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FlashFocus : Le PSG ou comment la culture du collectif l'a amené aux portes d'un triplé historique

Luis Enrique et Luis Campos après la Coupe de France remportée samedi contre le Stade de Reims.
Luis Enrique et Luis Campos après la Coupe de France remportée samedi contre le Stade de Reims. FRANCK FIFE/AFP
Le Paris Saint-Germain joue gros samedi à l'Allianz-Arena : la possibilité de remporter sa première Ligue des champions de l'histoire, cette volonté devenue obsession pour QSI au fil du temps, tout en y ajoutant son premier triplé. Si le club de la capitale peut réaliser la saison parfaite, c'est parce que le collectif a pris place aux individualités.

Ligue 1, Coupe de France, Trophée des champions : le triplé national, c'est le tarif habituel et logique pour le Paris Saint-Germain depuis plusieurs saisons maintenant. Et quand le club de la capitale ne l'obtient pas, c'est là que les critiques envers la direction deviennent l'actualité et le quotidien de l'équipe. 

Mais cette saison 2024-2025 est particulière. Si Paris dispute sa deuxième finale de C1 en l'espace de cinq ans et peut remporter le premier "vrai" triplé de son histoire, c'est grâce à deux hommes en particulier : Luis Campos, le nouveau conseiller sportif du groupe QSI, et Luis Enrique, l'entraîneur qui a façonné une équipe de champions.

Luis Campos, le bâtisseur de l'ombre 

Architecte du nouveau PSG, le conseiller sportif Luis Campos a été prolongé jeudi dernier jusqu'en 2030. Une signature qui confirme la nouvelle orientation du club privilégiant l'esprit collectif aux stars, alors que le club s'apprête à jouer une nouvelle finale de Ligue des champions contre l'Inter. Une prolongation de cinq ans d'un directeur ou conseiller sportif est inhabituelle dans les clubs, qui préfèrent d'ordinaire des durées de trois à quatre ans. Cette prolongation est une manière de récompenser "l'un des meilleurs bilans en Europe" mais surtout de continuer le changement de politique décidé en 2023 avec l'arrivée de l'entraîneur Luis Enrique : fin de la politique des "stars, du strass et des paillettes" au profit d'une culture du collectif.

Le Portugais a largement contribué à la refonte de l'effectif, devenue nécessaire après les échecs répétés en Ligue des champions. À son arrivée en 2022, Campos doit d'abord gérer la fin de l'ère Messi-Neymar-Mbappé. Mais il lance parallèlement une nouvelle dynamique : ajouter à quelques joueurs d'expérience une flopée de jeunes prometteurs. L'idée pour le PSG est de "créer ses propres stars", selon le mot de l'entraîneur Luis Enrique. Et Campos, lui, veut des joueurs qui viennent pour le PSG et pas pour Paris. C'est dans cette optique-là que sont arrivés des joueurs comme Joao Neves.

La relation de confiance entre les deux Luis a été l'un des piliers du renouveau. Dans ses diverses conférences de presse, l'Espagnol avait d'ailleurs insisté sur sa volonté de continuer l'aventure au côté de Campos. Mais comment travaille-t-il au quotidien ? Ce dernier expliquait, en novembre 2023, à des étudiants de la Sorbonne : "J'ai bientôt 60 ans, je suis dans le football professionnel depuis 18 ans, et c'est une idée pour laquelle je me bats tous les jours : une équipe, c'est un puzzle de 22 ou 24 pièces". L'idée est simple : il y a une colonne vertébrale d'au moins un joueur par poste, à cela s'ajoutent des jeunes joueurs promis à une progression. Enfin, un seul critère est essentiel pour chacun : l'intelligence de jeu.

