Comment ça va en ce début de saison ?
Ça va. Personnellement, ça va. On enchaîne quand même pas mal de matchs. C'est un peu dur physiquement, mais c'est mieux que de ne pas avoir de matchs.
Vous avez eu huit jours pour préparer ce match contre Chelsea, vu que ce week-end c'était de la coupe LFFP et que vous ne jouiez pas...
Ça aide parce qu'on a eu deux jours de repos après le premier match de Ligue des champions. Et là on est parti sur une semaine de cinq jours d'entraînement où on peut vraiment travailler ce qu'on a à travailler contre Chelsea. Donc c'est bien.
Qu'est ce que vous avez travaillé ?
On a travaillé comment attaquer comment défendre contre Chelsea. C'est particulier de jouer contre Chelsea parce que ça reste pour moi le plus grand club d'Angleterre, vu qu'elles sont sur une série où elles ne font que gagner en championnat. Donc en plus jouer à Stamford Bridge, c'est vraiment incroyable/
Vous vous aviez déjà joué contre Chelsea il y a deux ans, quels souvenirs vous gardez de ces matchs-là ?
Que c'est une équipe hyper athlétique et hyper efficace devant le but. Si tu leur laisses un peu d'espace, elles vont en profiter et elles vont marquer. Elles n'ont pratiquement que des internationales, donc peu importe l'équipe, peu importe la joueuse, ça sera du haut niveau.
En tant que défenseure c'est un peu stressant d'affronter tous ces attaquantes-là ?
Non pas forcément. Je dirais plus excitant. Tu veux toujours te confronter aux meilleures et c'est en jouant contre les meilleures que tu progresses. On essaie de visualiser un peu tous les profils et en fonction du profil qui sera dans ta zone, tu t'adaptes à la joueuse qui est face à toi. Il faut être dans l'anticipation, il faut toujours démarrer avant elles pour arriver avant elles au ballon.
Est-ce que vous pensez que le nouveau format de la Ligue des champions, avec cette phase de ligue, ça vous "avantage" parce que vous n'avez pas à les rejouer derrière ?
Moi j'aime beaucoup le nouveau format parce que tout est possible. La plus petite des équipes peut se qualifier directement et une très grosse équipe peut ne pas forcément passer en quarts de finale. Donc je trouve ça mieux que des matchs aller-retour.
On sait que Sandrine Soubeyrand, votre entraîneure, est peu adepte de mettre le bus derrière et d'attendre. Vous ne jouerez pas non plus comme ça face à Chelsea ?
Nous, peu importe l'adversaire, on veut toujours imposer notre jeu, même si c'est sûr que contre Chelsea, c'est complètement différent que contre une autre équipe. Mais non, on va pas mettre le but derrière, on va essayer de jouer. Il faudra aussi être très bonnes défensivement, pour pouvoir justement être bonnes offensivement.
Quand vous avez joué la saison passée contre Lyon, vous les aviez bien accrochées, mais en étant peut-être un peu plus derrière que ce que vous faisiez d'habitude en championnat. Est-ce que c'est un peu ce à quoi on peut s'attendre contre Chelsea ?
Contre Lyon, c'est parce qu'elles ont des profils qui prennent beaucoup la profondeur. Donc justement, il faut que ton bloc soit moins haut parce que si on laisse trop d'espace dans le dos, après, elles vont en profiter. C'est un peu leur qualité. Donc c'est normal de jouer un peu plus bas, mais on ne va pas non plus jouer complètement dans notre moitié de terrain.
Sur le premier match que vous avez joué face à Louvain, ce match nul 2-2 a un peu un goût amer. Qu'est-ce que vous gardez de ça ?
Oui, c'était un peu frustrant, mais on sait qu'c'est la Ligue des champions et que quand tu te relâches 5 minutes, tu te prends des buts. Et qu'il faut avoir plus de rigueur défensive pour pouvoir gagner les matchs.
Et vous pensez que c'est lié aussi au fait que peut-être l'équipe est jeune encore et qu'il y a pas mal de joueuses qui découvrent la Ligue des Champions ?
