Double passeur décisif lors de la victoire de l’OL 2-0 face au Red Bull Salzbourg en Ligue Europa, Adam Karabec s’est déjà fait une place de choix dans le coeur des supporters des Gones, tombés amoureux de ses centres soyeux.
Officiellement gaucher, Adam Karabec a délivré deux centres merveilleux pour permettre à Lyon d’enchaîner en Ligue Europa : un d’abord du pied droit, tendu, pour trouver Martin Satriano au second poteau après une boulette du gardien Alexander Schlager, puis un pied gauche, repris lui d’une très belle tête de Ruben Kluivert qui s’élève plus haut que tout le monde devant le but. "Dès que j’ai vu Adam faire une bonne interception, je savais qu’il allait me mettre un ballon extraordinaire derrière", résume Satriano en zone mixte à la fin de la rencontre.
Cette exhibition au Groupama Stadium n’était pas sans rappeler une première remarquée le 23 août dernier face au FC Metz, où le Tchèque avait inscrit le but du 3-0 en reprenant une tête repoussée une première fois par le gardien lorrain dans ses pieds. Buteur opportuniste, Karabec s’est donc révélé en passeur fou, lui qui aurait même pu valider deux autres caviars supplémentaires si Nicolas Tagliafico et Corentin Tolisso s’étaient montrés plus agiles devant le but. Entre temps, le numéro 7 lyonnais a aussi signé deux petits ponts remarqués le long de la ligne de touche.
Un "poète du football"
Un geste que les supporters lyonnais devraient sans doute revoir cette saison, Adam Karabec ayant grandi en admirant Neymar. "Je pense être un joueur technique, expliquait-il lors de sa première interview pour l’OL. J’essaie de faire des choses différentes, des choses spéciales que les gens n’attendent pas et qui apportent de la joie." Comme lorsqu’il avait signé une passe derrière sa jambe d’appui pour Khalis Merah dimanche dernier face à Lille, qui a depuis fait le tour des réseaux sociaux de Ligue 1+.
"Adam Karabec n'est pas un footballeur tchèque typique, décrit Štěpán Šimůnek, journaliste tchèque pour livesport.cz. Pour une raison quelconque, nous préférons former des athlètes et des coureurs ici, mais Karabec est plutôt un ‘poète du football’ qui aime la liberté sur le terrain." Cet amour du beau jeu l’a même poussé à filer en prêt du côté de Hambourg la saison passée, alors qu’il n’avait pas vraiment sa place dans un championnat tchèque très demandeur physiquement.
"Karabec n'aime pas défendre, assure Šimůnek. Mais dans le championnat tchèque, tous les joueurs doivent être polyvalents et donc aussi défendre. Il n'a pas eu beaucoup de temps de jeu au Sparta parce qu'il n'aimait pas aider en défense. Il a un grand potentiel, mais il a besoin de jouer dans une équipe où il peut mettre en valeur ses points forts, notamment en bénéficiant d'une ‘liberté’ dans la zone offensive."
Un talent très attendu en Tchéquie
Pourtant Karabec a gouté à l’équipe première du Sparta Prague, son club formateur, dès ses 16 ans. Comme Adam Hložek avant lui. Et il avait même été désigné talent tchèque de l’année en 2022 par la fédération tchèque. Mais il a attendu son 22e anniversaire pour enfin goûter à la sélection nationale tchèque, ayant disputé ses premières minutes avec la Nároďák en septembre dernier à l’occasion d’un match amical contre l’Arabie saoudite. Avant d’être à nouveau convoqué pour ce rassemblement de novembre.

"Dans les équipes jeunes du Sparta, lui et Adam Hložek, qui joue aujourd'hui pour Hoffenheim, étaient considérés comme les plus grands talents du football tchèque, retrace Šimůnek. Mais Hložek a intégré plus rapidement l'équipe première, en partie parce qu'il est meilleur en défense, tandis que Karabec a mis plus de temps et ne s'est jamais vraiment imposé dans l'équipe première du Sparta. En Tchéquie, Karabec a toujours été considéré comme un joueur très talentueux, mais qui devait jouer à l'étranger, où on ne lui imposerait pas de défendre."
Chouchou du HSV
Conscient du problème, le Sparta avait décidé de le prêter à Hambourg, en Bundesliga 2, la saison passée, où le jeune d’alors 21 ans avait cumulé trois buts et sept passes décisives en 31 matchs. Suffisamment de temps pour devenir l’un des chouchous du public local. "On s'est rapidement rendu compte qu'il avait des qualités vraiment exceptionnelles, mais il n'a pas réussi à les exploiter sur le terrain pendant toute la saison, se souvient Henri Briese, journaliste pour Flashscore Allemagne et suiveur du HSV. Quand il était dans un bon jour, il était capable de changer le cours d'un match à lui tout seul."
Pas assez tout de même pour motiver les dirigeants du club fraîchement promu dans l’élite allemande à débourser les 4 millions d’euros attendus par le Sparta Prague pour libérer sa pépite. "Tous les supporters auraient été ravis qu’il reste et s’attendaient à ce qu’il exploite son potentiel de la façon dont il le fait aujourd’hui à Lyon, se rappelle Henri Briese. C’était l'un des joueurs les plus populaires du HSV et, il était également très proche des fans lorsque vous alliez aux entraînements et il aimait être avec toute l'équipe. Il s’était très vite lié d'amitié avec les autres joueurs de l’équipe."
Le journaliste allemand l’assure, les supporters hambourgeois suivent encore aujourd’hui les performances de celui qu’ils ont vu éclore la saison passée. Tout comme les Tchèques, qui avaient déjà goûté aux joies de la Ligue 1 avec Jaroslav Plašil, dont le dernier match dans l’élite française remonte à il y a six ans. "La Ligue 1 est beaucoup plus attrayante pour les supporters depuis les arrivées de Karabec et Šulc", estime Šimůnek. Cette éclosion de Karabec lui donne aussi d’autres sources de satisfaction : "J'espère qu'il réussira à Lyon et qu'il y restera pour prouver que non seulement des athlètes, mais aussi de vrais footballeurs peuvent grandir en Tchéquie." Il a encore quelques mois pour définitivement faire oublier Ernest Nuamah, opéré d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche en avril.