Retour des Américaines dans la liste des Bleues. "Elles ont fait une très bonne préparation, ce que j'attendais d'elles durant ces mois-là", salue Laurent Bonadei, qui avait fait le choix de ne pas convoquer les joueuses évoluant en NWSL, qui reprenait début mars, pour leur laisser le temps de s'intégrer. Julie Dufour, ailière gauche partie à Angel City, n'a elle pas été retenue par le sélectionneur des Bleues.
L'équipe de France affrontera la Suisse, le 4 avril à Saint-Gall, et la Norvège, le 8 avril à Oslo, en Ligue des nations. Deux déplacements pour la France, qui a resserré ses rangs avec moins de nouvelles têtes, si ce n'est celle de Marie Petiteau au détriment de Justine Lerond. L'occasion pour Eugénie Le Sommer de probablement signer sa 200e sélection après avoir battu le record de Sandrine Soubeyrand lors du dernier match des Tricolores.
La liste là est-elle celle qui ira à l'Euro cet été ? Ou certaines joueuses qui performent comme Clarisse Le Bihan (Lazio Rome) ou Juliette Vidal (Bayern Leverkusen) peuvent espérer en être ?
Vous avez oublié Viviane Asseyi, auteure de 10 buts et 6 passes décisives avec West Ham. On suit beaucoup de joueuses. On a eu 23 joueuses en février. On a encore un stage fin mai avec deux matches importants. Je suis un peu moins dans la logique des deux premiers rassemblements où je faisais un gros brassage pour voir un maximum de joueuses. Maintenant, les résultats sont importants. Je dois garder un certain équilibre. On est à 27 joueuses sur les deux rassemblements. Effectivement, ça va se resserrer jusqu'à l'Euro. La liste sera dévoilée après le stage de mai-juin.
Pourquoi ce changement de troisième gardienne ? Pauline Peyraud-Magnin est toujours numéro 1 ?
J'ai préféré Marie Petiteau à Justine Lerond. On se concerte beaucoup avec Lionel Létizi, mais Marie a enchaîné les matches depuis la dernière convocation et on voulait la voir à l'entraînement. On veut se faire une idée précise des forces en présence. On veut une jeune en numéro 3, mais il y a aussi Marie-Morgane Sieber. On se donne encore un peu de temps pour peaufiner notre décision. Quant à Pauline, elle est numéro 1.
Qu'est-ce que vous attendez de ces deux déplacements ? Est-ce que c'est pour confirmer l'état d'esprit du dernier rassemblement ?
Oui on était très satisfait de l'état d'esprit et aussi des résultats parce qu'on a eu quand même deux victoires et c'était important de bien démarrer cette Ligue des Nations. Donc il va falloir enchaîner sur ces deux matchs-là et garder l'état d'esprit parce que c'est un élément important en vue de la performance.
Vous allez joué en Suisse et à Saint-Gall, là où sera votre camp de base pour l'Euro cet été. J'imagine que c'est l'occasion de prendre des marques. Est-ce que vous avez prévu quelque chose de particulier ?
Oui, c'est vrai que c'est un concours de circonstances. Le calendrier nous offre cette possibilité-là. Je trouve que c'est très intéressant pour nous de pouvoir jouer sur le terrain qui sera déterminé pour le match contre le Pays de Galles. Donc voilà, ce sera le fait de prendre des repères, de prendre connaissance des lieux et de s'imprégner du contexte. C'est une bonne chose. Mais il ne faut pas avoir que l'Euro en tête, il ne faudrait pas que les joueuses commencent à faire les matchs en avance. On joue contre la Suisse, pas contre le Pays de Galles, ça va être un match très difficile. C'est une équipe rajeunie, avec de gros potentiels, avec une coach qui a un sacré palmarès. On doit être focalisé sur la Suisse, on est à Saint-Gall c'est vrai, mais on n'est pas encore à l'Euro.
Lundi c'était les 100 jours avant l'Euro, est-ce qu'on s'adapte plus la compétition approche ? Est-ce que le prochain rassemblement va être différent de celui d'avant, même si ça reste des matchs de Ligue des Nations ?
Non, on a établi une certaine routine au niveau des entraînements, au niveau de la préparation des matchs. On est à fond dans la compétition, on est à fond dans cette Ligue des Nations, on ne se projette pas encore sur le championnat d'Europe et on aborde les matchs les uns après les autres. On a, comme je le disais, pris six points sur les deux premiers matchs, on a encore six points départagés sur ce rassemblement-là avec deux matchs à l'extérieur, ce n'est jamais facile de se déplacer, il y a la notion de récupération, on va prendre l'avion pour aller en Norvège, avec un climat aussi peut-être un peu différent. Donc on est vraiment focalisés sur nos deux matchs et sur la volonté de s'imposer et de maintenir cette place de leader dans ce groupe.
