Une décennie plus tard, les choses semblent un peu différentes pour le défenseur de 30 ans, agent libre depuis qu'il a quitté Rotherham en juillet de l'année dernière, suite à la relégation du club en Championship.
"Comment je me suis senti ? Bien", explique Blackett à Flashscore. "C'est quelque chose que je n'avais jamais eu à gérer dans ma carrière auparavant. Certains jours sont meilleurs que d'autres. Mais je me contente d'aller de l'avant, de rester en forme et de m'entraîner. Je me tiens au courant et je fais ce que je peux pour être prêt lorsque l'occasion se présentera. Il s'agit maintenant d'attendre le bon profil. Il y a eu de l'intérêt à différents moments, mais ce n'était pas vraiment le bon pour moi".
Gagner la confiance de Van Gaal
Blackett a rejoint United à l'âge de huit ans et a pu compter sur une pléthore de défenseurs légendaires à Old Trafford, tels que Rio Ferdinand et Nemanja Vidic.
Ce duo de choc a remporté neuf titres majeurs ensemble, dont cinq en Premier League, mais leurs départs ont ouvert la voie à l'ascension de Blackett.
Son rôle a été facilité par le sévère entraîneur Van Gaal, qui l'a beaucoup soutenu et mis en confiance après sa promotion en équipe première.
"Il était strict dans son approche", a déclaré Blackett à propos du style du Néerlandais. "Il était direct, il disait ce qu'il voulait et comment il voulait que les choses se passent. Les grandes lignes étaient claires et il n'y avait pas de confusion à ce sujet. Si vous faisiez ce qu'il demandait, il était content et si vous ne le faisiez pas, il vous le faisait savoir".
"Il a été formidable avec moi. Il avait manifestement confiance dans les jeunes joueurs et il vous donnait cette confiance en vous donnant les grandes lignes et en vous expliquant ce qu'il attendait de vous. C'est sur cela qu'il fallait se concentrer, et cela m'a aidé à l'époque. C'est un manager qui m'a donné une opportunité et je l'ai toujours félicité et remercié pour cela".
Blackett n'a disputé que 11 matches avec United avant de partir définitivement pour Reading en 2016, et ses passages dans les deux clubs lui ont permis de découvrir de grands talents.
"J'ai joué avec de très grands noms. Pour moi, Paul Pogba (était le plus grand talent). Il est évident qu'il a traversé une période difficile récemment, mais je suis sûr que lorsqu'il reviendra, il retrouvera le niveau qui est le sien. Il est vraiment remarquable. Michael Olise aussi, qui est maintenant au Bayern", a-t-il ajouté. "Je pense que ces deux-là sont probablement les meilleurs joueurs que j'ai vus régulièrement au plus haut niveau".
Il ne serait pas non plus normal de ne pas évoquer le recordman de buts Wayne Rooney, qui mettait un terme à ses 13 ans de présence au club à l'époque de Blackett.
Pour Blackett, la légende anglaise a établi la norme en tant que capitaine et lui a donné, ainsi qu'à d'autres jeunes joueurs, une voie professionnelle à suivre.
"Wayne était l'un de ces leaders dont je dirais qu'il donnait l'exemple sur le terrain. La façon dont il s'entraînait et jouait, il fixait toujours des normes élevées", se souvient Blackett. "Ce n'était pas nécessairement ce qu'il disait, mais la façon dont il abordait l'entraînement et les matches. Si vous voyez votre capitaine Wayne Rooney s'entraîner comme il se doit et jouer avec intensité et agressivité, c'est quelque chose que vous admirez et que vous suivez".
Les malheurs de Manchester United
La fin du séjour de Rooney à Manchester United a été marquée par les fluctuations du championnat et la rotation des entraîneurs, comme c'est le cas depuis le départ du grand Sir Alex Ferguson en 2013.
C'est le cas cette saison, avec un club qui se traîne à la 13e place et un deuxième entraîneur de la saison, Ruben Amorim, à la place d'Erik ten Hag.
Fan de Manchester United depuis son enfance, Blackett dit que les signes étaient évidents depuis qu'il était au club, mais il pense que les marques d'amélioration sous Amorim sont là, et qu'il a besoin de temps pour livrer la marchandise.
"C'est un combat. Ce sera un combat. C'était déjà le cas il y a quelques années avec Van Gaal. Tout le monde pense que les choses se mettent en place, mais ce n'est pas le cas. Il faut du temps, un certain niveau d'exigence et de cohérence entre les joueurs et le staff. Malgré les récents résultats, j'apprécie le nouveau manager. J'aime sa façon d'aborder les choses et de se présenter. Il a dit dès son arrivée qu'il faudrait du temps. Je pense que c'est littéralement le cas.
"Comme beaucoup de choses dans la vie, les choses empirent parfois avant de s'améliorer et je pense que c'est le stade où ils en sont actuellement. Mais c'est là qu'il faut endurer, il faut passer par là parce que je pense que s'ils restent avec lui, je pense qu'ils pourront voir les changements dans la façon de jouer et les normes qu'il essaie de mettre en place au club. Je pense qu'on le voit par petites touches. Il y a eu certains matches, comme ceux contre Liverpool et Arsenal en particulier, où l'on voit qu'il y a quelque chose. Mais comme je l'ai dit, c'est la régularité qui fait défaut en ce moment".
