À 62 ans, Eric Bidault a tout connu en 50 ans de supportérisme fiévreux, lui qui a été l'un des premiers animateurs de la tribune Boulogne du Parc des Princes. Tout, sauf le goût du sacre européen ultime. "Gagner, ce serait une délivrance, le bonheur... J'ai sept tatouages du PSG et j'attends une victoire pour en ajouter un", confie-t-il à l'AFP.
Connu par plusieurs générations de supporters sous le sobriquet "Giscard", il raconte : "tous les ans, je dis à ma femme en début de saison, 'cette année, elle est pour nous', et puis en janvier-février ça s'écroule, il y a des blessés, des suspendus... C'est la seule année où j'ai dit à ma femme 'ce ne sera pas pour nous' et on est en finale !"
La plus rude épreuve est sans doute l'attente : trois longues semaines depuis la qualification contre Arsenal, le 7 mai (2-1 au retour après 1-0 à l'aller). "Je ne dors plus depuis", souffle Eric Bidault. Ce livreur en région parisienne s'apprête à prendre la route pour Munich avec un ami et leurs deux fils.
"C'est un marathon, tous les matins au réveil ça me fait comme si j'attendais de voir ma copine dans 15 jours", s'exclame Brice Colmenero, 35 ans, négociateur immobilier.
Également confronté à cette interminable attente, Nicolas Bidalun, gestionnaire de paie à Pau, "n'a jamais vécu un truc pareil". "Je suis dégoûté, je suis à un mariage le 31. Mais je vais me débrouiller pour voir le match", sourit-il.
Rire nerveux
Il savoure l'atmosphère qui entoure le club au-delà même des cercles d'aficionados : "C'est la première fois que les gens, les médias ont envie de voir le PSG gagner, car c'est une équipe moins antipathique qu'avant, avec Neymar et compagnie, où il y avait ce côté star et caprice. Cette finale, c'est le moment le plus marquant de Qatar Sports Investments", propriétaire du PSG depuis 2011.
Léa Canches, 35 ans, avocate et supportrice depuis toujours, a aussi observé un profond changement : "j'ai senti une montée en puissance au fur et à mesure de la saison, match après match. (...) Je ressens des émotions que je n'avais jamais ressenties, je me dis que là ça va être la bonne. Mais on sait qu'avec le PSG tout peut se passer et que les traumatismes du passé ne sont pas totalement effacés".
En effet, à force de remontadas au fil des ans, la crainte d'une déception historique samedi le dispute au bonheur entrevu : "s'ils perdent, je rentre à Paris, je vais voir mon médecin et je fais une dépression", glisse Brice Colmenero.
Le jeune cadre, de quasiment tous les déplacements européens, n'est pas parvenu à mettre la main sur l'un des 18 000 billets pour Munich mis en vente par le PSG, en plusieurs vagues basées sur l'ancienneté d'abonnement et l'assiduité. Avec "énormément de potes qui n'ont pas eu de places", il se déplacera tout de même en espérant trouver preneur sur place, probablement au prix fort…
"Tout ça pour 90 minutes et une défaite 1-0", lâche-t-il avec un rire nerveux. Léa Canches balaie les doutes : "même s'ils sont menés, on a le sentiment qu'ils peuvent revenir tout le temps". Si bien que, assure-t-elle, "je ne vois pas le PSG ne pas gagner".