Non, pas forcément, parce que tout le monde est concerné, tout le monde rêve de jouer la Ligue des Champions. Donc justement, jouer en Ligue des Champions, normalement c'est censé te procurer encore plus de sensations, d'émotions. Non, je pense que c'était juste peut-être un manque de concentration défensive et qu'on l'a payé direct.
Là, quand vous préparez Chelsea, je m'imagine que vous avez un peu ça en tête.
Oui, on veut mieux faire. Faire mieux défensivement pour pouvoir bien attaquer.
Vous n'êtes pas nombreuses au sein de l'effectif actuel à avoir affronté Chelsea il y a deux ans en Ligue des champions parce que beaucoup de joueuses sont parties du Paris FC depuis, d'autres sont arrivées... Est-ce que celles qui comme vous ont joué ce match, vous avez donné un peu de conseils ?
Pas forcément parce que même l'équipe de Chelsea a beaucoup changé. Donc au final, il faudra s'adapter à l'équipe qui est là et l'équipe qui a joué il y a deux ans est complètement différente. Et en plus, elles ont changé de coach. Donc ce n'est pas du tout le même match.
Vous, comment vous estimez que vous avez progressé depuis ce match-là, il y a deux ans ?
J'ai pris plus en maturité défensive. J'essaye de commander un peu plus la défense. Et ça fait quand même deux ans que je joue pratiquement titulaire donc ça aide beaucoup.
En quoi cette expérience d'il y a deux ans va vous aider ?
Je ne sais pas si vraiment ça aide parce que, comme je vous ai dit, c'est un match complètement différent. Même si on a joué il y a deux ans, je pense que même celles qui viennent d'arriver vont se donner à fond et vont faire un match extraordinaire. On est quelques unes à savoir ce que c'est d'affronter Chelsea, une des meilleures équipes d'Europe, il faut rester bien focus en plus. En plus jouer à Stamford Bridge peut-être que ça va amener un plus en termes d'émotion. Ça va être différent donc il faut se concentrer sur le match et c'est tout.
Si on parle d'expérience en Ligue des champions, il y a deux ans vous aviez marqué les esprits individuellement en réussissant à contenir Alexandra Popp en barrages. Ça reste pour vous une de vos meilleures performances ?
Contre Wolfsburg, oui je pense. Contre Wolfsburg et contre le Real aussi. Je pense que ce sont mes meilleures performances en Ligue des Champions. C'est le genre de matchs qui font passer un cap, parce que moi j'ai, on va dire, un profil un peu atypique pour une centrale, et jouer contre Pop, qui fait deux fois ma taille, deux fois mon poids, et arriver à la contenir, c'est quand même bien. Donc tu prends en confiance et en maturité quand tu joues contre des adversaires comme ça.
Est-ce que c'est différent de jouer la Ligue des Champions pour une deuxième fois ?
Non, c'est toujours aussi beau de jouer la Ligue des Champions. Je dirais qu'il y a moins de stress parce qu'on est une équipe, pas une équipe surprise, mais pas une équipe qui vise à aller en finale. Donc ça reste quand même extraordinaire de jouer les phases de poule de Ligue des Champions. C'est toujours un rêve de jouer la Ligue des champions, toujours autant d'émotions. Quand il y a la musique qui passe quand tu rentres sur le terrain c'est toujours la même sensation.
Pourtant vous ça fait déjà six saisons que vous êtes dans le groupe professionnel...
Moi je suis vraiment je suis passionnée de foot. Même si dans quatre ou cinq ans je rejoue la Ligue des champions, ce sera toujours la même chose, toujours les mêmes émotions...
Cette saison avec ce nouveau format vous allez jouer contre Chelsea mais aussi le FC Barcelone, le Real Madrid, le Benfica...
C'est hypant ! Je pense que le stress n'est pas du tout de notre côté. Quand tu joues des adversaires contre le Barça, c'est vraiment une équipe rêvée. Je pense que toutes les joueuses ont envie de jouer contre le Barça.
Vous vous êtes fixé quel objectif ?
Gagner le maximum de matchs. C'est juste prendre du plaisir, gagner et on verra la suite.
Vous êtes déjà organisées peut-être pour récupérer des maillots ?
Non, franchement, on ne pense pas à ça, mais pourquoi pas. À Chelsea je pourrais demander celui de Keira Walsh, car j'aime beaucoup ce qu'elle fait.
