Comment ça va, comment se passe votre vie en Autriche ?
Franchement, très bien. C’est ma première fois à l’étranger, donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais je suis agréablement surprise. C’est aussi la première fois que je joue autant de matchs, donc il faut s’adapter au rythme. Mais c’est que du positif. Je suis un peu fatiguée parfois, mais tout va bien.
Qu’est-ce qui vous a surprise ?
L’environnement, la mentalité, les gens. J’adore la mentalité ici. C’est vraiment différent de la France, dès le premier jour je me suis sentie comme chez moi, que j’étais là depuis longtemps. L’accueil a été incroyable. Les gens du club sont toujours disponibles, surtout pour les étrangères. Si tu as le moindre problème, tu peux les appeler quand tu veux, c’est rassurant. Et après forcément quand tu te sens bien en dehors, tu te sens bien sur le terrain aussi.
J’imagine que vous parlez toujours en anglais au quotidien…
La langue ici c'est l'allemand mais comme ils sont habitués au fait qu'il y ait des joueuses étrangères, au début par exemple sur le terrain il y avait toujours la traduction en anglais. Même sur les rendez-vous qu'on avait. Maintenant on a décidé avec l’équipe qu’elles ne parleraient qu’allemand parce que c'est long de parler allemand puis de traduire en anglais. On va avoir des cours d'allemand mis à disposition par le club et puis on a toujours des joueuses qui peuvent nous traduire en anglais si vraiment on n’a pas compris. La majorité du temps je parle anglais avec les autres du vestiaire.
J'avais un niveau d’anglais "classique" français et quand tu n’as pas l'habitude de parler, c'est dur au début de commencer, mais ici ils te mettent vraiment à l'aise. J'ai jamais senti un jugement. Justement ils essaient de t'aider si tu ne parles pas trop. Au final, ça fait quasi trois mois que je suis là, mon anglais n’a jamais autant progressé que depuis que je suis là.
C'est comment la vie de joueuse professionnelle en Autriche ?
C’est quasiment comme en France. On s’entraîne tous les jours, parfois deux fois. Il y a des séances de muscu, des débriefs, des réunions. Les horaires changent selon les matchs pour qu’on ait du repos. Le reste du temps, on est libres.
Et au niveau des infrastructures ?
C'est top. Tout est autour du stade, on joue dans le stade à chaque match à domicile. Il y a au moins sept terrains d’entraînement. Franchement, rien à redire.
"Le niveau de la ligue est meilleur en France"
Vous avez eu le temps de visiter Sankt Pölten ? À quoi ça ressemble ?
C’est très propre, coloré, typique des pays d’Europe de l’Est. J'aime beaucoup les façades avec les couleurs rose, bleu… C’est pas très grand, mais c’est hyper mignon. C'est moins grand que Vienne et il y a moins de choses à visiter, il y a moins de monuments historiques etc. Mais dans le style c'est la même chose.
Ce sont vos coéquipières qui ont pris le temps de vous y amener ?
Ouais, on est allé 3-4 fois à Vienne. Et aussi parce que ma famille est venue une fois. J’adore cette ville honnêtement, c'est top. On a aussi fait des choses aux alentours qui sont connues. En vrai on n'a pas fait énormément de choses par rapport au temps que je suis là, mais c'est normal vu que je ne suis pas là en vacances. Mais dès qu'on a un peu de temps et qu'on n'est pas trop fatigué, on essaie forcément de profiter d'être là pour aller voir un peu le pays. C'est aussi le but.
Comment vous jugez le niveau de la ligue autrichienne par rapport à la France ?
Forcément le niveau de la ligue en général en France est meilleur et je le savais en venant ici mais par contre dans l’intensité, les duels, c'est différent. Il n'y a pas de match facile. Si tu demandes à Lyon en France, tu espères gagner quasi tous tes matchs, là tu as moins cette domination. Pour moi, le ressenti est un peu moins fort. Mais c'est pas du tout nul. Il y a quand même des oppositions. Et non, je trouve que le niveau général est quand même intéressant.
