Comment ça se passe pour vous, votre intégration en Allemagne ?
J'ai rejoint le reste de toute l'équipe début août. Donc, depuis ce temps là on travaille. Tout est nouveau aussi pour les joueuses qui étaient déjà là l'année dernière donc on essaie de construire un nouveau projet de jeu qui va correspondre aux attentes des fans mais aussi pour mettre en valeur l’équipe. On a énormément de qualité. Je suis très contente d'être ici, je ne m'attendais pas une autant de considération de la part des fans et du club. Je suis très surprise, j'adore la mentalité, j’adore comment se passe notre façon de travailler. Tout est nouveau pour moi, mais tout se passe bien, je prends mon temps. Il y a de grandes joueuses dans l'équipe, donc forcément la concurrence est rude. Mais je progresse, je travaille et j'espère que ça va me permettre de passer un cap pour être encore meilleure à l’avenir.
Et au niveau de la langue ?
L'allemand, c'est compliqué. On a des cours une fois par semaine, donc on les prend toutes ensemble parce que je ne suis pas toute seule ne pas comprendre la langue, on est quatre. Donc ça va déjà, on est plusieurs dans le même bateau. Pour l’instant je parle anglais et quand je suis arrivée ici mon anglais n’était pas très bon. Je progresse petit à petit et puis j'ai plein de coéquipières en or : elles me disent que mon anglais est top alors que je sais qu'il n’est pas bon du tout ! Mai elles sont vraiment incroyables, même le coach est super, à l’écoute… On a beaucoup d'adjoints aussi, ça m'aide parce que chaque adjoint a une spécificité vis-à-vis des joueuses et ça c'est top parce qu'on crée des connexions un peu plus fermées avec le staff. Ce que je n'avais pas connu forcément en France. Pour le moment, ça se passe bien. Les débuts étaient difficiles parce que forcément on est dans un autre pays, je suis loin de ma famille, loin de mes proches. J'étais au Paris FC, c'était un club très familial et on se connaissait tous et là tout est nouveau. Mais petit à petit je m'adapte et j'ai trouvé une autre famille ici à Wolfsburg, donc c'est top !
Tu disais que tu avais hâte de progresser là, de passer un cap, est ce que vous vous êtes sentie un peu obligée de quitter la France pour passer un cap ? Parce que je sais que vous aviez des offres en France, mais vous avez choisi d'aller à l’étranger.
Oui, j'ai eu la chance d'être convoitée par Lyon et Paris, qu'on retrouve en Ligue des champions. Donc je me dis que rien n’est lié au hasard. J’avais envie de connaître autre chose, je pense que je suis une Française qui a une mentalité différente et que je ne peux pas toujours correspondre à la mentalité qui est très ancrée en France. Je trouve qu'on est assez fermé d'esprit sur beaucoup de choses et j'avais envie de vivre une nouvelle expérience dans un gros club, une grosse écurie d’Europe, ce qu’est Wolfsburg. Quand ils sont venus vers moi, je n'ai pas réfléchi longtemps. Quand on voit les joueuses qu’il y a, c'est le championnat allemand… Je n’ai pas été prise à l’Euro, alors que pour moi j'avais fait une saison quand même qui était "statistiquement correct" et je m'étais dit que peut-être que pour passer ce cap il fallait partir de la France. Parce que j'étais quand même au Paris FC, troisième meilleur club de France, je figurais dans le classement des buteuses et des passeuses. Donc je me suis dit que pour passer ce cap peut-être qu'il fallait aller voir ailleurs et montrer que je peux m'imposer dans un championnat qui est plus rugueux.
Et vous en aviez discuté avec le sélectionneur à ce moment-là, de partir à l’étranger ?
Oui énormément, je l'ai appelé beaucoup de fois, parce que le mercato a été tumultueux et compliqué et j'ai beaucoup échangé avec lui. Je lui ai forcément demandé son avis et quand il a su que j'allais aller à Wolfsburg, il était ravi pour moi. Il m'a dit tout de suite que c'était un bon choix, parce que c'est un énorme club. Ça fait partie des écuries qui sont en vue et parmi les sept meilleurs clubs d'Europe donc j'ai une chance inouïe d'être là, je le sais. Je suis aux côtés de coéquipières qui sont incroyables et des joueuses qui chaque jour à l'entraînement m’impressionne, donc je fais mon maximum pour passer ces caps, pour vite rattraper un peu mon retard par rapport à elle. Parce que techniquement, moi déjà, j'ai fait que quelques journées de championnat, mais je vous le dis que le niveau par rapport au championnat de France, je pense que des équipes qui sont huitièmes dans notre Bundesliga, dans le championnat de France, elles seraient bien mieux placées. J'étais agréablement surprise par le championnat, par les équipes, par ma propre équipe et par la façon de penser ici à l’étranger.