Certaines joueuses, notamment du PSG, jouent moins de matchs puisqu'elles ne sont pas qualifiées en Ligue des champions. Est-ce que vous avez constaté du changement par rapport à l'année dernière ? Est-ce que ça change quelque chose par rapport aux autres joueuses ?
Je n'ai pas trouvé sur le dernier stage que les joueuses du PSG étaient en manque de rythme, ou fatiguées éventuellement, de ne pas avoir suffisamment de compétitions. Des fois on peut se dire que quand on joue beaucoup c'est un problème et on voit par exemple avec Maëlle Lakrar et Sandie Toletti qui enchaînent énormément de matchs depuis le début de saison, elles ont encore joué hier, j'ai trouvé aussi que leur performance était équivalente à celle du PSG. Des joueuses qui jouent beaucoup, des joueuses qui jouent un peu moins, certaines vont amener un peu de fraîcheur, aussi mentale et physique, et puis d'autres vont amener du rythme et de la régularité parce qu'elles font beaucoup d'efforts.
Eugénie Le Sommer est encore présente dans cette liste, elle a battu le record du nombre de sélections en équipe de France, va fêter sa 200e cap... Qu'est-ce qu'elle représente pour l'équipe de France ?
Eugénie a battu le record et je pense qu'elle n'a pas fini d'avancer puisqu'elle est encore là. J'espère qu'elle aura la possibilité d'avoir du temps de jeu. Elle est rentrée hier en Ligue des champions. On voit qu'elle a de la fraîcheur, on voit qu'elle amène aussi son expérience. Et puis c'est aussi une joueuse qui dans le groupe communique beaucoup, notamment avec nos jeunes joueuses, nos attaquantes. Elle donne de la confiance, elle donne aussi des pistes, des orientations. Et elle a aussi cette faculté à être très efficace dans la surface de réparation. Donc c'est un exemple pour les autres. Je m'appuie sur elle parce que c'est aussi une femme qui a des valeurs et qui a beaucoup de respect pour l'institution, pour cette équipe de France, qui a beaucoup donné et qui donne encore beaucoup donc c'est une chance de l'avoir dans l'effectif.
Lors du dernier rassemblement, Sandy Baltimore a réalisé de très belles choses. En club aussi, ça marche bien pour elle. Il y a eu des très beaux buts. Est-ce qu'elle peut s'imposer à gauche de l'attaque des Bleues ?
C'est une joueuse qui a de la polyvalence. Quand elle était à Paris, elle jouait un peu faux pied sur le côté droit. Je n'ai pas oublié. D'ailleurs, c'est une option qui pourrait s'avérer payante. C'est une joueuse qui a beaucoup de qualité technique et de la puissance aussi, et une qualité de finition. On l'a vu notamment avec ce but magnifique contre l'Islande. À elle aussi de profiter du temps de jeu qu'elle a pour continuer à progresser et à s'imposer. Elle a toute ma confiance. C'est une personne aussi qui est atypique sur le terrain parce qu'elle fait des gestes que les autres ne font pas, notamment dans les petits espaces, sa capacité à l'approche de la surface de réparation à provoquer à dribbler... Elle pourrait selon moi aussi être un peu plus performante dans le fait d'obtenir des pénalties par exemple, parce qu'on sait que c'est une zone dans la surface de réparataion où quand elle rentre, elle doit oser, elle doit aller au bout de ses actions. Elle est peut-être beaucoup focalisée sur le fait de terminer ses actions par des centres, mais elle peut aussi continuer à dribbler. Elle a toute la liberté qui s'impose pour une attaquante dans son registre pour faire des différences.
Vous aviez dit lors de votre arrivée à la tête des Bleues, que vous vouliez apprendre aux joueuses à mieux gérer leurs sélections mais aussi leurs sélections. Comment vous avez pu dire, notamment aux plus jeunes comme Kessya Bussy ou Julie Dufour, qu'elles n'ont pas été retenues pour ce groupe mais que la porte de l'équipe de France n'est pas fermée pour elles ?
