Le licenciement de Xabi Alonso serait-il la solution aux problèmes du Real Madrid ?

Xabi Alonso lors de la rencontre entre le Real Madrid et Valence.
Xabi Alonso lors de la rencontre entre le Real Madrid et Valence. Photo par OSCAR DEL POZO / AFP

Pablo Gallego et Miguel Baeza, deux de nos rédacteurs, vous livrent leur point de vue sur la situation délicate que traverse actuellement l’entraîneur du Real Madrid, Xabi Alonso.

Virer Xabi Alonso ou comment remettre la patate chaude à demain - Pablo Gallego

Xabi Alonso n'est pas tout blanc. Il a son caractère, sa manière de communiquer, sa façon de voir le football, tout comme la vie… en bref, comme toute personne, des défauts. En revanche, s'il y a bien une chose qu'on ne peut lui retirer, c'est sa volonté de faire du bien sportivement au Real Madrid.

Avant de commencer, il est important de rappeler le contexte du personnage. Arriver en 2009 pour aider à reconstruire une équipe morte en Europe, le Basque est parti en 2014 en légende, sans faire de bruits, après avoir remporté la tant espérée Décima. Il est important de rappeler à ce groupe de joueurs que représente l'empreinte de Xabi Alonso dans l'histoire du club, lui, le cerveau d'une future génération dorée, permettant entre autres de débloquer une obsession traumatique de douze années de disette en C1. Rappelons donc à Vini, Valverde, Rodrygo, Camavinga, Bellingham et tous les autres, que sans leur coach actuel, il n'aurait très certainement jamais gagné la Ligue des champions. 

Toutefois, ceci n'est que détail. La réalité est que certains de ces joueurs semblent perdus, non pas d'un point de vue sportif, mais avec eux-mêmes. L'an passé, ces derniers critiquaient le "manque de travail tactique" sous Ancelotti jusqu'à faire filtrer leur désamour envers l'Italien. Aujourd'hui, ils nous font comprendre que Carletto leur manque et que Xabi Alonso n'est pas compatible avec leur manière de fonctionner, car ce dernier donne trop de consignes et s'éternise en séance vidéo. Où est la cohérence chez ces garçons ? Ou plutôt, voici une belle preuve d'incohérence, à la limite de l'absurde. 

Alors, qui est le problème ? Un coach qui tente d'instaurer des règles et une manière de travailler qui se rapproche de ce qui se fait dans tous les grands clubs européens ? Ou ces joueurs, se positionnant en mutin, incapable de suivre les conseils d'un homme qui a plus à apporter qu'à ôter.  

À cela s'ajoutent les réclamations de chacun et, par conséquent, un second souci. L'un voudrait le salaire de Cristiano Ronaldo, un second se croirait être Toni Kroos, un autre ne voudrait plus jouer au milieu après avoir goûté aux buts quand il était faux 9... Que fait la direction ? Celle qui a vendu Ozil, Di Maria, Cristiano Ronaldo, Sergio Ramos, Varane ou Casemiro sans remords ? 

La réalité est qu'elle est focalisée sur d'autres d'enjeux que le sportif : le stade, la structure du club, l'avenir du football… Si le terrain importe peu, elle s'est surtout laissé amadouer par certaines personnalités présentes dans ce vestiaire. Vinicius Jr en premier lieu. Oui, le temps passe, et Florentino Pérez est devenu trop affectif avec certains, laissant, sûrement malgré lui, Xabi Alonso seul face à sa réalité. Et c'est un problème, car un seul coup de poing sur la table du président et tout serait réglé. Alors non, un licenciement de Xabi Alonso ne résoudrait rien au Real Madrid, cela ne ferait que repousser le problème à demain. 

Vinicius Jr., l’un des dossiers mal gérés par Xabi Alonso - Miguel Baeza

Je vais être direct : se séparer de Xabi Alonso maintenant pourrait être bénéfique à améliorer l’ambiance du vestiaire avant la fin de la saison, même s'il est difficile de dire que ce soit la meilleure décision à long terme, car l’année prochaine, d’autres problèmes surgiront certainement, causés par les mêmes joueurs qui resteront dans l’effectif.

En effet, avec son caractère trop strict, le natif de Tolosa a d’emblée froissé les égos de certains dans le vestiaire, habitués au leadership tranquille de l’un des plus grands de l’histoire, Carlo Ancelotti. Le Basque, malheureusement, a voulu imposer sa loi de façon autoritaire et, parfois, sans toute la lucidité qu’on attend d’un entraîneur du Real Madrid. On pourrait dire qu’il rappelle par moments Rafa Benítez, même si les deux hommes ont une carrière différentes en tant que joueurs.

C’est justement là que le manque d’humilité rattrape l’ancien milieu de terrain à succès. Sa carrière de joueur est terminée. Désormais, son groupe voit en lui un entraîneur parmi tant d’autres, avec de très bonnes idées et une Bundesliga remportée de façon historique, mais un coach comme un autre. Et, quoi qu’il en veuille, il n’est ni Zidane ni Guardiola, capables de s’imposer par la seule force de leur aura.

Il aurait donc dû gagner un certain respect avant de se lancer dans certaines croisades où il a fait preuve d’incohérence. La principale bataille qu’il mène est celle qui l’oppose à Vinicius Jr, qui n’a pas toujours réagi de la meilleure manière, mais qui avait raison d’être mécontent lorsqu’il a été remplacé alors qu’il était le meilleur sur le terrain. Xabi Alonso a d'ailleurs reconnu son erreur, avant de retomber dans les mêmes travers.

Néanmoins, tout semble avoir basculé avec le retour de Bellingham. Sans que l’Anglais ait à le prouver, il est redevenu intouchable. Il n’a pas eu à faire ses preuves, et même s’il n’était pas au niveau physiquement pendant près d’un mois, cela n’a pas dérangé plus que cela le numéro 7 brésilien. Alors que oui, cela aurait dû le gêner, car une forme d'injustice a été créée à son égard.

En résumé, le poste de coach du Real Madrid est trop grand pour le Basque à ce stade de sa carrière. C’est un défi qui, s’il lui était arrivé un peu plus tard, lui aurait causé moins de maux de tête. Aujourd’hui, il manque cruellement de diplomatie, allant jusqu’à critiquer publiquement ses joueurs alors qu’il aurait pu régler cela en interne. La situation semble irréversible, d’autant plus qu’il a lui-même perdu le respect de son groupe, incapable de mettre en œuvre le projet avec lequel il est arrivé à Madrid, même si cela impliquait de mettre certains cadres sur le banc. Par conséquent, un départ parait inévitable et aiderait à remettre le Real Madrid sur de bons rails.