La finale PSG-Inter restera à jamais gravée dans les annales de la Ligue des champions. Parce que Munich aura offert la coupe à un nouveau champion. Parce que Paris a enfin inscrit son nom dans l'histoire de la plus grande compétition de clubs. Parce que personne n'avait corrigé une autre équipe avec ce score en finale. Parce que – et surtout – le football a triomphé.
Le 5-0 infligé ce samedi soir est le score le plus large qu'un club ait mis à un autre en finale de C1. Jusqu'ici, un écart de quatre buts était le maximum que l'on avait pu voir avec le 7-3 du Real contre Francfort en 1960, le 4-0 du Bayern à l'Atlético (1974) et les deux 4-0 de l'AC Milan au Steaua Bucarest (1989) et au FC Barcelone (1994). Ce dernier était d'ailleurs, jusqu'à hier, le plus gros score sous le format Ligue des champions, soit depuis 1993.
Mais ce 5-0 n'est pas seulement historique par les stats – et heureusement. Il restera à jamais gravé dans les mémoires comme étant la première finale de l'histoire où une équipe domine l'autre avec une telle maîtrise du football dans tous les sens du terme. En toute modestie, la première sensation qui ressort chez chacun d'entre nous, que nous soyons français, italiens, espagnols, anglais, portugais, allemands ou autres, c'est que Paris a dominé son sujet sur tous les aspects, ne faisant qu'une bouchée de son adversaire, a priori plus expérimenté, et ce, en étant la deuxième équipe la plus jeune de l'histoire à finir vainqueur de la compétition, derrière l'Ajax en 1995.
La manière dont le PSG a maîtrisé, contrôlé et dominé cette finale prouve qu'elle était la meilleure équipe sur le rectangle vert et, surtout, la plus méritante sur l'ensemble de la compétition. Tout y était : travail en équipe, abnégation, jeu collectif, contrôle du ballon, pressing haut, bloc bas, attaques placées, jeu en transition, individualités hors norme au service du groupe… Bref, on s'est régalé.
Les deux premiers buts sont la preuve même que Paris est au-dessus cette saison. Le premier étant une attaque placée, travaillée à l'entraînement, avec un chef d'orchestre, Vitinha, un crack, Doué, et un mort de faim, Hakimi. Une action qui rappelle PES 5 et 6, les meilleurs jeux de football sur Playstation : triangle, stick analogique pour le contrôle et l'orientation dans le sens du jeu, X, puis carré. Vraiment simple le football quand il est dompté ainsi. Derrière, le second, une transition parfaite, avec le dévouement de Pacho pour sauver une action qui aurait pu couter un corner, la remontée de Kvara, l'altruisme de Dembélé et la détermination de Doué, le tout en moins de 15 secondes… Que dire ? Le PSG aura dominé ce sport dans une finale de C1 comme personne d'autres.
Le football aura été respecté à Munich. Et si un nom doit ressortir au-dessus des autres, ce n'est autre que Luis Enrique. Il faut tirer notre chapeau à l'Espagnol et le dire : s'il y avait un Ballon d'or à donner aujourd'hui et que les entraîneurs pouvaient entrer dans la discussion, il irait sans aucun doute à l'Asturien. Il aura su s'adapter à n'importe quelle équipe qui s'est présentée face à Paris, depuis la rencontre face à Manchester City au Parc (Brest, Liverpool, Aston Villa, Arsenal et l'Inter), en donnant confiance à ses joueurs et en leur faisant comprendre qu'ils pouvaient être maîtres de leurs destins. Aussi, pendant les matches, la gestion des temps forts et des temps faibles, avec un pressing constant et intense, travaillé à la perfection à l'entraînement – comme nous avons pu constater lors du Media Day. Paris souffle quand il a le ballon et donne tout physiquement quand il n'a pas la balle. Chapeau, Luis Enrique
Rappelons que le PSG en aura collé 5, sans en prendre un, à la meilleure défense de la compétition avant les demi-finales, et ce, par le football et grâce au football. La performance collective a été historique et il est obligatoire de parler également d'Ousmane Dembélé, le joueur devenu leader offensif de l'équipe depuis le départ de Mbappé. Et, inévitablement, on pense au discours de Luis Enrique à l'ancien joueur du PSG sur Michael Jordan. Une causerie qui, au bout du compte, aura été suivi à la perfection durant toute la saison par le natif de Vernon. Hier soir, Dembélé a pris "par les c******* ses coéquipiers et s'est mis à défendre comme un fils de p***", comme l'avait si bien dit l'entraîneur espagnol. Un exemple pour tous. Et une performance qui, quand on connaît le football et le sport de haut niveau, n'est pas donné à tous et qui est digne des plus grands. Ça ne marquera pas les esprits du grand public, mais ça doit marquer les esprits des spécialistes et de ceux qui décerneront ce fameux trophée individuel le 22 septembre prochain. Oui, Ousmane Dembélé doit être Ballon d'or pour le football.
On terminera cette ode au football, au PSG, à Luis Enrique et Dembélé par un contre-argument important à souligner. La Ligue des champions remportée à Munich aura valu plus de 2 milliards d'euros. Fonds d'investissement rendu possible par l'un des états étrangers les plus riches du monde, le Qatar. Et dans ces conditions-là, il est clair qu'il est difficile de rivaliser pour d'autres clubs. Mais il est tout aussi vrai que Paris aura attendu 15 ans pour la soulever. Ancelotti, Blanc, Emery, Tuchel, Pochettino, Galtier, aucun n'aura réussi à la prendre, car il aura été nécessaire d'attendre que Nasser Al Khelaïfi comprenne qu'il devait déléguer les questions footballistiques à des professionnels du football : Luis Campos et Luis Enrique. Et à Munich, le football du PSG de Luis Enrique a fait oublier les coups de milliards du Qatar.
