Désormais dans sa cinquième saison, la Ligue Conférence est devenue un rendez-vous incontournable du jeudi soir à travers le continent, où les outsiders et clubs moins connus d’Europe s’affrontent pour tenter de décrocher un trophée européen en fin de saison.
Cette magie européenne, tant célébrée en Ligue des champions et en Ligue Europa, se dilue inévitablement à mesure que l’on descend dans la hiérarchie.
Est-il temps, alors, de repenser la nature de cette compétition ?
À l’ePet Arena jeudi soir, Sparta Prague a infligé une lourde défaite à la lanterne rouge Aberdeen 3-0 pour conclure sa campagne de phase de championnat, terminant ainsi à la quatrième place du classement et évitant le tour de barrages grâce à un passage direct.
De nombreux sièges sont restés vides dans le stade. Le froid glacial de décembre, un match sans véritable enjeu et les festivités réputées de la ville ont tous joué un rôle dans la faible affluence, mais les spectateurs présents ont vu les locaux remaniés jouer avec énergie et détermination, le capitaine Lukas Haraslin se distinguant particulièrement.
Les supporters locaux ont donné de la voix tout au long du match, savourant la domination de leur équipe, tandis que les fans d’Aberdeen, venus en nombre malgré une campagne catastrophique pour le club écossais, se sont également fait entendre, terminant la phase sans victoire et avec seulement deux points.

Pour des équipes comme le Sparta, Strasbourg, AZ et Crystal Palace, il ne fait aucun doute que cette compétition représente une véritable opportunité de décrocher un trophée européen majeur, ce qu’aucun de ces clubs n’a encore réalisé dans son histoire. Elle a beau être considérée comme la compétition des "recalés", elle compte réellement pour ceux qui y sont engagés.
Les histoires écrites plus bas dans le classement resteront également gravées pour de nombreuses années. Les exploits de KuPS, Noah, Shkendija et Drita cette saison représentent une avancée majeure pour le football dans leurs pays respectifs.
Ailleurs, la Fiorentina poursuit son histoire d’amour avec la compétition. Toujours sans victoire en Serie A cette saison, le club s’est qualifié pour la suite, espérant atteindre la finale pour la troisième fois.
C’est là que réside le problème de cette compétition. Une équipe engluée en bas de tableau d’un grand championnat peut y connaître le succès, ce qui laisse penser à un manque de niveau et de réelle concurrence entre les « grosses » équipes et celles issues de nations moins réputées.
Quelles évolutions ?
La décision de l’UEFA d’intégrer 36 équipes à la Ligue Conférence apparaît comme une erreur. Associée à une phase de championnat réduite à seulement six matchs, elle laisse les équipes à la merci d’un tirage au sort qui peut avoir des conséquences majeures sur leur parcours.
Aucune équipe n’a ressenti cela plus qu’Aberdeen, déjà citée. Cinq des six adversaires affrontés ont terminé la phase de championnat dans le top 8, illustrant à quel point tout peut dépendre du hasard. Statistiquement, ils étaient annoncés derniers avant même le début de la compétition, alors finir avant-derniers peut être vu comme une maigre consolation.
Quand on sait que la Ligue des champions et la Ligue Europa proposent chacune huit rencontres, cela ne fait que reléguer davantage cette compétition dans l’ombre.
Certes, cette dernière journée occupe une place unique dans le calendrier, les deux autres compétitions ne reprenant qu’après le Nouvel An, mais même cela donne l’impression d’un rendez-vous secondaire, et non d’un événement pensé pour attirer la lumière.
Les amateurs de football suivent-ils vraiment ce marathon de 18 matchs, ou attendent-ils simplement les phases décisives pour s’y intéresser ?
Depuis l’introduction par l’UEFA du format de phase de championnat à travers l’Europe en 2024, les avis sont partagés. L’abandon du système classique de groupes a permis d’offrir des affiches plus relevées dès le début de saison, ce qui a enthousiasmé les supporters, mais cela n’a pas généré autant de surprises qu’espéré. Ajoutez à cela un nombre accru d’équipes et un classement interminable, et la compétition peine à susciter l’engouement escompté.
Dans la Ligue Conférence, ces problèmes semblent encore plus flagrants.
Un changement pourrait permettre à cette compétition de gagner en popularité auprès des fans – il suffit parfois de regarder en arrière pour imaginer l’avenir.
En limitant la compétition à 32 équipes au lieu de 36, elle pourrait devenir un tournoi à élimination directe, rappelant l’époque de l’ancienne Coupe d’Europe.
Cela allégerait le calendrier surchargé à travers l’Europe, offrirait plus de suspense dès le début et donnerait davantage de chances aux équipes moins attendues de créer la surprise. Les confrontations aller-retour sont déjà la norme après Noël dans ce tournoi. Pourquoi ne pas l’étendre à toute la saison ?
Plus de 100 équipes participent aux trois compétitions européennes – pourquoi ne pas s’amuser un peu avec la plus expérimentale des trois ? Sinon, elle risque de devenir un vestige du passé, reléguée aux archives aux côtés de la Coupe des villes de foires, de la Coupe Intertoto et de la Coupe des vainqueurs de coupe.
