Le premier a attendu d'avoir 34 ans bien tassés pour fêter sa première titularisation avec la Mannschaft. C'était l'automne dernier. Le second est un phénomène de précocité qui a connu le bonheur d'une première sélection avec la Nazionale dès l'âge de 17 ans, en 2016.
Baumann, l'éloge de la patience
Au moment de l'annonce de la retraite internationale de Manuel Neuer, fin août 2024, son successeur logique dans les buts de la Mannschaft était Marc-André ter Stegen, qui avait patiemment attendu son heure en doublure éternelle du gardien du Bayern Munich.
Mais à peine un mois après l'annonce de Neuer, le portier du FC Barcelone s'est grièvement blessé avec son club, à la réception d'une sortie aérienne. Bilan : lésion du tendon rotulien de la jambe droite, avec une opération dans la foulée, synonyme de saison blanche.
Julian Nagelsmann a alors profité des fenêtres internationales d'octobre et novembre pour offrir du temps de jeu à Oliver Baumann et Alexander Nübel, avant d'acter il y a une semaine la hiérarchie entre ses deux gardiens et de choisir comme numéro un Baumann, une "décision au millimètre" selon le Bavarois.
En quart de finale aller, jeudi à Milan, le gardien d'Hoffenheim au physique puissant (1,87 m, 80 kg) a donné raison à son sélectionneur, en réalisant plusieurs parades décisives qui ont permis à l'Allemagne de rentrer d'Italie avec la victoire (2-1) et de faire un grand pas vers le dernier carré.
"On a l'impression avec Oli qu'il a déjà tout vécu dans sa carrière. En ressenti, il a disputé son 100e match avec l'Allemagne", a exagéré le capitaine de la Mannschaft Joshua Kimmich - Baumann fêtait sa 3ᵉ cape -, alors que le directeur sportif Rudi Völler a évoqué "le titan de Milan" après la première victoire allemande en terre italienne contre la Nazionale depuis 1986.
Il est le troisième Allemand le plus âgé à avoir honoré sa première sélection, à 34 ans et 4 mois, en octobre 2024, alors qu'il avait déjà 467 matches de Bundesliga dans les jambes et qu'il avait suivies 25 matches de la Mannschaft sur le banc depuis septembre 2020.
Donnarumma, phénomène de précocité
À l'inverse, Gianluigi Donnarumma s'est très rapidement imposé comme le successeur de Gianluigi Buffon dans les buts de l'Italie, qu'il a gardés pour la première fois en septembre 2016, contre la France, à seulement 17 ans et demi.
Impérial sur sa ligne – son grand point fort –, le géant de près de deux mètres (1,96 m) est encore perfectible dans ses sorties aériennes, malgré de très nets progrès affichés ces derniers mois avec le PSG dans ce domaine, et plus particulièrement lors du huitièmes de finale retour de la Ligue des champions à Liverpool, où il a porté son équipe à bout de bras.
Face à l'Allemagne à Milan, il a été complètement abandonné par sa défense sur les deux buts de la Mannschaft. Étrangement seul entre le point de penalty et les six mètres, Tim Kleindienst a eu tout le temps d'ajuster son coup de la tête pour égaliser sur un centre parfait de Kimmich. Sur le second but, Leon Goretzka a pu dévier au premier poteau, plus prompt que trois défenseurs, notamment Samuele Ricci, ne laissant aucune chance au portier italien.
À seulement 26 ans, "Gigio" compte déjà 71 sélections et a porté pour la première fois le brassard de capitaine en octobre 2021. Il ne l'a plus lâché depuis septembre 2023.
Si les Allemands veulent atteindre les demi-finales de la Ligue des nations, ils seraient aussi bien inspirés d'éviter la séance de tirs au but, un exercice dans lequel excelle Donnarumma : grâce à ses exploits dans ce domaine, il a offert à l'Italie le titre de champion d'Europe en 2021 face à l'Angleterre, et au PSG la qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions face à Liverpool il y a dix jours.