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"On ne va pas se prendre pour d'autres", prévient Laurent Bonadei après le record des Bleues

"On ne va pas se prendre pour d'autres", prévient Laurent Bonadei après le record des Bleues
"On ne va pas se prendre pour d'autres", prévient Laurent Bonadei après le record des BleuesSébastien BOZON / AFP / AFP / Profimedia
Jamais une équipe n'avait réussi à remporter ses six matchs en phase de groupes de Ligue des nations féminine. C'est désormais chose faite pour la France, qui s'est imposée 2-0 face à l'Islande pour signer un six sur six dans la compétition. Pour autant, le sélectionneur des Bleues Laurent Bonadei ne veut pas s'enflammer avant l'Euro et prévient en conférence de presse.

Vous êtes invaincus en Ligue des nations, six victoires en six matchs. Quel bilan vous tirez ?

D'un point de vue statistique, c'est super parce que ça n'avait jamais été réalisé en Ligue des Nations par aucune équipe. Donc 6 sur 6, il faut le faire surtout aujourd'hui dans les conditions de jeu dans lesquelles on était, ce n'était pas facile. Même si on a abordé le match avec beaucoup de confiance parce que quand on a déjà la qualification en poche, on joue d'une certaine manière. Mais j'ai trouvé que l'état d'esprit était très bon. On a encaissé seulement deux buts contre cette équipe d'Islande au match aller, deux buts sur coups de pied arrêtés, ça veut dire qu'on a fait cinq clean sheets et donc qu'on n'a pas encaissé de buts dans le jeu. Ça c'est important pour moi qui suis attaché au jeu offensif, à la possession, à se créer des occasions, à être spectaculaire... C'est aussi un domaine sur lequel je souhaitais qu'on progresse après les quatre premiers matchs amicaux où on avait pris 4 buts contre l'Espagne par exemple. Donc je suis vraiment satisfait de ce qu'elles ont produit.

Il y a eu pas mal de changements sur ce match-là, avec des joueuses qui n'avaient pas forcément eu de temps de jeu avant. L'objectif c'était de les tester avant la liste ?

C'est tout un groupe qui avance et donc dans ma logique, c'était important que tout le monde ait du temps de jeu. Je souhaitais qu'à la sortie de ce stage tout le monde ait un peu du temps de jeu. Alors il y en a qui en ont un peu plus que d'autres. Mais c'est important que tout le monde se sente concernée, investie et importante pour le groupe. On a vu aujourd'hui un système légèrement différent avec Amel (Majri) un cran plus haut. C'était aussi pour moi l'occasion de voir les complémentarités, de voir un peu comment Melween (N'Dongala) aussi allait s'en sortir sur le côté droit. Elle a joué tout le match, ce n'est pas facile. Il y a eu des bonnes choses et des choses où on doit encore progresser. On a encore des axes de progression donc maintenant elles ont 7 jours pour se reposer avant la préparation (de l'Euro).

Ce match ressemblait fort dans sa configuration au match face à l'Irlande l'année dernière (défaite 3-1 lors du dernier match de qualifications pour l'Euro 2025 en juillet) : un terrain pas facile, une équipe qui n'a rien à perdre de l'autre côté. Est-ce que vous y avez pensé ?

C'est une très bonne remarque parce qu'effectivement si vous avez vu, je n'ai pas changé la gardienne par exemple. L'année dernière, on avait fait tourner et j'ai dit à Constance (Picaud) que ce n'était pas contre elle, mais parfois ce genre de matchs sont des matchs pièges, qui ne rendent pas service à la joueuse. C'est vrai que l'année dernière, on avait fait beaucoup plus de changements. Peut-être trop, je ne sais pas, mais c'était aussi juste avant les Jeux Olympiques. On était à une semaine ou dix jours de notre premier match, donc on ne voulait pas de blessées. C'était complètement différent. On était en plein mois de juillet et donc on avait fait une grosse rotation. Ce qui n'est jamais évident, même pour les joueuses qui sont là. J'ai voulu faire un petit brassage, mais en gardant quand même des joueuses avec une certaine ossature. Il y avait Griedge Mbock, Selma Bacha, Pauline (Peyraud-Magnin), Sandy Baltimore, Sandie Toletti...  Donc je voulais que des joueuses comme Melween N'Dongala, Oriane Jean-François ou Kessya Bussy qui rentraient dans cette équipe, qu'elles sentent qu'elles font partie intégrante de l'équipe et qu'elles jouent aussi avec des joueuses qui sont plus habituées à jouer. C'est vrai que cette expérience, ce match-là, on en a discuté, on l'a abordé avec le staff et c'est ce qui m'a permis de faire ces choix là.

