Tottenham, la grosse avarie avant d'affronter le Paris Saint-Germain

Les Spurs face à Arsenal dimanche.
Les Spurs face à Arsenal dimanche.JULIAN FINNEY/GETTY IMAGES VIA AFP

Tottenham et Thomas Frank naviguent en eaux troubles avant de défier le PSG ce mercredi, sonnés par leur récent naufrage à Arsenal, où l'option ultra-défensive choisie par l'entraîneur a échoué dans les grandes largeurs et fait naître des doutes plus profonds.

"Une mentalité de petit club", voilà comment le quotidien The Telegraph a dépeint l'approche du Danois, avec cinq défenseurs au coup d'envoi et aucune ambition offensive, lors du derby du Nord de Londres perdu 4 à 1, dimanche chez le voisin ennemi.

Une telle débâcle, c'était même "gênant à voir" pour Les Ferdinand, ex-joueur des Spurs. "L'entraîneur s'est trompé dans ses choix tactiques" et il a "envoyé le mauvais message aux joueurs", venus subir les vagues d'Arsenal, a-t-il analysé sur Sky Sports.

Admiré pour son travail à Brentford (2018-2025), qu'il a fait monter puis stabiliser en Premier League, Thomas Frank a fait le grand saut durant l'été en rejoignant Tottenham, un club de bien plus grande envergure, tout juste sacré en Ligue Europa.

Et pour certains observateurs, il n'a pas encore mesuré les attentes et ambitions attachées à sa nouvelle mission. "C'est le problème à chaque fois qu'un entraîneur progresse dans sa carrière et rejoint une équipe de haut niveau", a tranché l'ancien international Jamie Carragher, dimanche.

Formation défensive mais explosive

Les managers "d'élite", a développé le consultant sur Sky Sports, ne forment pas des équipes "difficiles à battre parfois", mais faites "pour gagner des matches, c'est la grande différence. Si vous n'intégrez pas cela, vous ne resterez pas longtemps en poste".

À sa décharge, Frank n'est là que depuis juin et l'urgence consistait, à son arrivée, à équilibrer une formation tournée à outrance vers l'attaque sous la baguette de son prédécesseur, Ange Postecoglou.

"Cela fait six ans qu'ils travaillent pour en être là, nous cela fait quatre mois", s'est-il d'ailleurs défendu après la rouste infligée par Mikel Arteta et ses Gunners.

Pourtant, c'est au début de son mandat que les Spurs ont réalisé leurs performances les plus abouties contre des grosses écuries : en août, face au Paris Saint-Germain en Supercoupe d'Europe (défaite aux tirs au but) et à Manchester City en Premier League (victoire 2-0).

Pour ces deux sommets, il avait opté pour une formation tactique résolument défensive mais explosive, déterminée à piquer l'adversaire en contre-attaque.

À l'entendre, c'est d'ailleurs le projet qu'il espérait dupliquer à l'Emirates dimanche face à Arsenal. "Quand tu as une défense à cinq, tu peux toujours être offensif de plusieurs manières. Mais aujourd'hui, nous n'avons pas réussi", a-t-il constaté.

"Très, très intelligent !"

Le système importe moins que l'animation, a-t-il insisté. Et avec ironie, il a rappelé que le passage à une défense à quatre, dimanche en seconde période, n'avait eu absolument aucun effet : "J'ai changé à la mi-temps. Très, très intelligent ! Une minute après, ils marquaient le but du 3-0".

La théorie de l'accident a été reprise par le gardien Guglielmo Vicario. "Jouer à cinq défenseurs, quatre, ou deux, peu importe. Il y a des choses non négociables dans le football, comme se battre, essayer de gagner chaque duel et faire don de son corps pour obtenir des fautes."

Cela n'explique toutefois pas pourquoi Tottenham peine autant à se créer des occasions de but, même embryonnaires, un mal déjà apparu cruellement lors de la défaite 1-0 contre Chelsea, début novembre à domicile.

Mais Paris aurait tort de sous-estimer les Londoniens. Car ils contournent en partie ce manque de créativité et d'audace par des combinaisons sur phases arrêtées : corners, coups francs… et touches longues, avec l'ancien Lensois Kevin Danso à la manœuvre.

Le danger peut aussi venir d'une initiative individuelle. Attention aux accélérations de Mohammed Kudus, aux inspirations de Richarlison (auteur d'un superbe lob contre Arsenal) ou aux dépassements de fonction de Micky van de Ven. Bon de la tête, le très rapide défenseur central a signé un des buts de l'année au bout d'une chevauchée fantastique contre Copenhague (4-0) début novembre.