Elle aurait dû vivre cette saison comme celle de la confirmation, de retour à l’Olympique lyonnais après un prêt très réussi au Havre. Mais Ines Benyahia a vu son rêve presque s’envoler après avoir souffert d’une commotion cérébrale lors du stage de pré-saison avec les Fenottes à Tignes en août dernier. Après de longs mois de convalescence et de doute, la milieu offensive de 21 ans a fait son retour sur les terrains samedi soir, dans un derby où elle a même fini passeuse décisive sur son premier ballon (victoire 5-0). Un excellent timing pour l’OL, qui s’apprête à enchaîner les rencontres décisives en cette fin de saison.
Arrivée avec un grand sourire en zone mixte, Benyahia confie : "Je suis très heureuse ! En plus, on a fait une très bonne prestation, j'ai pu prendre du plaisir. C’était un moment compliqué, mais je suis fière de moi, car j'ai galéré, c'est le mot." Entrée à la 73ᵉ minute à la place d’Amel Majri, la native de Sète a touché ses premiers ballons en match officiel depuis la fin de saison dernière et une victoire 4-3 face à Guingamp, alors qu’elle évolue au Havre en prêt. À l’époque, celle qui avait été nommée meilleure jeune du championnat, avait marqué deux buts et délivré une passe décisive.
Une "grosse blessure invisible" qui lui pourrit la vie
Un grave choc à la tête mettra en suspens ses envies de briller avec son club formateur et la plonge même dans le noir complet. "J’ai été vraiment à l’arrêt total pendant deux mois, sans pouvoir rien faire. Je restais dans le noir sinon je n’étais pas bien. Si je me levais, je n’étais pas bien", raconte-t-elle dans une interview au Progrès le 3 mars dernier, alors qu’elle est de retour à l’entraînement collectif pour la première fois depuis août. Le diagnostic ? Une commotion cérébrale, que l’OL mettra du temps à révéler, alors que la jeune joueuse voit les symptômes s’aggraver jour après jour.
Pas question pour Ines Benyahia de vivre une convalescence classique, faite de parties de Play ou de séries, qui cumule les "maux de tête, les troubles de la vision, les vertiges". Elle raconte avoir dû être suivie psychologiquement pour tenir malgré cette "grosse blessure invisible", s’être réfugiée dans la musique et avoir eu besoin de beaucoup de soutien de ses proches. "J’ai déjà eu des blessures, parfois longues, mais à chaque fois, on a une durée de soins et une date prévisible de retour. On sait ce qu’il faut faire pour reprendre. Mais là, on ne sait pas", expliquait-elle, ajoutant qu’elle souffre encore de maux de tête.
Sur les réseaux sociaux, l’OL s’est fait un bonheur de communiquer dès que sa pépite a pu franchir chaque étape de sa convalescence : fin novembre lorsqu’elle fait son retour en salle, fin janvier quand elle retrouve seule les terrains d’entraînement, puis début mars avec tout le reste du groupe, entrée sous les applaudissements de ses coéquipières. Elle dit avoir eu peur de ne jamais revenir, mais a été rassurée par des professionnels de santé, en raison de son jeune âge. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir "tout perdu" sur le plan musculaire après son arrêt forcé de deux mois et d’avoir eu besoin de rééducation pour réadapter son cerveau à la prise d’informations sur un terrain.
Une "renaissance" après 200 jours loin des terrains
7 mois plus tard, Ines Benyahia entrevoit le bout du tunnel et publie un long message sur ses réseaux au lendemain de sa première apparition de la saison : "Hier, j’ai enfin rejoué. Une première victoire dans un long chemin vers la guérison. (…) Ce retour n’est pas juste un match, c’est une renaissance." La joueuse le reconnaît, "il reste du chemin", mais son retour et sa passe décisive sont autant de signes positifs pour elle que pour son club, qui entre dans une phase décisive entre Ligue des champions, derniers matchs de championnat et surtout play-offs, pour s’assurer le titre d’Arkema Première Ligue.
Elle qui n’avait pas forcément comme objectif de rejouer cette saison, mais surtout de pouvoir « rejouer un jour », est très fière d’être revenue « au top » de sa forme : "C'est ce que j'ai fait aujourd’hui ! Il faut que j'enchaîne les rencontres, même si on arrive en fin de saison et que forcément, avec les grosses parties à venir, ça pourrait être difficile. Je me concentre sur ma performance et sur l'équipe, c'est le plus important. S'il faut rentrer et faire le travail, je le ferai." Joe Montemurro, qui dispose déjà d’un effectif pléthorique, semble avoir confiance en sa jeune Française, internationale avec les U23, même s’il a pris toutes les précautions possibles avant son retour. À voir si cela suffit pour qu’Ines Benyahia retrouve du rythme et mette peu à peu de côté sa peur des duels à la tête.