Pour revenir au cas individuel, Sandy Baltimore a marqué sur les 5 derniers matchs que vous avez joué. Ça vous donnerait des nœuds à la tête pour constituer votre attaque ?

Ce ne sont que des bonnes nouvelles. Moi je pense que Sandy qui marque des buts, c'est extra, parce que si on ne devait se reposer que sur Marie ou Clara pour marquer des buts... Je pense que tout le monde peut marquer des buts. On l'a vu encore Grace Geyoro a marqué à Nancy, elle a encore marqué ce soir, elle se projette dans la surface, elle est efficace. Tout le monde est autorisé à marquer des buts, même Elisa. Donc non, c'est une bonne chose parce que Sandy Baltimore c'est une joueuse qui a du talent, c'est une joueuse qui est capable de percuter, de faire aussi des passes décisives. Et qu'elle soit à la finition ou qu'elle marque des buts, c'est de bonne augure. Après, bien sûr, les choix sont toujours difficiles, mais je préfère avoir des choix difficiles et des joueuses de talent qui nous apportent offensivement beaucoup de solutions plutôt que d'être coincé et de n'avoir qu'un seul ou deux choix et d'être limité.

Sur les conditions, on sait que ce n'était pas facile de jouer ici. Il y avait beaucoup de vent ce soir. On sait même qu'il y a des joueuses qui ont eu du mal à dormir ces derniers jours. Comment vous avez abordé ce match sur cet aspect-là avec les joueuses ?

C'est vrai que ce n'était pas évident, il y avait à peine quatre heures de pénombre et les volets, c'était des rideaux pas très occultants, il y avait le bruit du vent sur les baies vitrées et il y a beaucoup de joueuses qui ont eu du mal à dormir... Je ne suis pas rentré dans ce genre d'excuses ou de prétextes, je n'ai même pas abordé le sujet avec elles, je ne voulais pas les conforter dans ce genre d'excuses qu'on aurait pu avoir, parce que c'est pareil pour nos adversaires : elles ont joué en Norvège, elles ont fait aussi quatre heures de vol pour revenir, elles avaient aussi le vent... On l'a vu, on l'a pris contre nous en première période, comme contre la Norvège. On a résisté, Pauline (Peyraud-Magnin) a fait deux-trois beaux arrêts en fin de première période, ce qui était important. Et puis je savais qu'en deuxième période avec le vent on allait avoir un ascendant. Mais ce n'est pas toujours une garantie de marquer des buts. Il faut mettre de la précision parce que quand on a le vent dans le dos, le dosage est important et je trouve qu'elles ont œuvré collectivement pour faire ce résultat et j'ai senti qu'il y avait une bonne énergie collective.

Comment vous sentez le groupe, à un mois plus du coup d'envoi de l'Euro ?

On finit premières de ce groupe avec six victoires en six matchs, ça donne de la confiance mais ça ne veut pas dire qu'on va tout de suite se prendre pour d'autres. On sait que ça passe par du travail, beaucoup d'humilité. On a fini cette phase de groupe avec cette première place, cette qualification en demi-finale. On la met un peu de côté parce que ce sera au mois d'octobre des belles demi-finales avec l'Espagne, l'Allemagne et puis la Suède qui sont qualifiées. Donc trois équipes qui étaient déjà qualifiées sur la première édition au Final Four. Donc un beau plateau, le tirage au sort sera vendredi en Suisse. Et donc on va se reposer, nous aussi le staff, parce qu'on a beaucoup donné. Et puis après on va démarrer notre stage à partir du 11 juin et on va monter crescendo avec deux beaux matchs amicaux à Valenciennes contre la Belgique, le 20 juin. J'espère qu'il y aura du monde dans ce stade à la frontière entre la France et la Belgique. Et puis à Grenoble, une ville qui m'est chère puisque j'ai été joueur à Grenoble contre le Brésil. Donc deux beaux matchs pour bien préparer ce premier événement

qui est le 5 juillet contre l'Angleterre.

Est-ce qu'on peut avoir des nouvelles de Selma Bacha, qui a quitté le terrain avant la fin du match, et de Melween N'Dongala, dont son genou semblait avoir tourné ?

Melween, ça a l'air d'aller. Selma, quand j'ai vu qu'elle commençait à boiter, je lui ai demandé de sortir. Je ne voulais pas qu'elle fasse encore un ou deux efforts, on menait 2-0 et puis faire cinq minutes à 10, ce n'est pas gênant. Il faut savoir aussi apprendre à jouer à 10, des fois on peut avoir une expulsée... Ça fait partie du jeu et donc je ne voulais prendre aucun risque avec elle pour qu'elle ne fasse encore un sprint et un débordement et que ça lui fasse plus mal. On va voir ce qu'il en est avec le docteur. Je ne suis pas trop inquiet.