Il était un dieu à Lyon, il l’aura été tout autant à Séville : Nabil Fekir est incontestablement celui qui relie le plus les deux entités qui s’affrontent ce jeudi dans le cadre de la 4ᵉ journée de Ligue Europa. Parti en août 2024 pour les Émirats arabes unis, le numéro 10 lyonnais et bético ne vivra pas ces retrouvailles qui auraient pourtant fait très plaisir aux supporters des Gones. Mais les deux clubs, Betis et OL, ont bien plus que ce transfert de crack en commun.
Encore aujourd’hui, Lyon évolue avec un ancien joueur du Betis dans ses rangs, Abner Vinicius, transféré depuis le club sévillan contre 8 millions d’euros à l’été 2024. L’année précédente, c’est Paul Akouokou qui avait fait le chemin dans le même sens, signant sur le gong d’un mercato très agité côté lyonnais, devenant le milieu de terrain défensif que réclamait alors Laurent Blanc. À l’époque même, l’OL visait un autre pensionnaire andalou en la personne de Guido Rodriguez, qui avait été séduit par le projet de Textor avant d’annuler sa venue en raison de la grossesse de sa femme.
Une situation financière tendue mais des idées
Betis et Lyon partageaient alors une même situation : celle de l’urgence. Pour l’OL celle de recruter à bas coût avec la menace de la DNCG, pour le Betis celle de libérer de la masse salariale et de récupérer des deniers pour entrer dans les clous du FairPlay financier très strict de LaLiga. Deux ans plus tard la situation n’a pas vraiment évolué et Lyon recrute intelligemment pour faire face à des difficultés économiques, quand les Sévillans sont obligés de se séparer chaque été de leurs meilleurs éléments pour être à l’équilibre.
Et cette situation commune a aussi fait que l’OL a plusieurs fois ciblé les mêmes joueurs que le Betis, comme lors du recrutement de Diego Lainez en janvier 2019. Celui qui était alors présenté comme un crack aurait d’abord signé un accord avec le club lyonnais, avant de préférer l’Andalousie, où il n’a jamais vraiment été à la hauteur des attentes. En cinq ans, Lyon a énormément changé, passant de Jean-Michel Aulas à John Textor puis à Michele Kang, mais les deux clubs visent aujourd’hui aussi les mêmes places dans leur championnat respectif : celles qui mènent à la Ligue Europa, étant encore trop justes pour viser plus haut.
Le Betis s’est au fil des années installé dans ce haut de tableau espagnol, sans réussir à bousculer l’habituel trio de tête - Real Madrid, FC Barcelone et Atlético de Madrid - mais en proposant toujours du beau jeu, avec Manuel Pellegrini à sa tête, et en sortant régulièrement des jeunes talentueux rapidement vendus à l’étranger. Une stabilité qui n’est pas autant de mise sur les bords du Rhône mais qui devrait y venir avec la volonté de Kang de travailler sur du long terme.
Une vidéo de 2022 comme preuve ultime ?
Un autre point commun entre les deux : le stade. Et si le Groupama Stadium est placé très loin du centre-ville lyonnais, contrairement à celui du Betis, les deux écrins ont vécu ou vont vivre un coup de neuf. Le Real Betis est actuellement exilé à l’Estadio de la Cartuja, qui sert de stade national à la Roja, dans l’attente de la livraison du Benito Villamarin, actuellement en rénovation jusqu’à la fin de la saison 2026-27. Ce qui pourrait lui permettre de figurer parmi les stades retenus pour le Mondial 2030 qu’accueillera l’Espagne avec le Portugal et le Maroc.
Au rayon des similitudes entre ces deux prétendants à l’Europe qui croiseront le fer ce jeudi, on trouve aussi cette vidéo cocasse, qui date de 2022, où les jeunes joueuses de l’OL reprennent en cœur un chant des Alevin D du Betis lors d’un tournoi en Bretagne. Un moment de "fraternité" souligne le club, qui outre ses relations cordiales entre cellules de recrutement, n’a jamais communiqué d’une quelconque amitié entre les deux parties.
Le seul vrai lien d’amour qui existe entre les deux clubs est celui que chacun conserve précieusement avec Nabil Fekir, enfant de Lyon devenu icône des Beticos. Le numéro 10 a passé 8 ans à l’OL, contre seulement 5 au Betis mais a marqué de la même façon la mémoire des supporters des deux clubs. Au point que certains ultras andalous se sont fait tatouer son visage. Si les Bad Gones et le Gol Sur 1907 n’ont officiellement aucune amitié en commun, nul ne doute qu’ils uniront leurs voix jeudi pour chanter à la gloire d’une patte gauche magnifique.
