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Renee Slegers, l’adjointe devenue numéro 1 qui a permis à Arsenal d’y "croire"

Renee Slegers célébrant le titre de Ligue des champions, le 24 mai 2025.
Renee Slegers célébrant le titre de Ligue des champions, le 24 mai 2025.ZUMA Press Wire / Shutterstock Editorial / Profimedia
Nommée pour assurer l'intérim en remplacement de l'entraîneur Jonas Eidevall en octobre, puis confirmée en janvier après des premiers résultats positifs, Renee Slegers a réussi à amener Arsenal sur le toit de l’Europe, avec une victoire en finale face au Barça. Elle qui a changé le visage de l’équipe a aussi surtout réussi à "faire croire" toutes ses joueuses en leurs capacités.

Sur la pelouse du stade José Alvade au coup de sifflet final, Renee Slegers fuit les caméras. Pas question de célébrer avec les joueuses, non. L’entraîneure néerlandaise préfère les laisser célébrer entre elles, avec les fans. Elle a tout un staff à féliciter, qui forme une ronde en vitesse autour de leur boss. Tout s’est passé selon ses plans, même si elle admet : "Vous pouvez avoir toutes ces idées en tête et montrer des vidéos et des animations, utiliser votre tableau de tactiques, le faire à l’entraînement… Mais lorsque le moment est réellement venu, il faut l’exécuter en finale de Ligue des champions."

Le plan a fonctionné et Slegers, 36 ans, salue ses joueuses qui ont pris « toutes les bonnes décisions » sur le terrain. Depuis son banc, elle a aussi fait basculer la rencontre. À la 67e minute, l’entraîneure d’Arsenal fait entrer Beth Mead et Stina Blackstenius. Sept minutes plus tard, Mead sert Blackstenius dans la profondeur, qui ajuste Cata Coll pour marquer le but du 1-0. "Je plaisantais avec Beth après le match, je lui disais : 'Je te l'ai dit, donne la balle à Stina et elle marquera'", racontera-t-elle à DAZN au coup de sifflet final. Des mots qui témoignent de sa confiance en ses entrantes, mais aussi de l'environnement dans lequel elles évoluent. 

Croire en ses forces, dans le collectif

"Ce que nous avons essayé de faire depuis que je suis arrivée, c'est de créer un environnement propice aux performances des joueuses, de croire en chacune d'entre elles, de les responsabiliser et d'identifier leurs points forts", expliquait-elle en avant-match ne souhaitant pas se prononcer sur le fait qu’elle ait réussi, ou non, à faire progresser chacune de ses individualités durant la saison. Lorsqu’elle est nommée sur le banc d’Arsenal comme coach intérimaire le 15 octobre dernier, les Gunners sortent de deux défaites face à Chelsea (1-2) et au Bayern (2-5) et d’un match nul face à Everton (0-0). 

"Nous étions vraiment sur la mauvaise pente en début de saison. Et elle est venue et a juste donné beaucoup de confiance à l'équipe. Et je pense que c'est ce dont nous avions besoin. On avait juste besoin de croire en ce qu'on était capable de faire. Tout était là, il fallait juste qu’on le fasse ensemble", retrace Emily Fox en zone mixte après la victoire. "Il s'est passé tellement de choses cette saison et il y a eu tellement de moments difficiles. Nous nous sommes toujours battues et la conviction grandissait chaque jour de la saison", appuie sa coach. "Confiance", "croire", "foi", "conviction" sont les mots les plus utilisés par les joueuses d’Arsenal en cette fin de saison. 

"La croyance est un sujet dont nous avons beaucoup parlé en tant qu'équipe cette saison, admettait d’ailleurs Alessia Russo avant la rencontre. Je crois fermement en notre équipe, au vu de notre parcours et des performances que nous avons réalisées, nous savons de quoi nous sommes capables." Cette force mentale, Arsenal l’a usée mais l'a aussi nourrie au gré des remontadas : une victoire 3-0 en quart de finale retour de Ligue des champions face au Real Madrid après une défaite 2-0, une victoire 4-1 face à l’OL au Groupama Stadium en demi-finale, après avoir perdu 2-1 à domicile…

Un sens du détail qui fait la différence

Arsenal est une équipe résiliente. Elle est la première équipe de l’histoire de la Ligue des champions féminine à avoir remporté la compétition en étant passé par tous les tours de qualifications, d’une victoire 6-0 face au Rangers en tout début septembre à cette victoire 1-0 en finale. "Si vous mettez toutes les choses en perspective, le chemin parcouru cette saison, le fait de nous mettre en position de jouer une finale, c'est beaucoup de travail", répondait humblement Slegers à la veille du match. 

Mais si les Londoniennes ont su aller jusqu’au bout de cette compétition, c’est aussi pour des raisons tactiques. "Nous avons trouvé de nombreuses façons différentes de gagner cette saison, résumait Russo avant la partie. C'était une saison pleine de hauts et de bas, mais pleine d’enseignements." La capitaine Kim Little elle souligne "le sens du détail" de son entraîneure : "Renée, notre entraîneur adjoint Aaron, et notre staff, Romel, Kelly et Chris Bradley (entraîneur des coups de pied arrêtés), forment vraiment une machine qui fonctionne bien. Ils nous permettent d'avoir les bonnes informations pour pouvoir jouer des matches comme nous l'avons fait aujourd’hui."

Au milieu de terrain, Kim Little a par exemple reçu des informations sur quelles étaient les forces de Patri Guijarro, Alexia Putellas et Aitana Bonmati en face d’elle, comment elles exploitent leurs temps forts, quelles sont les lignes de passes préférentielles de chacune d’entre elles, l’orientation de leur corps… Et Renée Slegers salue la façon dont chacune les a exploitées : "Les joueuses ont reçu tellement d'informations avant le match et elles les ont appliquées et transférées si bien sur le terrain que c'est une performance incroyable de leur part."

Continuer d'écrire l'histoire

"Nous sommes une équipe spéciale qui a des joueuses de qualité mais qui sont prêtes à travailler l’une pour l’autre. C'est la clé. Nous sommes difficiles à défendre et qui se bat les unes pour les autres. C'est quelque chose que vous ne trouverez pas dans beaucoup de équipes", complète Fox. C’est cette solidité défensive et ce bloc compact capable d’un pressing constant, que saluait déjà Wendie Renard à l’issue de l’élimination de l’OL, qui a permis à Arsenal d’aller au bout de cette compétition de plus en plus exigeante en football féminin. 

Et Renée Slegers mesure l’importance de voir ce titre revenir à l’Emirates Stadium, 18 ans après : "J'étais au club en 2007 (une saison en post-formation avant de retourner aux Pays-Bas, ndlr) et j'ai donc une petite idée d’où vient le club. (…) Il y a tellement de gens qui s’investissent depuis si longtemps que je n'en suis qu'une toute petite partie." La Néerlandaise, qui s’est engagée avec Arsenal jusqu’en 2027 veut continuer d’écrire l’histoire : "Cette équipe a encore de beaux jours devant elle et c'est ce qui est le plus effrayant. Les filles vont partir en équipe nationale. Il y aura l'Euro (en Suisse au mois de juillet, NDLR), elles vont revenir et j’ai déjà hâte de faire plus avec elles."