Samedi, les Mancuniens ont fait un pas de plus pour devenir le premier club anglais depuis Manchester United en 1999 à réaliser un triplé historique (Premier League, FA Cup et Ligue des champions) en battant délicieusement leur grand rival 2-1 à Wembley.

Les buts du milieu de terrain Ilkay Gündogan ont permis de remporter la FA Cup. Pourtant, l'impressionnant doublé de l'Allemand a été éclipsé par la prestation exceptionnelle de son coéquipier, John Stones. L'international anglais a une fois de plus été le rouage essentiel de la performance dominante de City en jouant à merveille son rôle de défenseur/milieu de terrain, toujours aussi fluide et impressionnant.

Durant ses huit années passées à la tête des Citizens, Guardiola n'a cessé de faire évoluer son équipe. L'une des évolutions les plus évidentes de ces dernières saisons est la transformation de son 4-3-3 habituel en une formation plus proche d'un 3-2-4-1 avec ballon. L'avantage est qu'il ajoute théoriquement un milieu de terrain supplémentaire dans l'axe du terrain, créant souvent une supériorité numérique, ce qui est un énorme bénéfice.

Auparavant, Guardiola procédait en déplaçant un défenseur latéral vers l'intérieur du terrain. Au début, il utilisait principalement Oleksandr Zinchenko ou Joao Cancelo, qui s'inversaient généralement pour occuper des positions plus axiales.

Ces deux joueurs sont partis depuis, mais le premier joue aujourd'hui un rôle semblable à Arsenal sous la houlette de Mikel Arteta. Jürgen Klopp l'a imité avec succès avec Trent Alexander-Arnold dans un rôle hybride de latéral inversé – comme nous l'avons récemment expliqué ici à Flashscore.

Malgré le départ de ces profils bien adaptés, Guardiola a continué longtemps à déployer ce même système grâce à Rico Lewis, diplômé de l'Académie de City, comme défenseur latéral inversé. L'adolescent a bien rempli son rôle, mais, peut-être parce que d'autres équipes ont reproduit cette structure, Guardiola a choisi de s'éloigner de cette approche durant les derniers mois.

On voit aujourd'hui Man City commencer les matches sans défenseur latéral, mais avec trois, voire quatre, défenseurs centraux. Parmi ces défenseurs, c'est désormais Stones qui est autorisé à sortir de la ligne de défense et à fournir à l'équipe un joueur supplémentaire dans la phase de préparation. Les trois défenseurs restants, quant à eux, s'efforceront de former une solide charnière centrale.

C'est une approche qui s'est avérée, non seulement très efficace pour City, mais également une approche que les rivaux peineront à reproduire en raison des capacités uniques de Stones. Guardiola a qualifié l'international anglais de "joueur incroyable" après le succès de samedi en FA Cup, et il a raison, car il est difficile de penser à un autre défenseur central qui possède son sang-froid et son habileté en possession du ballon.

En Premier League cette saison, aucun joueur de City n'a pu faire mieux que son taux de réussite de 93 %. En outre, Opta estime que le défenseur n'a manqué le ballon qu'à huit reprises cette saison, et qu'il n'a été dépossédé du ballon qu'à quatre reprises. 

En raison de son talent balle au pied, Stones a posé de gros problèmes à ses adversaires en s'extirpant de la défense. Ces derniers ne peuvent pas se permettre de lui laisser le ballon, mais à force d'essayer de le fermer, les dangereux milieux offensifs de City s'épanouissent en occupant les espaces qui s'ouvrent avec les structures défensives qui s'effilochent devant eux.

Gündogan en est un bon exemple : avec son doublé samedi, il a contribué à 8 buts lors de ses 6 dernières apparitions (6 buts, 2 passes décisives), alors qu'il n'a jamais reçu autant de passes en Premier League (2074) ou de passes progressives (163) depuis le début de la saison.

Ce n'est pas seulement avec le ballon que le nouveau rôle de Stones a eu un impact extrêmement positif sur City, mais également sans le ballon. L'équipe de Guardiola a tendance à faire avancer de nombreux joueurs en attaque, ce qui peut la rendre vulnérable aux contre-attaques, comme cela a été le cas les saisons précédentes.

Les années précédentes, lorsque le ballon était retourné, le latéral inversé de City avait plus de terrain à couvrir en se repliant dans sa position naturelle, plus large. Aujourd'hui, Stones effectue des déplacements verticaux plus courts pour se replacer en position centrale, ce qui permet de transformer rapidement le trio défensif en un solide quatuor.

Pour s'en convaincre, il suffit d'observer l'évolution de la capacité de l'adversaire à progresser sur le terrain cette saison. Lors de la saison dernière, les adversaires progressaient en moyenne de 10,9 mètres par séquence de possession. Cette saison, ce chiffre est tombé à 9,8, soit le plus bas de la Premier League.

Il y aura tant de choses à admirer et à analyser dans cette équipe de City si elle scelle un remarquable triplé en remportant la finale de la Ligue des champions contre l'Inter samedi. Toutefois, en y réfléchissant, le rôle de John Stones devrait être considéré comme l'un des facteurs les plus influents dans la réalisation de ce triplé.