Et vous vous passez de Guingamp, où vous perdiez quand même assez souvent à Sankt Pölten qui se bat pour le titre, ça doit faire une différence, même au niveau mental.
Oui, forcément. Ça a aussi pesé, honnêtement, dans mon choix de me dire que j'allais lutter pour le titre. Quelque chose que je n'aurais jamais espéré parce qu'en France, c'est trop dur, honnêtement. Ou alors, il faut être dans les meilleures équipes. Quand tu passes une saison à perdre quasi tous tes matchs, tu ne prends plus vraiment de plaisir à la fin. Et c'était une donnée très importante pour moi quand je suis venue ici, de me dire que normalement je vais quand même reprendre du plaisir à enchaîner les victoires et à lutter pour des objectifs différents.
Vous avez la sensation d’être aussi plus considérée en Autriche ?
Je ne sais pas pour l’Autriche globalement, parce que je ne sais pas vraiment comment ça se passe dans les autres clubs. Il me semble, si je ne dis pas de bêtises, qu'il y a quelques clubs dans la ligue qui ne sont même pas professionnels. Donc je pense que si on prend dans la globalité, sur le développement du foot féminin on est au même niveau en général que tout ce qui se passe, à part l'Angleterre qui est vraiment pour moi au dessus encore aujourd'hui qui a fait des progrès énormes. Par contre dans le club ici même s'il y a quelques trucs encore où les garçons sont prioritaires je trouve que par contre on est considéré quasi à l’équivalent. Mais on sent que notre performance sportive est toute aussi importante que celle des garçons. On avait fait une réunion avec l'équipe des garçons et nous, et le président avait dit qu'ils voulaient vraiment que ce soit des objectifs communs de tout le club. Sur ça, c’est un step au-dessus.
"J'ai fait la visio et j’ai eu un peu le feeling"
Quand Sankt Pölten a fait une offre cet été vous avez hésité ?
Pour être très honnête au début je ne connaissais pas le club et ni le championnat autrichien. Je me suis ouvert l'opportunité d'écouter leur présentation du club, leurs objectifs, ce qu'ils attendaient de moi. Je me suis dit on sait jamais, le marché était un peu compliqué cette année et je n’avais pas non plus beaucoup d’offres. J'ai juste été convaincue par tout ce qu'ils m'ont dit. J'ai fait la visio et j’ai eu un peu le feeling. Je me suis dit que ça avait l'air quand même pas mal : les infrastructures, leurs objectifs, le fait qu’elles jouent la Ligue des champions depuis trois ans… Ça pèse aussi dans la balance. Et un peu leur considération parce que je pense que je suis une joueuse qui a besoin de sentir qu'on me veut vraiment. Et comme c'était en fin de mercato, je n'avais pas beaucoup de temps pour réfléchir. Elles reprenaient le championnat beaucoup plus tôt que nous. On était peut-être fin juin et on reprenait une semaine après, donc, je ne pouvais pas attendre deux semaines. Et je me suis dit, allez, j'y vais !
À la base vous ne vouliez pas quitter la France ?
Au départ non, pour être très honnête ce n'était pas l'objectif, je voulais vraiment m'imposer en France, montrer que je pouvais jouer plusieurs années à ce niveau-là, etc. Mais je pense qu'il faut aussi saisir les opportunités qui s'offrent à soi. Et je ne regrette pas du tout. Et je pense que c'était une très bonne chose pour moi, au final.
Et vous vous êtes décidée d'un coup ?
En un jour. J'ai eu le rendez-vous avec eux le samedi et le dimanche soir ou lundi matin, j'ai donné ma réponse. J'ai dit oui. Et entre les deux j’étais déjà en train de réfléchir si j'y vais, comment je gère. Et après, j'ai déménagé en cinq jours, en voiture. C’était si long, mais je ne regrette pas parce que je pense que c'est quand même plus simple d'avoir d'avoir sa voiture.
