Lorsque Régis Le Bris est nommé entraîneur de Sunderland en juin 2024, Kyril Louis-Dreyfus, fils de, et le reste du board des Black Cats n’affichent pas d’ambitions démesurées : Sunderland vient de terminer à une 16ᵉ place du Championship la saison précédente et souhaite surtout ne pas avoir à rejouer le maintien en deuxième division anglaise. Le pari reste audacieux : après une première saison très réussie à Lorient, Le Bris avait connu un deuxième exercice plus compliqué.
Mais outre-Manche, ce coach méconnu du football anglais ne tarde pas à convaincre : après une victoire inaugurale 2-0 face à Cardiff, le Breton empile les succès et termine 4e du championnat, ce qui permet à Sunderland d’accéder aux barrages et de faire son retour en Premier League après huit années d’absence dans l’élite. Le Bris est déjà porté aux nues par les observateurs de la D2 anglaise et termine son premier exercice à l’étranger avec le titre de meilleur entraîneur de Championship.
Des débuts de rêve en Premier League
Mais ce que ne savent pas les supporters de Sunderland qui lui dédient déjà une chanson, c’est que l’histoire sera encore plus belle… en Premier League. À peine promu dans l’élite, le club dépense près de 200 millions d’euros pour restructurer complètement son effectif et enregistre pas moins de 14 arrivées dans ses rangs, dont beaucoup ont un lien avec la Ligue 1. Parmi lesquelles Enzo Le Fée, prêté par l’AS Roma au club anglais lors de la saison 2024-25, Habib Diarra de Strasbourg ou Nordi Mukiele du Paris Saint-Germain.
Aucune star au menu mais un savant mélange entre jeunes promesses et vétérans comme Bertrand Traoré ou Granit Xhaka, devenu une véritable icône dans le nord-est de l’Angleterre. Mais lors de la première journée, ce sont bien les joueurs que Le Bris avait fait progresser la saison passée qui permettent à Sunderland de s’imposer 3-0 face à West Ham, avec des buts signés Eliezer Mayenda, Daniel Ballard et Wilson Isidor. Un succès net que salue Gary Neville : "Je suis souvent inquiet de voir les trois promus du Championship monter puis redescendre aussitôt (…) Mais en regardant Sunderland hier, il y a eu beaucoup de choses qui m’ont plu."
Et le consultant avait vu juste puisqu’après neuf journées de championnat, Sunderland est actuellement 7e de Premier League et sort même d’un succès de prestige 2-1 face à Chelsea. Avec 17 points récoltés lors des neuf premiers matches officiels de Premier League, Sunderland réalise le meilleur début de saison pour un promu depuis Hull City lors de la campagne 2008-09, selon les données d’Opta.
Un Stadium of Light imprenable
Le bilan est très positif : cinq victoires, deux défaites et deux matchs nuls. Formé à la rigueur du centre de formation lorientais, Le Bris a importé à Sunderland son approche méthodique et son goût du jeu collectif. Son équipe défend haut, presse avec justesse, et privilégie les transitions rapides plutôt qu’un jeu de possession stérile. Et n’encaisse que peu de buts, seulement 7 depuis le début de saison, deuxième meilleure défense d’Angleterre derrière Arsenal.
"On ne vient pas en Premier League pour admirer les autres", avait averti Régis Le Bris le 25 octobre dernier après la victoire face à Chelsea. De quoi réveiller la ferveur locale. Le Stadium of Light s’est transformé en forteresse et Sunderland est jusqu’ici invaincu à domicile (3 victoires, 1 nul). "Le public nous pousse à chaque minute. C’est une connexion incroyable", confiait récemment le capitaine Luke O’Nien. La ferveur du Nord-Est, souvent endormie ces dernières années, semble de retour.
Tout reste encore à confirmer
Mais le plus dur reste à venir pour les Black Cats, qui doivent désormais garder les pieds sur terre après un début de saison irréel, inattendu. Après la victoire arrachée grâce à un but de Chemsdine Talbi à la 93e minute face aux Blues, les supporters de Sunderland quittaient Stamford Bridge en chantant : "On va gagner le championnat !" Alors Régis Le Bris a dû jouer les rabats joie en conférence de presse : "Il faut garder la même exigence chaque jour. La Premier League ne pardonne pas la moindre relâche. Notre objectif reste le même : atteindre le plus vite possible la barre des 40 points. Bien démarrer est essentiel car cela crée de la confiance et de la conviction."
Face à Everton, un autre habituel candidat au maintien, la bande de jeunes du natif de Pont-l’Abbé devront prouver à leur entraîneur qu’ils ont plutôt écouté ses rappels à l’ordre que l’extase qui règne en tribunes. "La constance est probablement le mot clé. On peut être compétitif sur une courte période, mais sur l'ensemble du championnat, c'est totalement différent. Ce sera donc notre prochain défi." Message reçu ?