À seulement 21 ans, l'attaquant colombien Jhon Duran s'est déjà fait un nom dans le football mondial.
Malheureusement pour lui, cela tient autant à son attitude et à son comportement vis-à-vis de ses coéquipiers et de l'encadrement qu'à ses qualités enviables.
31 buts en 100 matches, une performance proche de l'élite
En 100 matches disputés depuis qu'il a signé au Chicago Fire, avant de rejoindre Aston Villa puis Al Nassr, Duran a inscrit 31 buts.
À raison d'un peu plus d'un but tous les trois matches, le jeune homme est proche de l'élite, mais ce qui rend sa performance encore plus impressionnante, c'est qu'il n'a débuté que 37 de ces matches. Ses 12 buts pour Villa ont été inscrits en 1 086 minutes cumulées - soit 12 matches au total si l'on divise ces minutes par 90 - ce qui donne un ratio sensationnel d'un but par match, tandis que huit pour Al Nassr en 1 093 minutes restent un rendement assez satisfaisant.
N'ayant passé que moins de six mois chez les géants saoudiens avec Cristiano Ronaldo, il semble que les lois locales et le désir de retourner en Europe aient conduit le joueur à être prêté au géant turc Fenerbahce, désormais entraîné par José Mourinho.
S'il y a un entraîneur capable de canaliser le tempérament explosif de Duran, c'est bien le "Special One". Un entraîneur qui a eu affaire à certains des plus gros egos du football et qui parait toujours en sortir vainqueur.
18 cartons jaunes et trois cartons rouges en 100 matches témoignent d'un joueur qui a un problème avec l'autorité ou qui n'est pas capable de maîtriser ses émotions dans le feu de l'action.
Le Chicago Fire attendait beaucoup
"Lorsque nous avons repéré Jhon à l'âge de 16 ans, nous savions qu'il avait le potentiel pour devenir l'un des meilleurs jeunes attaquants du monde", a déclaré Georg Heitz, le directeur sportif du Chicago Fire. "Le développement rapide de Jhon témoigne de son travail acharné et de l'investissement de notre équipe d'entraîneurs et de nombreuses personnes au sein du club. En outre, ce transfert est un autre exemple des avantages de l'initiative MLS U-22, qui a été un facteur clé dans notre capacité à signer Jhon il y a deux ans."
Duran était devenu le plus jeune joueur de l'histoire de la MLS à remporter le Soulier d'or, ses huit buts en 1 363 minutes montrant une fois de plus que le joueur savait où se trouvait le but. Aujourd'hui, on ne peut s'empêcher de penser que le jeune homme de 21 ans n'a pas encore tenu ses promesses, malgré ses exploits de buteur jusqu'à présent.
Un but contre le Bayern Munich salué dans le monde entier
Il suffit de se rappeler le but épique inscrit contre le Bayern Munich en Ligue des champions pour comprendre à quel point le football est naturel pour Duran. Mais s'il se rapproche déjà de la dernière chance, c'est justement parce que sa réputation de joueur provocateur et querelleur le précède – et que le bagage qu'il apporte n'intéresse visiblement pas certains clubs.
Il convient de souligner que sa précision de tir se maintient à 60% et que 78 tirs cadrés en 100 matches, c'est impressionnant. S'il n'est pas forcément réputé pour ses qualités de passeur, sa réussite n'est jamais descendue en dessous de 70%, et son rendement dans ce domaine a atteint 76,6% – son deuxième meilleur score – lors de son passage à Al Nassr.
Un redoutable tacleur
L'un des aspects pour lesquels il n'est pas crédité est celui de ses tacles redoutables. N'en avoir perdu que neuf sur 43 tentés est un rendement sensationnel, et s'il parvenait à canaliser son agressivité évidente dans cet aspect de son jeu, il deviendrait sans doute un meilleur joueur dans son ensemble.
En 100 matches, Duran a concédé 98 fautes, ce qui est beaucoup trop pour un attaquant, surtout s'il n'a débuté qu'un peu plus d'un tiers de ces matches. Et puis, il y a les conflits avec ses différents entraîneurs.
Duran lui-même a admis qu'à l'époque où il jouait à Villa, il y avait des moments compliqués : "Nous avons eu beaucoup de problèmes... Nous nous disputions constamment, mais je pense que c'est normal pour un homme de mon âge et une personne comme Unai Emery qui sait déjà beaucoup de choses."
Avec un xG de 4,86 en 2024/25 alors qu'il jouait à Villa, qui est passé à 6,13 en Arabie saoudite, le talent est manifestement là, mais il continuera d'être éclipsé par les autres aspects de son jeu jusqu'à ce qu'il change de voie.
Pour un joueur aussi doué, ce serait un gâchis de le voir suivre le chemin tracé par tant d'autres joueurs au fil des ans, qui semblaient avoir tout ce qu'il fallait, mais qui n'ont pas su tirer parti de ce don. La balle est dans son camp...