Une question sur le match contre le PSG. Vous, c'est un adversaire que vous connaissez très bien. Est-ce que vous en avez parlé avec le coach, à vos coéquipières pour un peu les aider peut-être sur ce match là ?
Oui forcément que tout le monde m'a un peu charriée et questionnée sur ce match là. Même on a fait de la vidéo, il y a tout le monde qui me dit cette joueuse-là, cette joueuse-là. Et puis j'ai des amitiés avec certaines en plus, on s'entend très bien, on est en équipe de France aussi. C'est un match spécial pour moi. En plus, c'est Paris. J'avoue que moi, j'aurais préféré qu'on joue à Paris, mais c'est forcément mieux de les recevoir à la maison à Wolfsburg. Leur plan de jeu aussi a changé parce que Paolo César a pris l'équipe fin de saison, donc c'est aussi nouveau. Moi, je n'ai pas trop joué contre Paolo César, hormis en demi-finale de play-off. Tout est nouveau sur le plan de jeu. Je n'ai pas pu forcément aider là-dessus, mais c'est sûr que je connais bien cette équipe du Paris Saint-Germain et la mentalité de certaines joueuses. Donc j'espère que ça va tourner en notre faveur, mais en tout cas c'est sûr que ça sera un gros match.
Et vous comment vous analysez cette équipe du PSG ? Elle a beaucoup bougé cet été, il y a eu beaucoup de changements, beaucoup de nouvelles…
Oui, c'est sûr que l’équipe a beaucoup bougé. Le départ de Grace Geyoro aussi a fait mal. Je pense que c'était une top player, une cadre et l'âme de cette équipe. Donc je pense que c'est difficile pour le Paris Saint-Germain de se refaire de ça. Après il ne faut pas oublier qu'elles ont encore des joueuses qui sont fondamentales et qui sont des piliers en équipe de France, comme Elisa, Griedge, Sakina. Donc il faut faire attention. J'ai bien prévenu les filles aussi que ce n'est pas parce qu'il y avait eu beaucoup de départs qu'il ne fallait pas se méfier, parce qu'on sait que la Ligue des champions, ce n'est pas le championnat et qu'à chaque fois, on a une nouvelle équipe qu'on joue. Après, j'ai vu que le début de saison pour Paris avait été compliqué, contre Lens, contre Dijon. J'ai regardé le match. On a vu le match contre Lyon. Je pense que j'avais rarement vu ce résultat entre ces deux écuries. C'est compliqué, le temps que tout se mette en place, mais je suis persuadée que c'est une très belle équipe.
Personnellement vous êtes sur une belle série au niveau stats. Vous avez marqué en coupe et vous avez marqué après en championnat, ça y est, vous êtes lancée ?
Je ne sais pas si je suis lancée, mais on va dire que le coach m'a donné ma chance parce qu'il savait que c'était compliqué pour moi l'adaptation au début. Ça n'a vraiment pas été facile, mais ils sont super patients à l'écoute et bienveillants. Et ça, j'avoue que ça fait du bien parce qu'en France, on est vraiment pressé et on a tout de suite des attentes envers les nouvelles joueuses. Et là, rien qu'en trois mois, j'ai grandi sur ma mentalité. Je sais que je ne serai plus jamais la même derrière si jamais je retrouve, un club en France ou que je retrouve des Françaises. Vis-à-vis des étrangères, il faut être patient. Ils l'ont été, ils ont été bienveillants, ils m'ont donné ma chance. Forcément que je trouve plus de connexions, plus on joue ensemble, mieux c'est. C'est ça aussi qui entraîne peut-être des statistiques.
Après, je suis entourée d'incroyables joueuses qui me font des cadeaux. Si je ne les mettais pas au fond ce week-end, je pense que j'aurais eu des problèmes. Mais je suis très fière parce que je pense que c'est difficile dans cette ligue de mettre des buts. Et de le faire lors de ma première titularisation dans le XI, je pense que c’est bon pour ma confiance. On a beaucoup de gros matchs contre Paris, Bayern, Valarenga, Bayer Leverkusen. Nous avons un emploi du temps chargé et toutes les joueuses sont très importantes pour substituer le XI titulaire, pour le turnover. Nous avons une place importante dans le championnat et en Ligue des Champions. Et nous avons de grands objectifs. Je suis contente, j'espère que ça va continuer et pourquoi pas marquer contre le Paris Saint-Germain !