Jeudi soir était un soir de première pour lui. Pour la première fois depuis son arrivée à l’Olympique Lyonnais en août 2023, Ernest Nuamah marquait deux fois en deux matchs. Mieux encore : depuis l’arrivée de Paulo Fonseca sur le banc rhodanien, l’international ghanéen (16 sélections, 3 buts) a marqué quatre buts et délivré une passe décisive. Soit déjà plus de buts que lors de toute sa saison 2023-24. Face au FSCB, il a aussi inscrit son premier doublé sous le maillot lyonnais. Au tableau des bons points il est le Lyonnais ayant tenté le plus de tirs (7), cadré le plus de fois (4) et le seul ayant réussi 100% de ses dribbles (4/4).
"Tous les joueurs ont fait un bon match, mais c’est vrai que Georges Mikautadze et Nuamah ont été décisifs. Tout le monde respecte l’identité de jeu et cela créé forcément des relations comme celle que l’on peut voir naître entre Ernest et Rayan", a salué Fonseca en conférence de presse après la large victoire 4-0 face à l’actuel leader du championnat roumain. Une belle progression pour celui qui était encore qualifié de « poulet sans tête » par les supporters lyonnais il y a quelques semaines.
Le roi Georges, le prince Ernest
Le Ghanéen profite de la force de frappe nouvelle de l’OL, devenue une équipe qui marque beaucoup, avec une moyenne d’au moins deux buts inscrits par match depuis l’arrivée de Fonseca (23 buts en 8 matchs). Avant ça, Nuamah n’avait marqué qu’un but et délivré aucune passe décisive en 14 matchs disputés. "Je suis plus confiant au sein de l’équipe même si je suis conscient que je peux faire plus, expliquait-il avant Montpellier-Lyon mi-février, avant de signer l’une de ses meilleures performances sous le maillot lyonnais. Je veux apporter plus à mon équipe. Les bons résultats changent l’atmosphère."
Au rayon des clés de ce renouveau, Ernest Nuamah cite aussi son lien particulier avec Georges Mikautadze, plus prolifique mais aussi plus régulièrement préféré à Alexandre Lacazette depuis l’arrivée de Fonseca : "Avec Georges, on a une très bonne relation sur le terrain et en dehors car c’est aussi un ami. On joue ensemble, on a une confiance mutuelle, c’est très bon pour l’esprit d’équipe." D’ailleurs, 100% de ses quatre derniers buts ont été inscrits en présence de son ami Georges sur le terrain, entré comme lui en cours de jeu face à Nice ou titulariser à ses côtés face à Montpellier ou Bucarest.
Le mercato comme rengaine
Pourtant Ernest Nuamah a longtemps fait partie des premiers noms cochés par John Textor lorsqu’il s’agissait de se débarrasser d’un joueur au mercato, dans un contexte où l’OL doit renflouer ses caisses pour éviter de lourdes sanctions de la DNCG. À l’été 2024, l’attaquant de 21 ans est mis dans un avion direction Londres et sa banlieue de Fulham, où il passe et réussit sa visite médicale avant de disparaître, en pleurs, refusant de quitter Lyon, ville dans laquelle il venait tout juste d’acheter une maison.
Transféré contre 28 millions d’euros en provenance de Molenbeek l’été dernier, après un montage financier l’ayant vu rejoindre le club belge appartenant à John Textor en 2023 pour être ensuite prêté à l’OL, l’ancien de Nordsjaelland est l’un des jeunes de l’effectif lyonnais ayant la plus forte valeur marchande. C’est donc sur lui encore que le boss américain mise pour combler les trous du budget cet hiver, après lui avoir pourtant envoyé une lettre d’excuse six mois plus tôt pour le transfert avorté à Fulham. Cette fois c’est vers Everton que Lyon l’envoie, mais la transaction échoue à quelques journées de la fin du mercato en raison de l’échec de l’arrivée de Luiz Henrique chez les Gones, qui est transféré par Botafogo, autre club de Textor, au Zénith en Russie.
Un contexte pas facile à encaisser pour un jeune de 21 ans, qui voit son nom faire les gros titres des rubriques mercato tous les six mois. Preuve en est : le natif de Kumasi n’a retrouvé de sa superbe qu’une fois sa situation réglée, enchaînant les entrées très moyennes avant de marquer le but du 1-1 face à Nantes le 26 janvier, après s’être vu confirmer le 22 janvier par Pierre Sage qu’il resterait au club. Sous ses yeux aussi, Nuamah a vu Textor vanter, selon RMC, le fait qu’un club appelait pour "acheter Nuamah". "Mais il n’est pas à vendre ! Ernest, tu restes !", aurait rigolé le président lyonnais dans le vestiaire, tentant de racheter la confiance d’un joueur qu’il a fait pleurer quelques mois plus tôt. Un discours payant, au moins pour l’instant.