La foi dans le renouveau de Rashford
Marcus Rashford, qui, à 27 ans, devrait être la figure de proue du club et l'attaquant de référence d'Amorim, est l'un des joueurs de l'équipe qui a le plus de mal à s'en sortir.
Pourtant, les choses ne peuvent pas être plus difficiles pour lui, avec des problèmes sur et en dehors du terrain, y compris de grosses baisses de forme au cours des dernières saisons, au point que les spéculations sur un départ sont nombreuses.
"Il est vrai que Marcus avait quelques années de moins que moi lors de notre passage (à United) et nous n'avons donc jamais joué ensemble. J'ai toujours été conscient de son talent et j'en ai vu des bouts dans les catégories d'âge inférieures. Il y a quelques saisons, il a été capable de montrer son vrai potentiel et son niveau. Je n'ai jamais été surpris de le voir arriver là où il est arrivé".
"Quand il a la tête dans les nuages et qu'il atteint le niveau dont nous savons tous qu'il est capable, il reste l'un des meilleurs joueurs de l'équipe, si ce n'est le meilleur joueur de l'équipe. Mais cela dépend toujours du joueur, de l'état d'esprit dans lequel il se trouve, de la façon dont il se perçoit. Il doit le savoir par lui-même - comme cela a été largement annoncé - s'il veut relever ce nouveau défi, qui pourrait se trouver ailleurs. Bonne chance à lui. Cela dépend toujours du joueur et de ce qui est bon pour lui. Mais personnellement, je pense qu'il a encore beaucoup à offrir à United ou à n'importe quelle équipe où il ira".
Ne jamais dire jamais pour Forest
Si le club de Blackett, United, reste dans les limbes, on peut dire le contraire d'un autre de ses anciens clubs, Nottingham Forest, qui est sans doute l'histoire de la saison jusqu'à présent.
Forest est troisième de la Premier League avec 44 points, à six longueurs du leader Liverpool et à égalité avec Arsenal à la différence de buts.
Blackett, qui a passé une saison au City Ground, attribue ce succès de mi-saison à une nouvelle constance.
"Encore une fois, ce mot de constance. D'habitude, on voit Forest changer beaucoup de joueurs - des joueurs qui entrent et sortent. Il y a quelques années, c'était le cas. L'été dernier, je ne crois pas qu'il y ait eu autant de changements. Ils ont réussi à garder les mêmes joueurs et je pense que le coach qui est arrivé est celui qui convient le mieux à ces joueurs".
"Les choses s'harmonisent et qu'ils sont arrivés à un stade où ils se comprennent tous et savent de quoi ils sont capables les uns les autres. Ils sont convaincus qu'ils peuvent faire quelque chose, alors quand vous ajoutez tout cela ensemble, vous obtenez toujours une bonne adéquation".
Interrogé sur la possibilité de reproduire un "miracle" à la Leicester, Blackett a répondu par la négative : "J'ai entendu cette idée. Il ne faut jamais dire jamais dans le sport, n'est-ce pas ? Il y a toujours une opportunité pour une équipe de faire quelque chose d'inattendu. Je ne l'exclurais pas, mais je pense qu'il y a d'autres équipes qui peuvent être plus fortes et qui peuvent faire un bon parcours à la fin. J'espère qu'ils finiront le plus haut possible et qu'ils resteront là-haut".
La MLS sur la voie du succès
Son départ de Forest en tant qu'agent libre en 2021 a ouvert la perspective de nouvelles opportunités pour Blackett, qu'il a saisies en rejoignant le FC Cincinnati en Major League Soccer.
Il a ainsi retrouvé Jaap Stam, le défenseur triplement vainqueur de Manchester United, qui était son entraîneur à Reading.
"C'est différent, mais le plus grand défi pour moi a été le niveau des joueurs. Il y a beaucoup de joueurs sud-américains en MLS et ils ont de grandes capacités techniques. Je dirais que le niveau est meilleur que celui du championnat d'Angleterre - pas de la Premier League - en termes de qualité des joueurs. Il y a plus de joueurs qui peuvent faire quelque chose et qui ont un bon niveau de capacité pour faire des passes, faire un geste technique ou changer le cours du jeu".
La MLS devient une destination de plus en plus prisée par certains des plus grands noms du football mondial, dont Lionel Messi, qui est à la pointe de la croissance du championnat.
La superstar argentine a franchi le pas et s'est installée aux États-Unis en juillet 2023 pour rejoindre l'Inter Miami de David Beckham, où il joue aux côtés de Luis Suarez, Sergio Busquets et Jordi Alba, autres icônes du FC Barcelone.
La MLS tente de rivaliser avec les salaires colossaux affichés en Arabie saoudite, où évoluent les rivaux de longue date de Messi, Cristiano Ronaldo et Karim Benzema, pour n'en citer que quelques-uns.
Blackett estime que l'influence de Messi en MLS contribuera grandement à améliorer le niveau de qualité de la division à l'avenir.
"Les yeux sont désormais rivés sur le championnat parce que Messi est là. Il attire l'attention et plus de gens sont attirés par le championnat pour regarder les matches et voir comment il se débrouille et comment les matches sont joués là-bas. Grâce à sa présence, je pense que les joueurs de l'équipe de Miami et ceux qu'il rencontrera voudront tous l'imiter. Ils voudront tous faire ce qu'il fait, ce qui élève le niveau. Je pense que c'est une excellente chose pour la MLS et je pense qu'ils ont de la chance de l'avoir".