Cet été vous avez prolongé au Paris FC mais ce n'était pas forcément attendu, vous auriez pu signer ailleurs en Angleterre. Comment vous avez vécu cette situation-là ?
Non c'est que le Paris FC avait un beau projet. On m'a expliqué le projet, on m'a fait comprendre que je pouvais être une joueuse cadre plus tard. On a quand même un bon effectif, on joue la Ligue des champions donc c'est ça aussi qui m'a fait rester. Être titulaire en Ligue des champions et titulaire n'importe quelle compétition c'est une motivation.
Qu'est-ce qui vous a motivée dans le projet du Paris FC ?
Évidemment, un nouvel investisseur qui peut mettre les moyens, qui veut mettre les moyens chez les féminines. Un beau projet sportif avec un bon recrutement. Un recrutement avec un effectif un peu plus jeune, pour pouvoir se construire aussi dans la durée. On est qualifié en Ligue des champions, on va essayer de refaire ça cette année. Je n'ai pas eu de regret de ne pas avoir signé à l'étranger.
En parlant d'être titulaire, aujourd'hui vous êtes titulaire au Paris FC. Pour vous qui êtes un pur produit de la région parisienne, entre le PUC, le PSG et donc le Paris FC, c'était important aussi pour vous de réussir à s'imposer dans un club de votre ville ?
Être titulaire dans le club de ma ville c'est incroyable. Quand je vois mes parents qui sont fiers de moi, quand je joue titulaire en Ligue des champions, en Première Ligue et qui sont là aux matchs, je les vois dans les tribunes, ça fait quelque chose. Ils sont là à tous les matchs à domicile.
Quand vous étiez capitaine chez les U19 du PSG, vous vous attendiez à avoir plus d'opportunités au club ?
Pas forcément, parce qu'à l'époque où j'étais, il y avait quand même beaucoup de monde. Je m'attendais à avoir une chance, évidemment. Mais au final, le Paris FC est venu me chercher et je pense que c'est le meilleur qui me soit arrivé.
Si on prend votre génération, vous êtes pas mal de joueuses de la région parisienne à vous retrouver aujourd'hui souvent en équipe de France chez les jeunes...
C'est urtout qu'on avait une très bonne génération au PSG. Et ce qui fait qu'individuellement, on a pu s'améliorer entre nous. On s'est aidés collectivement et individuellement. Il y a quand même un truc qui va rester gravé entre nous. On a quand même passé beaucoup d'années ensemble. On a passé deux ans à l'internat, 24 heures sur 24 ensemble donc oui ça renforce l'union.
On parlait du fait que c'était votre sixième saison en pro à 23 ans, vous quel regard vous portez sur tout ce chemin parcouru jusqu'à maintenant ?
Pour moi ce n'est que le début, quand on veut quelque chose, on veut toujours plus. L'année dernière j'ai gagné la coupe de France, on est encore qualifié en Ligue des champions mais on veut toujours plus. Il y a aussi l'équipe de France A, c'est un rêve aussi. Donc évidemment, on va essayer d'atteindre ce rêve-là. Je ne regarde pas trop derrière moi, plutôt devant.
Vous avez été formée en tant que latérale au PSG, mais aujourd'hui vous vous êtes fait une place en tant que centrale dans le XI du Paris FC. C'est quoi la différence entre les deux postes ?
Comme centrale, il y a plus de regard sur l'ensemble. Moi, je suis plus aussi dans l'anticipation je préfère techniquement, je suis aussi plus à l'aise en centrale pour pouvoir ressortir proprement les ballons. En latérale, j'aime bien aussi jouer latérale, même si c'est un poste complètement différent. Quand je suis latérale, je participe quand même plus offensivement que quand je suis centrale. Mais de toute façon peu importe où je joue, je serai contente. J'ai peut-être une petite préférence pour le poste de central, mais quand je joue latérale, je suis quand même très contente aussi.
Cette saison vous avez un peu alterné finalement entre les deux postes. Ce n'est pas trop compliqué de passer d'un poste à l'autre ?
Non, ça va, parce que j'ai quand même été formée en tant que latérale. Donc j'ai quand même des bases en tant que latérale. Quand on a besoin de moi en latérale, je vais en latérale. Quand on a besoin de moi en centrale, je vais en centrale.
