Après le nord du cercle polaire et Bodø/Glimt en Norvège, où l'équipe de Sébastien Pocognoli, nouvel entraîneur monégasque, avait fait preuve d'abnégation pour l'emporter (1-0), c'est aux confins de l'Europe que se déplace l'ASM. À Chypre, à plus de 3 000 km de Monaco, dans le petit stade de Limassol, à 70 kilomètres au sud-est de la ville de Pafos, les joueurs de la Principauté doivent absolument s'imposer pour continuer à croire en leur qualification en barrages de Ligue des champions.
Actuels 19ᵉˢ de la compétition avec cinq points, Paul Pogba, enfin de retour à la compétition depuis samedi dernier à Rennes (1-4), et ses partenaires rencontrent un novice en Ligue des champions. Mais Pafos, 20ᵉ, compte cinq points, comme eux.
Emmenés par l'ex-défenseur central brésilien du PSG et Chelsea, David Luiz, 38 ans, les Chypriotes, sont en forme et leaders de leur championnat, après avoir battu l'Aris Limassol (2-1) vendredi.
Mais surtout, après deux nuls contre les Grecs de l'Olympiakos (0-0) et, au Kazakhstan, contre le Kairat Almaty (0-0), ils ont retenu la leçon du Bayern Munich (défaite 5-1) et remporté, le 5 novembre, leur première victoire en C1. C'est Villarreal, actuel 3ᵉ en Liga, qui est tombé à Limassol (1-0).
Éviter une crise majeure
Dans un stade champêtre situé à quelques encablures de la base militaire d'Akrotiri, vaste enclave britannique de plus de 75 km² en territoire chypriote, les Monégasques savent donc ce qui les attend.
Eux qui viennent pourtant d'essuyer deux gifles consécutives en L1 (défaites 4-1 contre Lens et Rennes) n'ont d'autre alternative que de gagner pour envisager une qualification. D'autant qu'ils auront ensuite affaire à trois autres adversaires de calibre supérieur : réceptions de Galatasaray et de la Juventus à Louis-II, entrecoupées d'un déplacement au Real Madrid.
Et surtout, il faut gagner pour s'éviter une crise majeure, six semaines seulement après avoir licencié Adi Hütter. L'Autrichien n'était plus l'homme idoine pour le président Dmitry Rybolovlev, qui attend une victoire à Chypre, un lieu spécial pour lui. En effet, le milliardaire russe possède un passeport chypriote, il a basé certaines de ses sociétés sur l'île méditerranéenne et a même détenu plus de 9 % de la banque d'affaires Bank of Cyprus.
"Je peux être dur"
Mi-octobre, Rybolovlev a validé la venue de Pocognoli. Mais le technicien belge de 38 ans est pour l'instant loin de tirer le meilleur de ses hommes. Durant la trêve internationale, il expliquait à l'AFP que les deux défaites consécutives à domicile contre le Paris FC et Lens faisaient "tache". Or, la façon dont ses hommes ont lâché le match après la pause au Roazhon Park, samedi, interpelle encore plus.
Car, après avoir étalé ses carences offensives, Monaco a montré des lacunes défensives et des faiblesses psychologiques. Alors que Pocognoli attend "rigueur et discipline", qu'il veut voir l'équipe travailler dans un cadre précis, celle-ci a encaissé 12 buts sur ses cinq derniers matches, soit un toutes les 38 minutes en moyenne.
Le Belge a d'abord voulu insuffler "une énergie positive". Désormais, il pourrait faire évoluer son discours. "Si certains ne suivent pas, on pourra voir une autre facette de mon coaching. Je peux être dur", explique-t-il d'ailleurs.
Avec les retours de blessure de Paul Pogba (et l'engouement suscité), Lamine Camara et Vanderson, et le retour de suspension de Folarin Balogun, la concurrence s'est accrue. Pocognoli, qui assure savoir "rester calme dans la tempête", doit trouver la bonne formule.
Au moment de disputer ce match crucial pour la suite de l'aventure européenne, puis de recevoir le PSG samedi pour un choc en championnat, Pocognoli, au bilan comptable médiocre (trois victoires, deux nuls, trois défaites) ne peut plus se rater. Sous peine d'épuiser déjà son crédit auprès d'un président, qui, par le passé, a démontré qu'il savait rapidement couper court à une relation avec un entraîneur. Thierry Henry et Robert Moreno le savent...