Avec Luis Enrique, place à un football cohérent 

Durant de nombreuses années, le PSG a essuyé des critiques – relativement justifiées – sur le comportement de son équipe. Et, plus largement, le club détenu par QSI a traîné une mauvaise réputation sur le plan du jeu. Trop individualiste, avare en efforts, mauvais comportements sur et en dehors des terrains, les Parisiens n'ont jamais fédéré autour d'eux. 

Pourtant, de Carlo Ancelotti à Christophe Galtier, les entraîneurs du Paris Saint-Germain ont tenté de mettre en place des systèmes afin de favoriser le collectif au détriment de l'individu. Cependant, ça n'a fonctionné que par intermittence. On pense notamment à l'équipe de Laurent Blanc lors de la saison 2015-2016, celle d'Unai Emery en 2016-2017, ainsi qu'à celle de Thomas Tuchel entre 2018 et 2020 ou encore celle de Mauricio Pochettino lors de l'exercice 2021-2022. 

À chaque fois, certaines personnalités prenaient le dessus. Il convient néanmoins de rappeler que la réalité était plus complexe que cela, mais le vestiaire parisien n'a jamais donné l'impression de jouer comme un seul homme. Après de multiples échecs en Ligue des champions, la direction a donc entamé un nouveau cycle au moment des départs de Lionel Messi et de Neymar, à l'été 2023. 

Il coïncide avec l'arrivée de Luis Enrique – réputé pour être un technicien exigent sur les aspects techniques et humains –, venu pour tenter une approche plus radicale que ses prédécesseurs. Fini les concessions, le groupe parisien doit suivre les instructions d'un technicien venu insuffler une philosophie de jeu bien précise : le jeu de position. Depuis, le PSG n'a jamais semblé aussi cohérent et performant.

Ousmane Dembélé, en route vers le Ballon d'or ?

Résultat des courses jusqu'ici : deux triplés nationaux consécutifs pour le Paris Saint-Germain avec, en Europe, un parcours jusqu'en demi-finale, puis en finale. Cette saison, Paris a dominé de la tête et des épaules la Ligue 1, concédant sa première défaite de la saison avant Arsenal contre l'OGC Nice. Le club de la capitale visait ce qu'aucun club européen n'avait réussi à faire dans les cinq championnats majeurs : finir la saison invaincue. Malheureusement, ce ne sera pas pour cette fois, mais peut-être que la finalité en vaudra la peine si Paris soulève sa première Ligue des champions

S'il y a bien un point sur lequel le PSG a passé un cap drastique cette année, c'est sur l'aspect mental. On peut le dire, le traumatisme a été surmonté, constat clair quand on voit le début de saison du club. Avant ce match couperet contre Manchester City en janvier, qui aurait pu les éliminer en cas de défaite, les Parisiens sont tombés face à Arsenal, le Bayern et l'Atlético de Madrid en phase de ligue. Paris jouait bien au football, avec une identité de jeu claire et nette, mais la balle n'entrait pas au fond des filets. Mais le coach et ses joueurs n'ont pas baissé les bras et ont attendu ce fameux déclic leur permettant ensuite d'atteindre des sommets à Anfield, Villa Park et l'Emirates. 

L'un des joueurs qui a caractérisé au mieux ce renouveau n'est autre qu'Ousmane Dembélé. Écarté de la convocation pour la rencontre face aux Gunners en octobre, le Français se remet la tête à l'endroit quelques mois plus tard, retrouve confiance et devient le leader offensif dont ce PSG avait tant besoin. Deux triplés consécutifs enclenchent la machine : à Stuttgart, le 29 janvier, et trois jours plus tard, rebelote en Ligue 1, à Brest, futur adversaire de barrages en C1. Le natif d'Evreux ne s'arrêtera pas, émargeant à 33 buts et 13 passes décisives toutes compétitions confondues avant le rendez-vous contre l'Inter. Dembélé est le symbole d'un collectif exceptionnel, de ce football cohérent, et aspirera forcément à la principale récompense individuelle en cas de victoire samedi : le Ballon d'or.