garçons c’est Mbappé. Ça reste mes modèles aujourd’hui.
Katoto aujourd'hui vous l'affrontez en championnat…
Ça c'est c'est une immense fierté. Quand je la vois, je suis un peu gênée. Je ne lui ai pas dit, mais j'ai eu son maillot par quelqu’un d’autre. Je n’ai pas osé lui demander d’échanger nos maillots, peut-être cette saison, on verra.
Si on regarde votre parcours, vous être rentrée très jeune au centre de formation du HAC, après vous avez fait un passage à l'INF Clairefontaine, puis vous êtes revenue au HAC. Comment jugez-vous votre parcours aujourd'hui, alors que vous venez de fêter vos 19 ans ?
C'est un parcours plutôt correct, j'ai pu progresser en passant à l’INF. Au début, c'était compliqué de partir vivre à Clairefontaine. Surtout faire les allers-retours, le week-end, c'était dur. Le dimanche, tu rentrais et tu te disais que tu n’allais plus voir tes parents de la semaine, c’était difficile, mais je m’y suis faite, je l’ai plutôt bien vécu. Entre l’INF et Le Havre, ça m'a fait grandir, j'ai pris ma maturité et aujourd'hui j'ai plus confiance en moi. Donc c'est plutôt un beau parcours.
"Aujourd'hui je n'ai plus besoin de prouver à mes amis"
Dans le portrait qui avait été fait de vous et de Melinda Mendy dans Made in Cavé, qui est sur la chaîne YouTube du club, vous parlez de l'importance d'avoir un double projet. C'est toujours votre cas aujourd’hui ?
Oui. Je suis en train de passer le bac en ce moment, vu que j’étais à l’Euro U19 cet été. Donc je n’ai pas encore des résultats. J'ai toujours envie de rester dans le domaine du foot mais précisément, je ne sais pas quoi faire. Mais je voudrais continuer mes études en parallèle du foot.
Vous sentez qu'il y a encore besoin aujourd'hui d'avoir ce double projet alors que le football féminin se professionnalise de plus en plus ?
Oui, on ne sait pas de quoi demain est fait. Je peux avoir une grosse blessure qui fait que je ne peux plus jouer au foot. Donc ça reste important. Et pour l’instant il n’y a pas encore d’énormes salaires dans le football féminin qui permettent d’être à l’abris ensuite.
Et vous disiez dans ce même portrait que vous aviez toujours besoin de "montrer" aux garçons de ton quartier que vous étiez "au-dessus d’eux". Aujourd'hui, vous avez toujours besoin de prouver ?
Aujourd'hui, non, je ne prouve plus. Enfin, je ne prouve même pas. Ils savent déjà. Quand je jouais avec les garçons, ils n’assumaient pas que j'étais au-dessus. Mais aujourd’hui ils l’assument. Je dois toujours prouver mais à mon entraîneur ou à d’autres. Mes amis, non, c'est bon.
Vous parliez de l'Équipe de France tout à l'heure. Vous avez déjà gagné un titre avec l'équipe de France lors de l'Euro U17. Et vous faites partie d'une génération 2006 qui est hyper talentueuse, aujourd’hui pas mal de celles qui étaient avec vous l'Euro U17 évoluent toujours en Première Ligue et elles sont toujours en équipe de jeunes chez les Bleues, votre rêve c'est d’être appelé chez les A avec elles plus tard ?
Oui, en plus on a une belle génération, donc pourquoi pas c'est un objectif aussi. Je suis en contact avec toutes, on a déjà discuté de ça. Surtout que tout le monde attend que les A remportent leur premier titre. Après, c’est aussi un objectif, c’est sûr qu'on aimerait se retrouver en A ensemble. D'abord, il faut travailler et on verra par la suite.
"J'aimerais aller dans le championnat anglais"
À quel point ce trophée en U17 a marqué votre carrière ?
Il a marqué ma carrière parce qu'en plus de ça, nous étions les premières à remporter ce titre, ce championnat d'Europe U17 féminin. Ça a été aussi une grande fierté. Et dans ma carrière, de me dire que j'ai quand même déjà gagné un championnat d'Europe U17, c'est bien. C’est un poids en moins mais je ne m’arrête pas sur ça, il faut aller en chercher d’autres.
Et là quand vous voyez vos prestations en début de saison, vous y pensez à l'équipe de France ?
Oui, mais il faut que je continue à marquer, que je continue à faire de bonnes performances et ça paiera.
Vous êtes jeune, vous avez 19 ans mais déjà un contrat avec le HAC jusqu’en 2027. Quels sont vos rêves en tant que joueuse, vos objectifs de carrière ?
Donner le meilleur de moi au Havre sur mes années de contrat et après pourquoi pas aller en Angleterre ou dans les meilleurs clubs. Le championnat anglais c’est là où j’aimerais aller. Mon rêve, c’est de remporter un trophée avec Le Havre, mon club comme formateur, mon club depuis toute petite.