Ce n’était pas trop difficile de quitter la Bretagne ?
Je n’ai pas eu le temps de me dire je quitte la France, je quitte ma famille… Je me suis toujours dis que même si je suis très, très proche de ma famille, ça ne m'empêcherait jamais de faire des choses pour le foot. Parce qu'une carrière, c'est court et que c'est vraiment une parenthèse de ta vie où tu vas pouvoir voir plein de choses. Forcément au début, ça a été dur. Quand je suis arrivée ici, il y a un ou deux jours où je me suis demandé qu'est-ce que je faisais là. Mais avec le téléphone, la visio, tu gères mieux. Mon père est venu me rendre visite. Ça aussi fait du bien. Ils prennent aussi soin de nous dans le sens où dès qu'on a eu trois jours de libre, un week-end sans match, ils nous ont laissé quatre jours parce qu'ils savent qu'il y a beaucoup de joueuses étrangères et ils font en sorte qu'on puisse rentrer chez nous. J'ai pu rentrer une fois chez moi, mon père est venu. Ça a fait quand même des mini-breaks. Et puis je vais rentrer à Noël, donc ça passe quand même vite. En vrai, ça va.
"La Ligue des champions ? Ce n’est pas que j'avais fait une croix dessus..."
Vous parliez de l'argument de disputer la Ligue des champions. J'imagine que c'est un rêve pour vous de disputer une telle compétition.
Quand j'étais plus petite ou même quand j'avais 15-16 ans et que je savais que peut-être j'avais le niveau d’être professionnelle, t'as toujours des rêves de te dire : je veux jouer la Ligue des Champions, je veux jouer en équipe de France, etc. Mais c'est vrai que de par mon parcours particulier… Ce n’est pas que j'avais fait une croix dessus parce que je n’étais plus ambitieuse, mais c'est que je pensais être quand même assez lucide sur moi et qu'à un moment donné, tu vois aussi ton niveau et que ce n'est pas grave de se dire aujourd'hui je n'ai pas de niveau pour ça. C'est vrai que je n'avais pas espéré jouer la Ligue des champions et là c'est incroyable. C'est une chance unique et je pense que je ne réalise même pas encore.
Les barrages c'était un moment peut-être stressant pour vous ?
Forcément. Mais je pense plus qu’il y avait plus d'excitation que de stress. Après, tu as toujours la petite pression d'avant-match. Mais j'étais plus à me dire "kiffe le moment". C'était peut-être ma seule chance de jouer la Ligue des champions, etc. Le fait qu’on ait dans notre équipe des joueuses d’expérience, elles nous ont aidé à nous mettre à confiance.
Là vous allez retrouver l’OL Lyonnes, que vous avez joué en Première Ligue, ça change ?
Oui clairement. Après j'espérais qu'on ne tire pas d’équipes françaises parce que je les connais déjà et quand tu joues la Ligue des champions tu as envie de jouer contre d'autres équipes. Mais au final c’est la Ligue des champions, tu t'en fiches un peu, tu joues contre toutes les équipes. C'est top ! Ça va être bizarre je pense de jouer Lyon alors que je ne suis plus dans une équipe française mais ça va être quand même cool. Et en plus on joue dans le grand stade (au Groupama Stadium), donc ça aussi c’est top.
Il y a peut-être vos proches qui vont venir aussi j’imagine...
Malheureusement pas beaucoup parce que je viens de Nantes et que Lyon c’est quand même loin. Surtout que le match est en semaine donc tout le monde travaille. J’ai quelques amis qui vont essayer de venir, ça serait vraiment génial. Mais je sais que c'est compliqué pour eux de venir en pleine semaine, c’est à 8h de route ou même 1h d’avion… Si ça avait été Paris, ça aurait peut-être été un peu plus simple.