La saison passée et même avant, vous aviez pas mal joué avec Théa Greboval. Là, cette saison, c'est plus avec Deja Davis. Déjà. C'est pareil de jouer avec l'une ou l'autre ?
Non, non, c'est pareil. Peu importe la paire de central qu'il y a, on communique bien, on s'entend bien. Donc, il n'y a pas de souci là-dessus. On a des profils complètement différents mais ce n'est pas parce que Deja Davis est plus "athlétique" que c'est elle qui va tout le temps aller aux duels. Elle aussi est très technique donc elle peut aussi faire de très belles relances. On est complémentaire avec nos qualités et la même chose pour Théa ou pour Deja aussi. Mais c'est toi avec
Vous parliez du côté plus physique de Deja. Votre coach vous décrit comme "un peu frêle". Comment vous réussissez à compenser ça en tant que défenseur centrale ?
J'ai vraiment une capacité d'anticipation. Donc, il faut toujours être là au bon moment. Et après, il faut évidemment être dur sur l'homme, comme dirait la coach. Mais essayer d'alterner entre les deux, entre l'anticipation et aussi l'impact physique.
Ça demande beaucoup de réflexion sur le terrain d'être tout le temps dans l'anticipation ?
Oui, de toute façon le poste de centrale, il faut toujours être concernée, toujours être concentré parce que ça peut partir à droite, à gauche, devant en profondeur.
Et vous avez fait du renforcement musculaire pour répondre un peu plus dans les duels ?
Oui, évidemment. Après je n'ai pas un profil à prendre de la masse, à prendre 20 kg comme ça, mais oui avec mes qualités j'arrive à rivaliser avec les meilleures attaquantes.
Et il y a une joueuse de Chelsea qui vous fait le plus peur qu'une autre ?
Peur ? Non, peut-être pas. Comme j'ai dit, Keira Walsh. Mais elle, c'est plus dans sa qualité technique. Elle a une qualité technique incroyable. Et Sandy Baltimore Baltimore évidemment, pour sa vitesse, sa qualité dans le dribble, dans les passes. T
Si je reprends les propos d'Antoine Ferreira, l'ancien recruteur du recrutement au PFC, il disait que vous aviez toutes les qualités pour vous imposer en équipe de France. Vous y croyez ?
Je ne sais pas si je suis loin ou pas. Moi, je fais mes performances sur le terrain. Après, c'est au coach d'en juger. Mais oui, c'est un rêve d'aller en équipe de France. C'est sûr que c'est dans un coin de la tête. Mais pour l'instant, je me focalise sur mes performances avec le Paris FC. Parce que pour aller en équipe de France, il faut quand même très bien jouer en club. Et après, si je suis prise, c'est incroyable.
Dans l'effectif, il y en a pas mal qui récemment sont montées en A. J'imagine que ça vous donne un peu envie...
Oui, c'est sûr. Quand tu vois tes coéquipières aller en équipe de France, toi aussi t'as envie d'y aller. Mais on parle pas trop de ça dans le vestiaire. On est vraiment focalisés sur le Paris FC. Évidememnt quand elles reviennent de trêve je leur pose des questions, mais ça reste entre nous.
Vous avez la nationalité algérienne, vous pourriez jouer pour l'Algérie. Mais votre choix a été fait ?
Oui, mon rêve, c'est l'équipe de France.
Vous êtes souvent appelée dans en équipe de France U23. Vous avez quel lien avec les A dans ces moments-là à Clairefontaine ?
Souvent, quand elles sont à Clairf', on est à Clairf' aussi. Le coach vient nous voir de temps en temps aux entraînements quand ils ont le temps, enfin quand on n'a pas les mêmes séances au même moment. Les matchs aussi, on est des matchs à Clairefontaine, même les filles viennent nous voir jouer. Notre coach des U23 est très proche du coach des A donc je pense aussi que ça aide à faire le lien entre les deux.
Vous c'est quoi toi votre objectif de carrière. Si on parle du graal ultime...
En club je dirais de remporter la Ligue des Champions et aller en équipe de France et remporter la Coupe du Monde. Et remporter la Ligue des Champions avec le Paris FC ce serait encore plus incroyable.