"La Ligue des champions a démarré il y a quatre mois, mais tout le monde ne parle que de ce match-là depuis le début", explique à l'AFP Benjamin Passart, 42 ans, patron du Lapin Rouge, le QG des supporters de l'En-Avant Guingamp, à quelques centaines de mètres du Stade de Roudourou.
Si le club breton évolue aujourd'hui en Ligue 2, il a déjà eu l'honneur de disputer des rencontres européennes, ainsi en 1996, lorsque l'Inter était venu s'imposer 3-0 au Roudourou. Mais, en termes de prestige, le Real Madrid écrase tout.
"Tout le monde aime le Real Madrid, tout le monde aime Mbappé. C'est vraiment un événement incroyable pour une petite ville comme Guingamp, on est ravis", ajoute-t-il. "Tout le monde en parle", assure aussi Didier Calvez, 50 ans, qui tient le Café des Sports en plein centre-ville.
Devant l'établissement, une trentaine de supporters espagnols participent à une visite guidée de cette commune de quelque 7 000 habitants, malgré la pluie continue. À leur attention, M. Calvez a mis une "paëlla espagnole" comme plat du jour. "Oui, c'est un clin d'œil", sourit-il.
L'hôtellerie et la restauration sont d'ailleurs les grands gagnants de ces matches de C1 qui remplissent l'enceinte guingampaise, d'une capacité de près de 20 000 spectateurs.
"Les Brestois aiment bien l'apéro"
Les trois hôtels de la ville ont affiché complet à chaque match et feront à nouveau le plein pour le barrage à venir. Sans vouloir révéler la hausse du chiffre d'affaires, le patron du Lapin Rouge concède que "les mois sont mieux quand il y a un match de champion, c'est sûr". Et la soirée du match contre le Real devrait être encore meilleure.
"D'habitude, les 2 000 supporters du Kop brestois vont directement au stade, et nous, on a les autres, soit 5 000-6 000 personnes, quand même. Mais là, ils se sont donné rendez-vous devant (le café) pour une fan walk (procession jusqu'au stade) avec drapeaux, fumigènes et tout. On devrait avoir 7 000-8 000 personnes autour du bar ce soir, pendant deux heures", précise-t-il.
"Et puis, les Brestois aiment bien l'apéro, donc ça consomme." La venue de Brest, dont le Stade Francis-Le-Blé ne répond pas aux critères de l'UEFA, avait initialement fait grincer des dents de deux côtés, mais les sentiments se sont adoucis au fil des exploits brestois.
"On ne l'a pas super bien pris", reconnaît Adrien le Bouvra, 24 ans, éducateur et supporter de Guingamp qui vient de retirer ses places pour le prochain match de L2, contre le Paris FC, à la boutique du club. Quand on évoque la rencontre du soir, on ressent une confusion des sentiments.
"Franchement, c'est cool"
Le Real, "c'est le plus gros club du monde. Franchement c'est cool d'avoir le Real au Roudourou. Mais en tant que supporters de Guingamp, on voit ça de loin. Brest, c'est pas notre club", tempère-t-il avant de conclure : "que le meilleur gagne".
"Sachant qu'il y a eu beaucoup de contentieux dans le temps entre Guingamp et Brest (...), j'irai jamais voir Brest", renchérit Yann Nogré, un retraité de 63 ans accoudé au comptoir du Café des Sports.
"Je ne vais même pas regarder le match. Mais je leur souhaite de gagner, hein !", ajoute-t-il. Come, 8 ans, qui vient d'acheter une écharpe de "l'En-Avant" à la boutique, n'est pas du même avis.
"Je suis pour le Real parce que c'est une grande équipe et il y a plein de joueurs forts", tranche-t-il, reconnaissant être déçu de ne pas pouvoir être au match "parce que c'était trop cher".
Les Guingampais accueilleront encore leurs cousins brestois mi-février, en barrage, avec l'espoir d'une nouvelle affiche. "Ça peut être PSG, ça peut être Manchester, le Bayern Munich, Dortmund...", énumère Benjamin Passart, qui a un souhait personnel.
"Lille, ça serait bien. Les supporters de Lille sont adorables, on les a déjà eus, quand Guingamp jouait en Ligue 1. Avec les Nordistes, ça se passe bien."