Vous les avez regardés les matchs de Lyon en début de saison ?
Ouais. Pas tous honnêtement, mais c'est vrai que moi je suis encore beaucoup la D1 parce que j'aime bien, que j'ai aussi des amis qui jouent et puis que je veux toujours suivre ça de près. On a regardé quelques matchs aussi forcément parce que c'est notre adversaire, mais je ne sais pas quoi dire de plus. Elles sont vraiment très très fortes.
Et pour vous, quelles armes a Sankt Pölten pour bouger un peu ces OL Lyonnes ?
Je pense qu'on a un style, on va dire en Autriche, un peu plus agressif qu'en France. On n’a rien à perdre dans ce match-là donc je pense qu'on essaiera de les embêter, de repousser au maximum le premier but et de voir si nous aussi après avec nos armes on peut essayer de les mettre en difficulté. Je ne pense pas qu'on va y aller dans juste l'optique de jouer contre Lyon. On va essayer de mettre en place nous aussi, nous, notre jeu, en s'adaptant forcément à leurs forces. Parce que tu ne peux pas non plus nier qu'elles ont les meilleures joueuses du monde dans leur équipe. Mais avec notre force collective, je pense qu'on peut essayer de les embêter un peu.
"On n'a rien à perdre"
Là, si on regarde votre calendrier, vous allez jouer aussi Chelsea, l’AS Roma, la Juventus…
Notre object premier c'était de se qualifier. Maintenant on n'y va pas que pour dire : "J'ai joué la Ligue des champions." Mais je pense qu'on a une position "d’outsider" où on n'a rien à perdre. Mais ça ne veut pas dire qu'on va se laisser battre par les équipes. On veut au moins essayer de ne pas avoir de regrets. S’il y avait plus fort que nous, il y a juste plus fort que nous et il faut l'accepter.
Vous parliez du fait que vous aviez perdu un peu le rêve de jouer la Ligue des champions. C'est surtout en rapport avec vos années de galère, où vous vous faites les croisés coup sur coup ?
Je ne suis pas quelqu'un qui regarde en arrière honnêtement. Là vous me le dites donc forcément je peux me dire que c'est une preuve de tout mon travail, que je l'ai mérité parce que je me suis accrochée et que j'ai tout fait pour pour revenir. Mais je n'ai aucun regret sur rien du tout. Ça a été des moments très difficiles, mais quand je regarde derrière je suis juste fière du chemin parcouru. C'était ma route entre guillemets et aujourd'hui je suis là pour une raison. Et oui c'est aussi un message d’espoir, même s'il n'y a pas beaucoup de gens qui me connaissent, qu'il n'y a rien qui est terminé, et qu'on peut, avec de la volonté, toujours traverser toutes les épreuves. Donc oui, forcément, un petit peu une revanche.
Comment vous avez vécu d'enchaîner tous ces croisés, ça doit être hyper dur mentalement…
Ouais ça a été ça a été très dur honnêtement. Sur le troisième, j'ai pensé le temps d’une journée à arrêter. Parce qu'à un moment donné, tu te demandes aussi si ton corps va encore supporter une nouvelle opération, si tu as la force toi d’encaisser une nouvelle opération, une nouvelle rééducation… Est-ce que tu vas retrouver ton niveau ? Parce que tu ne sais jamais ce qui peut arriver, etc. Mais je pense que j'ai ce caractère de finalement switcher assez vite. Et puis, j'aimais trop le foot. Je ne voyais pas ma vie sans le foot. Je pense que si j'avais beaucoup galéré lors des deux premiers croisés, que je n'avais jamais retrouvé mon niveau, j'aurais arrêté. Je n’aurais pas eu la force. Mais le fait d'avoir été bien entourée aussi, d'avoir toujours eu du soutien de ma famille, mes amis, le club, tout le monde, bah, ça te donne aussi de la force. Et, donc oui, trois croisés en trois ans ça a été des moments difficiles, mais maintenant, ça fait aussi la personne que je suis !
