S’il on écoute Kylian Mbappé, la Ligue des nations n’est pas vraiment un objectif. Le capitaine des Bleus n’a d’ailleurs pas caché son mépris de cette compétition instaurée en 2018 en séchant les deux derniers rassemblements de l’équipe de France, coïncidant avec les quatre derniers matchs de Ligue des nations et l’ambition de se qualifier au Final 8. "Je me concentre sur 2026, je veux vraiment être champion du monde et c'est un objectif prioritaire", répond l’attaquant du Real Madrid quand Gilles Bouleau lui pose la question de ses ambitions bleues lors du JT de 20h mardi. La Ligue des nations ? Même pas un trophée évoqué par Mbappé, alors même qu’il assure vouloir gagner pour Didier Deschamps avant qu’il ne laisse sa place en 2026.
En bon manieur de la langue de bois, le sélectionneur des Bleus lui affiche ses ambitions après le tirage au sort de ces quarts de finale de la Ligue des nations : "Notre objectif ? Aller le plus loin possible et être au rendez-vous du Final Four en juin." Le sujet de ce non-intéressement de la France est d’ailleurs mis sur la table par une journaliste croate dès le début de la conférence de presse avant Croatie-France à Split, qui estime avoir vu peu de questions sur le sujet dans la presse française. "Ce n’est pas moi qui pose les questions, botte en touche Deschamps un peu gêné. Évidemment que ça a de l’importance, c’est une compétition qu’on a eu le bonheur de gagner. Ça fait partie de nos objectifs."
Modric, promotteur numéro 1 de la compétition
Mais si la France et son armoire à trophées bien garnies n’en a que faire de cette compétition créée surtout pour éviter les très inintéressants et peu lucratifs matchs amicaux entre Euro et Coupe du monde, la Ligue des nations est un moyen pour certains d’enfin gagner un titre. "Le titre de la Ligue des Nations serait sûrement au sommet de tous mes accomplissements parce que cette compétition est très importante pour moi, confiait Luka Modrić à la télévision croate à la veille du Final Four en 2023. Si Dieu nous permet de gagner ce trophée, nous serions enfin au sommet." L’échec de la Croatie en finale face à l’Espagne avait même donné des envies de retraite au milieu de terrain alors âgé de 39 ans, se lamentant de voir cette génération dorée croate toujours échouer si proche du titre, aussi peu considéré soit-il.
À l’inverse, la Roja avait utilisé son succès en Ligue des nations pour se remettre sur les chemins de la gloire, avant d’empocher l’Euro l’été suivant. "Lors de sa création, la Ligue des nations n'avait que peu d’importance, reconnaît Unai Simon, capitaine de l’Espagne en conférence de presse. Mais on a vu le Portugal et la France la gagner, qui ont dû battre de grandes sélections pour la remporter. (…) Cette compétition n’a pas la notoriété d’un Euro ou d’une Coupe du monde, mais s’il on regarde les affrontements qu’il y a, on donne beaucoup d’importance à ça." En face, l’Espagne attend les Pays-Bas, autre nation qui n’a plus brandi un trophée internationale (chez les garçons) depuis longtemps. D’autant qu’ils s’étaient fait humilier chez eux en petite finale du dernier Final Four face à l’Italie (défaite 3-2).
"Un rêve" pour d'autres
Avec ce nouveau format qui permet à huit nations d’accéder à la phase finale, plutôt que quatre auparavant, davantage de pays peuvent eux aussi rêver d’un trophée, dans un football international qui sacre souvent les mêmes. Certes, ceux qui saturent de voir des matchs à répétition, pour des confrontations pas vraiment originales pour le football européen - la France et la Croatie se sont déjà affrontées à 4 reprises depuis leur final au Mondial 2018 - peuvent plaider un manque d’intérêt des matchs avant la finale. Mais ça ne sera pas de l’avis du Danemark ou de l’Allemagne, qui accèdent aux phases finales de la compétition pour la première fois.
"Nous sommes parmi les huit meilleures nations d’Europe", se vante ainsi Kasper Schmeichel, capitaine conquérant, souhaitant offrir au Danemark un titre, qui serait le deuxième de son histoire après l’Euro 1992. En face, le Portugal ne délaisse pas non plus ce quart de finale, trop heureux d’avoir été les premiers à gagner cette Ligue des nations, seulement trois ans après son premier titre international. "On rêve tous de la gagner, assure Nuno Mendes. On l’a déjà gagné (en 2019), mais certains d’entre nous n’étaient pas là à l’époque. Si l’on gagne – et on espère gagner –, ce sera un beau moment", s’enthousiasme le jeune Nuno Mendes, qui attend lui de soulever son premier trophée avec le Portugal. Peu importe le vainqueur, cette Ligue des nations devrait donc faire des heureux, pour de vrai.