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La victoire du PSG en Ligue des Champions est la meilleure chose qui puisse arriver à l'OM

La statue de Bernard Tapie inaugurée le 16 mai dernier
La statue de Bernard Tapie inaugurée le 16 mai dernierChristophe SIMON / AFP
Depuis samedi soir, l'OM n'est plus l'unique club français à avoir soulever la coupe aux grandes oreilles. Un coup dur ? Non, plutôt une bénédiction pour le club phocéen.

L'ironie a voulu que, deux semaines après l'inauguration sur le parvis du Vélodrome d'une statue disproportionnée de Bernard Tapie porté en triomphe avec la Ligue des Champions dans les mains, le totem a déboulonné : PSG a rejoint l'OM au panthéon du football français. 32 ans et 5 jours plus tard, le club marseillais reste à jamais le premier club français à avoir remporté la Ligue des Champions mais il n'est désormais plus le seul.

La démonstration parisienne contre l'Inter a encore plus espanté les supporters phocéens dont certains ont espéré conjurer le sort en s'affublant, en vain, d'oripeaux nerazzurri. Une fois évacués tous les motifs qui font que les dépenses somptuaires et l'opacité persistante entourant la venue du Qatar au PSG ont conduit à ce sacre continental, le constat est sans appel : l'OM va enfin pouvoir conjuguer au futur et arrêter d'autant se tourner vers le passé. 

Le lien viscéral à Tapie, malgré le fait qu'il a abandonné le club en rase campagne après l'affaire VA/OM, relève de la relation toxique, du refus mordicus d'avouer qu'il a au moins fait autant de mal que de bien, comme si ce reniement valait excommunication. Ce refus de dresser un aggiornamento a perclus l'OM dans ses souvenirs qui, aussi beaux soient-ils, ont empêché toute remise en question pour aller de l'avant. 

Car même si cela n'a pas de commune mesure avec les capitaux qataris, l'OM a été le tout premier à bénéficier, dès 1996, de capitaux étrangers, ceux du Suisse Robert Louis-Dreyfus, propriétaire qui a plus comparu devant les tribunaux pour des histoires de transferts qu'il n'a célébré de titres. À peine 3 ans après la fin de l'ère Tapie et deux saisons de purgatoire en D2, l'OM avait tout pour remonter immédiatement tout en haut de la hiérarchie. Mais l'instabilité chronique, la main invisible du milieu, le retour foireux de Tapie au poste de directeur sportif, la cohorte de joueurs qui ont transité par la Commanderie par pelletées de 50, ont empêché tout développement d'un projet cohérent, susceptible d'attirer de nouveaux investisseurs. Et si l'OM avait été sain et performant, le PSG aurait-il autant intéressé Qatar ? 

En 32 ans et 5 jours, l'OM n'a remporté qu'un seul titre national, 4 trophées qui n'existent plus (3 Coupes de la Ligue, une Coupe Intertoto), disputé 3 finales de Coupe de l'UEFA/Ligue Europa (1999, 2004, 2018) dans la peau d'un outsider battu sans avoir inscrit le moindre but, un seul 1/4 de finale de Ligue des Champions dans un climat de défiance à l'égard de Didier Deschamps organisé par les propres supporters du club et à peine 3 finales de Coupe de France, également toutes perdues (PSG deux fois et Sochaux). Depuis l'arrivée de QSI, l'OM s'est complu dans un rôle victimaire, totalement incapable de s'élever pour contrer cette concurrence et quasi-systématiquement battu en affrontement direct. Le bilan est famélique pour un club d'une telle importance.

Depuis samedi soir, l'OM dans son intégralité doit renoncer à une partie de ses vieilles antiennes et c'est ce qui pouvait lui arriver de meilleur. À mesure de ne tirer sa gloire et sa fierté que sur un seul match remporté y a plus de 3 décennies, Marseille risque de faire l'amer constat que l'éternité, c'est long, très long, surtout vers la fin.