J'avais informé les joueuses de mon fonctionnement : que je n'annonçais pas la liste avant, c'est-à-dire qu'elles découvrent la liste en direct. Donc il n'y a aucune joueuse qui sait si elle est sélectionnée ou pas avant ce moment qui est important pour tout le monde, pour vous, pour les joueuses et pour les fans aussi. Elles ne sont pas au courant, elles viennent de l'apprendre. Je leur avais dit que je suis à leur disposition pour toute explication, pour leur donner les raisons, des choix. Mais après le stage. Et pas tout de suite là, après la conférence, parce qu'on a un stage à préparer, des matchs. Il y a aussi des sollicitations diverses auxquelles je dois répondre. Mais à froid, après le stage, je suis à leur disposition pour vraiment échanger sur tout ça.
Effectivement, Melvine Malard aussi, qui ne fait pas partie du stage alors qu'elle était là. Kessya Bussy, Thiniba Samoura aussi, qui n'a pas joué du mois de mars parce qu'elle a eu un petit souci au mollet. Et puis Justine Lerond, on en parlait tout à l'heure. Et Julie Dufour a repris le championnat avec Los Angeles, mais elle n'a fait que deux rentrées en cours de match, en fin de match. Donc un peu en manque de rythme. Mais je vais me rendre à Los Angeles au mois d'avril et je vais faire une tournée aux Etats-Unis pour tisser les liens avec les clubs et les coachs et puis aussi pour voir les joueuses. Donc j'aurai l'occasion de voir Julie à l'entraînement pendant trois jours et puis de la voir sur deux matchs, ça elle le sait. Ce n'est pas parce qu'elle n'est pas dans cette liste-là qu'on ne continue pas à la suivre. Concernant Kessya et Melvine, elles vont aller avec les U23. On sait pas ce qui peut arriver encore dans le week-end, je ne le souhaite pas, je touche du bois, qu'il n'y ait pas de blessées mais on est un groupe. Il y a de la concurrence avec les retours de Clara et de Delphine, et ce sont Kessya et Melvine qui en font les frais mais les choses ne sont pas figées et arrêtées.
Pourquoi ce choix de ne pas donner la liste avant aux joueuses ?
Tout simplement parce que la liste jusqu'à hier soir, presque minuit, j'étais encore en train de m'interroger sur une ou l'autre. Ça se joue des fois des détails. Puis il y avait encore des matchs hier soir qui avaient lieu. Donc j'ai attendu de visionner le dernier match du Real à Arsenal. Malheureusement pour nos trois Françaises qui se sont fait éliminer. Donc ce serait un peu malvenu de ma part que d'annoncer des choses à certaines joueuses en amont, et puis de revenir sur une parole. En général, quand je pense quelque chose, je le dis, et quand je dis, je le fais. Et j'essaye d'éviter, même si parfois on ne peut pas faire autrement, de revenir sur mes propos.
Laurent, dans votre rôle de sélectionneur, vous êtes aussi dans la pyramide du football féminin français. Sur la structuration avec la Ligue qui est arrivée, on sent que ça patine un peu sur la convention collective, notamment pour les joueuses. Ce sont des étapes structurantes, mais qui mettent du temps. Vous pensez qu'il faut que ça aille vite ?
Je vais faire un parallèle avec le football et le terrain. On dit toujours qu'il faut éviter de confondre vitesse et précipitation. Je pense que si ça prend du temps et si les choses sont bien faites, c'est mieux que de vouloir aller vite et que les choses soient mal décidées. Donc si ça prend du temps, c'est qu'il y a certainement des raisons. Et peut-être il vaut mieux que ça prenne un petit peu plus de temps, mais que les choses soient bien faites, bien construites pour que tout se passe bien ?
Les joueuses convoquées
Gardiennes : Marie Petiteau (Montpellier), Pauline Peyraud-Magnin (Juventus), Constance Picaud (Fleury)
Défenseures : Selma Bacha (OL), Lou Bogaert (Paris FC), Elisa De Almeida (PSG), Maëlle Lakrar (Real Madrid), Griedge Mbock (PSG), Melween N’Dongala (Paris FC), Wendie Renard (OL)
Milieux de terrain : Sandy Baltimore (Chelsea), Kenza Dali (San Diego), Grace Geyoro (PSG), Oriane Jean-François (Chelsea), Sakina Karchaoui (PSG), Amel Majri (OL), Sandie Toletti (Real Madrid)
Attaquantes : Delphine Cascarino (San Diego), Kadidiatou Diani (OL), Kelly Gago (Everton), Marie-Antoinette Katoto (PSG), Eugénie Le Sommer (OL), Clara Mateo (Paris FC)