Plus qu’une question de vengeance, une survie. Après l’échec cuisant des Bleues en quart de finale du dernier Euro face à l’Allemagne, éliminées alors qu’elles ont disputé plus de 110 minutes à 11 contre 10, la demi-finale aller de la Ligue des nations face à ces mêmes Allemandes avait tout d’une occasion rêvée pour se racheter. Mais c’est bien à Caen que l’équipe de France devra se rabibocher avec des supporters qui peinent encore à digérer la déroute suisse, après s’être heurtée à plus fort que soi à Düsseldorf vendredi.
Le projet de remontada lui a déjà pris un sacré coup lorsque samedi matin, la FFF communiquait sur le forfait de Marie Katoto pour cette deuxième demi-finale. Certes, les Bleues pourront compter sur les retours de Griedge Mbock, la capitaine, et de Sakina Karchaoui, préservée à l’aller après une béquille reçue en club, mais elles devront surtout faire beaucoup mieux collectivement pour espérer bousculer une équipe allemande très compact et hyper offensive, auteure de 7 grosses occasions en 90 minutes.
Une équipe en mutation, mais le même XI
Après avoir tout changé à l'Euro pour espérer obtenir un résultat différent des compétitions passées, Laurent Bonadei a retourné sa veste pour cette Ligue des nations et renouvelé sa confiance en un XI tout proche de celui affiché en Suisse cet été pour essayer d’enfin bousculer les Allemandes. Un pari perdant ? Le tacticien français n’est pas vraiment de cet avis et assure après la défaite à l’aller que la France avait affiché un meilleur visage en seconde période, malgré les 9 tirs subis dont 5 cadrés.
Vu la copie rendue, les Bleues peuvent même plutôt s’estimer heureuses de conclure la partie avec un score assez léger, avec la possibilité de faire mieux dans presque tous les compartiments du jeu. Mais comment ? Car si les titulaires alignées vendredi semblent être les joueuses qui, sur le papier, sont sans doute ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle dans le football féminin français, il est difficile de voir naître de cette même équipe amorphe une quelconque rébellion. Même si ce sont ces mêmes joueuses qui se doivent personnellement une revanche face à l’Allemagne.
Cette demi-finale retour a un parfum de validation ou non pour l’ensemble des derniers choix faits par Laurent Bonadei. Pour l’instant le technicien semble coincé par ses propres décisions : après les retraites de cet été et le choix de ne plus convoquer Kenza Dali, le milieu de terrain reste un vaste chantier. Même chose pour la défense centrale, toujours orpheline de Wendie Renard et qui, en l’absence de Mbock pour blessure, s'est retrouvée à voir Alice Sombath être alignée titulaire, alors qu’elle n’avoir joué que deux matchs cette saison avec l’OL Lyonnes, en raison là aussi d’une blessure.
Une jeunesse qui tarde à vraiment prendre le pouvoir
Maëlle Lakrar, qui a été rapidement touchée vendredi, a elle dû finir la partie avec des douleurs, limitant parfois certains retours défensifs. Parce qu’au-delà d’être en panne d’idées et de solutions dans le jeu, ces Bleues ont aussi un autre problème : à force d’écrémages des plus expérimentées rassemblement après rassemblement, Bonadei ne fait plus appel qu’à des jeunes, certaines totalement inexpérimentées. Sur le banc à l’aller, la moyenne d’âge était de 24,8 ans. Un choix assumé par le sélectionneur, qui prépare à travers cette Ligue des nations la prochaine Coupe du monde 2027, l’objectif numéro 1 de son mandat lors de son arrivée, mais qui dans l’immédiat limite les ambitions de titre. Alors même que la France court après son premier trophée depuis trop longtemps.
Ce qui amène l’équipe de France à aujourd’hui parler "d’exploit" quand il s’agit de battre l’Allemagne ; cette même équipe qu’elle avait battue 2-1 en demi-finale de Ligue des nations, déjà, en février 2024 avant d’échouer en finale. À l’époque, le XI n’était pourtant pas si différent puisque neuf des partantes sont encore en titulaires aujourd’hui. Mais les Tricolores doivent aujourd’hui vivre avec ce relatif déclassement, incapables de se qualifier au sein du dernier carré d’un Euro après avoir réussi lors de l’édition précédente et abordant avec un statut "d’outsider".
Le turn-over incessant au sein d’un groupe qui vit bien malgré tout, renforce cette idée d’une équipe de France peu certaine de ses qualités, à qui on répète constamment que "personne n’est indispensable". Un contexte favorable pour lancer de jeunes joueuses en manque de temps de jeu au sein même de leur club ? Un gage de qualité et d’engagement des appelées ou une instabilité qui n’aide pas à la mise en place d’un projet de jeu ? Peu importe le résultat ce mardi, l’avenir de Laurent Bonadei ne sera pas remis en cause par la FFF. Mais une victoire permettrait tout de même de valider les choix faits par le staff sur l’année écoulée…