Et vous ne vivez pas avec la peur d'en faire encore un autre ?
Non jamais. J'ai toujours dit si après mes blessures j'arrive sur le terrain et j'ai peur, j’arrête. Je ne peux pas honnêtement jouer avec la peur, c'est un des pires sentiments qui puisse arriver. Je suis aussi heureuse de ne pas avoir ce feeling-là, sinon j'aurais arrêté. Là on est en octobre, je suis revenue qu'il y a quasi un an jour pour jour et j'ai eu la chance de finalement retrouver mon niveau assez rapidement. J'ai eu aussi des bas parce que dans une blessure c'est toujours comme ça : dès que tu reprends t'as l'euphorie, t'es là-haut, t'as l'énergie et puis après ça redescend parce qu'il faut quand même encaisser. On dit souvent qu'il faut un an ou deux ans pour retrouver son niveau et je trouve que d'enchaîner ça me permet aussi moi de me sentir mieux. J'ai vraiment l'impression d'être sur la bonne pente et de retrouver mon niveau.
"J'ai encore quelques douleurs qui peuvent arriver"
Vous vous sentez débarrassée des blessures ?
Alors, débarrassée, oui et non, parce que malgré tout, j'ai encore quelques douleurs qui peuvent arriver. Je ne suis pas débarrassée dans le sens où, quand tu es blessée gravement comme ça, tu dois vivre avec. Tu n'es plus la même joueuse. Ça veut dire que tu dois avoir plus de préparation en dehors du terrain, tu dois faire plus attention aux détails, mais pour moi ce n'est pas une charge. Tu vois, tu dois vivre avec, tu dois t'adapter, mais c'est ok.
Vous disiez justement que vous revenez à votre niveau. Là si on regarde les matchs, on a l'impression que vous êtes déjà importante dans le club, vous avez déjà eu le brassard de capitaine…
C'est sûr que je ne pouvais pas rêver mieux. Au début quand je suis arrivée, ça a été un petit peu difficile avec la langue, s'adapter au style de jeu, aux conditions, etc. Mais en une ou deux semaines, je me suis sentie très bien. Et je sais que c'est aussi beaucoup grâce à l'équipe, au club et à l’environnement. J’ai eu la chance lors des matchs amicaux de directement marquer et pour une joueuse offensive forcément ça te met en confiance. Ça m'a permis d'enchaîner les matchs, d'enchaîner aussi les performances. Tout ça s’est un petit peu bien goupillé pour moi. Après, le foot, des fois, c'est aussi des opportunités, de la chance et des bons moments. Et on va dire que j'ai réussi à attraper le bon moment, le bon wagon. Aujourd'hui, je me sens vraiment épanouie, comme si j'étais là depuis longtemps.
Vous êtes une leader technique, peut-être ?
J'ai toujours eu cette personnalité un petit peu de leader par la parole parce que je suis à l'aise en public. Tu as beaucoup de personnalités différentes dans le vestiaire et chaque vestiaire a besoin de personnalités différentes. Je n'ai pas été beaucoup capitaine dans ma carrière, et ce n'est pas forcément un objectif pour moi, honnêtement. Mais j'ai toujours eu, oui, ce naturel-là pour essayer de toujours encourager. J'aime bien parler. Moi aussi, ça m'aide d'être dans mon match. Je pense que le fait que j'ai rapidement pris la parole et me suis rapidement intégrée avec les filles, ça a aidé pour qu'elles pensent à moi comme capitaine. Même si, quand j'ai été capitaine c'est aussi parce qu'il y avait beaucoup de joueuses absentes. Ça m'a vraiment fait plaisir qu'elles pensent à moi et ça m'a aussi donné confiance pour la suite. J’étais très fière d'être capitaine d'une équipe étrangère mais avoir le brassard ou pas ne changera rien à ma personnalité qui est comme ça naturellement.
