Nombreux sont ceux qui pensaient que le Paris Saint-Germain payerait au prix fort une phase de poule de Ligue des champions bien hésitante. Et encore plus après avoir lâché le match aller à domicile contre Liverpool. Pourtant, les Parisiens ont réalisé un exploit homérique, fait tomber le probable futur champion d'Angleterre, et acquis en prime le statut de favori pour la suite de la compétition.
La suite, elle commence ce mercredi soir, avec la première manche des quarts de finale contre Aston Villa. Au Parc des Princes, personne n'imagine un autre résultat que la victoire du PSG, histoire de frapper de nouveau un grand coup. Mais il plane le risque éternel d'un poison pour un club aussi impressionnant depuis quelques mois : l'excès de confiance.
Pourtant, rien que les deux derniers matchs devraient avoir suffi à motiver les troupes. Une victoire sur Dunkerque pour rallier la finale de la Coupe de France, dans laquelle les Parisiens seront immensément favoris face à Reims. Puis, samedi dernier, l'apothéose avec un succès sur Angers qui a officialisé ce que tout le monde savait depuis août : un treizième titre national.

Mais quand on se penche sur le contenu... il n'y a vraiment pas de quoi pavoiser. Contre Dunkerque, le PSG s'est retrouvé mené 2-0, faute de réussir un alignement défensif correct, et a égalisé sur un but provenant d'un corner inexistant. Et c'est un miracle que les Parisiens aient réduit l'écart avant la pause, tant ils étaient dominés. Pendant 40 minutes, ils se sont fait "bouffer" par une équipe qui avait plus d'envie, mais aussi un plan fignolé au couteau. La logique a parlé, mais nul doute que l'explication de texte en espagnol a dû être savoureuse.
Pourtant, quatre jours plus tard, rien de transcendant non plus. Certes, les Parisiens ont dominé Angers comme attendu, mais à l'aide d'un petit but seulement, sans mettre une énergie folle, sans forcer outre mesure. Et une fois le score ouvert après la pause, gestion économique. On peut comprendre, avec un quart de Ligue des champions 4 jours après, mais le fait est que cela fait deux matchs d'affilée franchement pas rassurants. Et, sans prétendre que les Parisiens sont venus les mains dans les poches, qui ont transpiré l'excès de confiance.
Parce qu'avec plus de 75 % de possession contre un club de Ligue 2 puis un candidat au maintien dans l'élite, on s'attendait à autre chose. Certes, Dunkerque en a pris 4 au final, mais c'est la rançon de la gloire : depuis trois mois, le PSG marche sur l'eau, alors quand il ne le fait pas, on s'interroge, on se questionne. Luis Enrique a-t-il fait assez tourner ? Les joueurs choisissent-ils leurs matchs ? Cette saison est-elle vraiment différente des précédentes ?
Et surtout de la précédente. Car plus on regarde de près, plus cet Aston Villa a une tête de Dortmund 2024. Pas la meilleure équipe en lice, et donc un bon tirage, mais un club qui a prouvé sur la scène européenne cette saison (avec notamment une victoire sur le Bayern) pour terminer dans le Top 8. Un club qui a déjà réussi sa campagne européenne (premier quart de C1 depuis... le fabuleux doublé du début des années 80).
Et surtout, un club parfaitement apte, sur le papier, à profiter des effets de la pression possible pour le PSG. Et pas seulement parce qu'Unai Emery est un ancien de la maison, ou parce que Marco Asensio a pris l'Eurostar voilà trois mois. Un effectif de qualité, des noms connus, une série de sept victoires d'affilée toutes compétitions confondues, tout va pour le mieux à Birmingham.
Pendant ce temps, le PSG va devoir composer avec le statut de favori, comme il n'avait pas su le faire contre Dortmund la saison passée. Le tout après un exploit en allant gagner à Barcelone après avoir perdu au Parc à l'aller – le sort est coquin. Mais ce qui inquiète vraiment, c'est que pour la première fois depuis une éternité, on a vu dans le jeu parisien ce que tout entraîneur au monde déteste : de la suffisance.
Paris a sans doute pris de haut ses deux derniers adversaires. Jamais deux sans trois ? Ce serait surprenant de la part du technicien espagnol de ne pas y avoir remédié. Mais le fait est : que si Aston Villa venait gagner au Parc ce soir, l'optimisme ne serait pas mort, puisque après tout, après avoir gagné à Anfield, pourquoi pas à Villa Park ? La suffisance mène à la réaction au lieu de l'action, et le groupe a la qualité pour cela. Mais le but est de gagner la Ligue des champions. Et la finale, elle, ne se joue que sur un match...