L’Allemagne va mal. Après avoir été giflées 4-1 par la Suède lors de son dernier match de poules, pourtant décisif pour attribuer la place de leader du groupe C, les joueuses de la DFB affichaient une mine grave en zone mixte, malgré la qualification en quarts de finale. Ce soir-là, Giulia Gwinn était venue assister à la rencontre depuis le banc de touche, munie de son attelle et de ses béquilles, mais finit par réconforter sa toute jeune remplaçante, Carlotta Wamser, 21 ans, seulement cinq sélections et donc déjà… un carton rouge.
Alors que l’Allemagne prenait l’eau de toute part et perdait déjà 2-0 après 25 minutes de jeu, la milieu de terrain de Francfort reconvertie latérale réalise une sublime parade sur sa ligne, avec les deux mains. Au sifflet, l’arbitre n’hésite pas, brandit son carton rouge et désigne le point de pénalty. La double peine pour les Allemandes, qui se retrouvent donc menées 3-0 à la 34e minute.
La triple peine même pour Wamser, qui se retrouve privée du quart de finale très prestigieux face aux Bleues. Christian Wück se retrouve donc avec aucune solution pour boucher son couloir droit et doit aussi faire des miracles pour son couloir gauche, loin d’être cadenassé par une Sarai Linder en très grande difficulté face au duo Holmberg-Rytting Kaneryd contre la Suède.
Un passage à 5 derrière pour compenser ?
À tel point que l’expérimenté coach allemand envisage de changer de système face à la France, pour passer avec une défense à cinq derrière, quitte à faire redescendre une milieu de terrain comme piston. "Il est important de ne pas tout chambouler maintenant", tempérait Wück en conférence de presse, citant à nouveau comme "option" la défense à trois testée en infériorité numérique lors de la deuxième mi-temps contre la Suède.
"Nous avons déjà répété l'une ou l'autre chose à l'entraînement, que je ne dévoilerai évidemment pas. Mais le staff a bien sûr beaucoup réfléchi", complétait Kathrin Hendrich en conférence de presse. La presse allemande annonce que la jeune Franziska Kett, l’attaquante de 20 ans du Bayern Munich aux 3 capes avec la sélection allemande, devrait être celle qui accompagnera Sarai Linder, Kathrin Hendrich et la capitaine Janina Minge dans la défense, en prenant elle le couloir gauche et Linder, seule latérale de métier restante dans l'effectif, le côté droit. À moins que Wück ne décide de changer l'entièreté de sa défense pour réussir à trouver "quelle joueuse peut réussir à maîtriser quelle attaquante française". La clé de la partie selon le sélectionneur allemand.
Des ailes bleues favorisées
Si l'Allemagne n'a jamais perdu face à la France en grandes compétitions, elle veut tout de même éviter le scénario de la Ligue des nations, où les Bleues avaient éliminé les Allemandes lors d'une victoire 2-1 en demi-finale. "Je pense que tout le monde sait qu'elles ont une bonne attaque. Elles ont aussi des bonnes remplaçantes rapides et efficaces, nous devons nous ajuster. Nous sommes conscientes que le moindre relâchement peut se traduire par des buts encaissés. Nous avons beaucoup de joueuses expérimentées avec nous et nous ne jouons pas au football depuis hier. Nous pouvons bien gérer de nombreuses options", poursuit Hendrich en conférence de presse. Pour autant, Klara Bühl concède elle que cette défense vraisemblablement expérimentale reste "du bricolage", alors que l’Allemagne est annoncée parmi les favorites de la compétition.
Un bricolage qui devrait largement arranger une attaque tricolore à la "force et rapidité inouïe", comme le souligne Wück, puisque la France est l’équipe qui a le plus attaqué sur les ailes depuis le début de la compétition. Avec ses ailières techniques et puissantes, Bonadei espère bien pouvoir faire vaciller une Allemagne prête à modifier son système tactique pour la contenir. "On essaie de mettre en place des automatismes pour créer des décalages, poser des problèmes à l'adversaire et marquer des buts. Marquer des buts reste l’objectif numéro un et puis après d'avoir un équilibre aussi pour ne pas en encaisser. Mais marquer toujours un but de plus que l'adversaire, ça reste ma philosophie", commente-t-il, avant un "classique" qui s’annonce prolifique, entre deux nations ayant encaissé quatre buts ou plus en seulement trois matchs de poules.