"Le football féminin évolue, il y a plus d’ouvertures, de transferts"
Il ya pas mal de joueuses du championnat de France sont parties à l'étranger cet été, c’est quelque chose que vous comprenez ?
C'est vrai que cet été ça a été assez particulier parce que finalement il y a beaucoup de joueuses étrangères qui sont arrivées en France et beaucoup de françaises qui sont parties à l’étranger. Forcément il y a eu des difficultés économiques et que je pense qu'il y a beaucoup de joueuses qui ont été un petit peu lassées qu'on mette ça en avant, d’entendre toujours les mêmes discours. Et je pense aussi qu'il y a beaucoup de joueuses dans mon cas qui n'avaient pas forcément beaucoup d'opportunités en France et quand tu as l'étranger qui se présente, tu sais que c’est une opportunité à saisir parce que ça fait aussi partie de ton travail. Je pense qu'on est curieuse de voir comment c’est, comme il y a je pense des joueuses étrangères qui sont curieuses de venir en France. Le football féminin évolue, il y a plus d’ouvertures, de transferts. Parce que chez les garçons finalement c'est très répandu, beaucoup de joueurs partent à l'étranger et beaucoup d'étrangers qui viennent en France.
Et parmi celles qui sont arrivées cet été à Sankt Pölten, il y a aussi Agathe Olivier, votre ancienne coéquipière à Guingamp. Quelle importance a-t-elle, d’avoir une autre Française avec vous dans le vestiaire ?
Elle a signé avant moi, donc elle ne savait pas que moi, j'allais venir. Par contre, moi, quand je devais prendre ma décision, je savais qu'elle avait déjà signé. Donc c'est vrai que c'est rassurant parce que tu sais que tu n'arrives quand même pas vraiment seule, que tu auras toujours un soutien, surtout que nous on se connaissait déjà d'avant. Mais je pense que j’aurais quand même pris la même décision même s'il n'y avait pas eu de Française. Et aussi je ne voulais pas non plus qu'on se repose que l'une sur l'autre parce qu'après tu t'enfermes. Mais je trouve qu'on a très bien géré ça. On a réussi vraiment à s'ouvrir aux autres et pas que à rester entre entre Françaises. Mais c'est vrai que ça fait vraiment du bien d'avoir un break et des fois de juste parler sans réfléchir.
Techniquement, comment vous vous définiriez vous comme joueuse ?
Une joueuse technique, avec une bonne vision du jeu et surtout très combative. J'aime beaucoup les matchs qui sont serrés. Souvent, on va dire que le cliché de la joueuse technique et de la vision du jeu, c'est que tu n'aimes pas trop les duels et tout, mais moi, j'aime bien aussi ça. Je suis un peu polyvalente.
Surtout que là, vous êtes un peu obligée d'être impactante dans les duels, vu ce que vous dites sur le championnat autrichien.
Ouais, ouais, ouais. C'est sûr que maintenant on comprend un petit peu la position de Lyon. Parce qu'en vrai Lyon, la plupart des équipes qu'elles affrontent en France, elles restent dans leur moitié terrain. Et moi c'est ce qui m'arrive là maintenant. Et donc tu as plus de duels, de longs ballons à gérer. Donc c'est différent mais c'est cool parce que ça me permet de progresser.
Vous vous voyez rester en Autriche ?
Je suis toujours quelqu'un qui vit au jour le jour. Je ne me projette pas vraiment. Mais là si je me fie à la façon dont je me sens, je vois la possibilité de rester. Après, tu ne peux jamais prédire, c'est impossible. Tu ne sais jamais quelle opportunité tu vas avoir, ce qui va se passer dans ta vie aussi… Mais là, sur le moment, oui, je me projette ici et je suis surtout très heureuse d'être là.