Lors du dernier mercato hivernal, désireux de s'offrir un attaquant de pointe capable d'empiler les buts, Monaco avait jeté son dévolu sur Mika Biereth. Arrivé d'Autriche, l'avant-centre danois avait régalé avec 10 buts lors de ses 10 premières apparitions, dont trois triplés ! Mais, malgré un statut de titulaire en début de saison et une préparation réussie, il a lentement perdu du crédit, au point de cirer le banc désormais (149 minutes de jeu en cumulé sur ses cinq derniers matchs).
Bien sûr, Ansu Fati s'est rapidement imposé comme un élément clé de l'attaque monégasque. Mais il n'empêche que trois de ses cinq buts en Ligue 1 ont été inscrits sur pénalty, et que l'ASM recherche toujours ce buteur constant en terme d'efficacité. Et qu'elle pensait avoir trouvé à l'été 2023, quand elle avait recruté Folarin Balogun.
Impact remis en question
Quand on recrute un attaquant qui vient de planter 21 buts en une saison dans le même championnat, c'est pour qu'il n'y ait pas de problèmes d'adaptation. Au Stade de Reims, alors qu'il était prêté par Arsenal, l'Américain avait convaincu et même fait sensation. Vif, agile, le portrait-robot de l'attaquant du futur. Mais déjà, une interrogation : pourquoi les Gunners laissent-ils filer un attaquant annoncé aussi prometteur ?
Peut-être que la réponse est dans la question... En tout cas, une chose est sûre : Balogun entame sa troisième saison en Rouge et Blanc, et pour l'instant, son impact est difficilement mesurable. Tant par les chiffres (14 buts en 58 matchs toutes compétitions confondues), que par l'impression visuelle. Souvent décrié, on ne donnait d'ailleurs pas cher de sa peau sur le dernier mercato au vu de la concurrence scandinave.
Mais il est resté, et on ne sait si c'est par manque d'offres, ou si tout simplement le staff a préféré avoir de la profondeur en vue d'une campagne européenne dans laquelle l'ASM a des ambitions. Très vite, il a été réinstallé titulaire, a marqué dès son deuxième match juste avant la première trêve internationale, et curieusement, il a été relativement épargné lors de la mini-crise sur le Rocher.
Des chiffres peu engageants
Lors de la dernière trêve en date, au revoir Adi Hütter, bonjour Sébastien Pocognoli. Le nouveau boss monégasque a mis Balogun remplaçant pour son entrée en piste, l'a lancé à l'heure de jeu, et l'Américain a rendu la confiance en débloquant la situation. Un but où l'on a pu apercevoir ses qualités d'appui, de jeu de corps, et de finition. Tout ce dont l'ASM a besoin en somme.
Fort logiquement, il a donc été titularisé pour le match suivant, en Ligue des champions, contre Tottenham. Et on a alors vu l'autre facette de son équipe. Capable de débloquer un match fermé, il n'a pas réussi à faire de même dans une rencontre que son équipe a pourtant dominé outrageusement, et dans laquelle il a eu deux belles occasions.
Marquer comme joker et marquer comme titulaire sont deux choses différentes. Un joker veut prendre la place du titulaire avec ses performances, le titulaire doit marquer pour conserver sa place dans le XI, et a donc plus de pression. Et encore plus au niveau européen, et encore plus quand la campagne de son équipe est partie sur de très mauvais rails.
Mais voilà, la réalité chiffrée est ce qu'elle est : en deux saisons, Balogun a disputé six rencontres de Ligue des champions avec Monaco, et n'a inscrit aucun but. Résultat : deux des trois buts européens de l'ASM cette saison ont été inscrits par... des défenseurs (Jordan Teze et Eric Dier). Et durant ces trois matchs, l'Américain était bien titulaire.
La confiance est-elle justifiée ?
L'an dernier, perturbé par une blessure à l'épaule, il n'avait joué que 13 matchs en Ligue 1. On comprend, d'une certaine façon, la volonté de la direction de ne pas le prolonger et de lui donner une autre chance de briller. Mais qu'en est-il d'une réelle hiérarchie en attaque entre Biereth, Balogun et le supersub George Ilenikhena ? En conférence de presse ce mardi, Pocognoli a superbement botté en touche.
"Concernant la hiérarchie, je viens d’arriver et l’idée était de savoir ce que chacun pouvait apporter et améliorer à l’avenir. Il est donc trop tôt pour l’évoquer parce que je reste d’avis que Mika, Balo’ et George auront un grand rôle. Il n’y a en tout cas aucune raison qu’ils doutent parce qu’ils ont chacun eu leur moment de jouer, ce sera encore le cas cette semaine et celle qui arrive. Qu’ils jouent tout simplement avec confiance parce que j’ai pleinement confiance en eux. On doutait aussi de notre défense, on répond désormais présent. Il y a de bonnes choses individuellement et je pense que nos attaquants nous montrent également du positif depuis mon arrivée."

Un discours qui, finalement, n'avait pas varié de celui après le nul contre Tottenham, toujours en conférence de presse.
"Il (Balogun) est positif, car il a réussi une bonne prestation dans l’intensité et l’investissement. Il a tout bien fait même si un attaquant doit toujours essayer de marquer. Je suis quelqu’un qui voit toujours le verre à moitié plein et un attaquant a besoin de confiance. À Angers, il a fait la différence, aujourd’hui il est tombé sur un bon Vicario. Nous allons continuer à travailler avec Kevin Mirallas et je suis persuadé que nos attaquants trouveront le chemin des filets."
Outre le fait de parfaitement lancer une série de conférences de presse inutiles, le nouveau boss monégasque a donné un très beau cours de brosse à reluire. Mais s'il ne choisit pas encore officiellement, c'est sans doute parce que le choix ne s'impose pas. Et si, pour Biereth, on peut parler d'une crise de confiance, pour Balogun, on se demande surtout si on verra un jour le crack que l'on nous a promis. Et s'il fera la Coupe du monde à domicile l'année prochaine.
En attendant, Folarin Balogun est annoncé probable titulaire contre Nantes ce soir. Une équipe qui, malgré son piètre début de saison, possède la cinquième meilleure défense de Ligue 1. Mais sous les couleurs de Reims, l'Américain a marqué contre Marseille, Paris, Monaco, Lens, tous les cadors du championnat y sont passés. Et avec des coéquipiers bien moins cotés que ceux dont ils disposent actuellement. La qualité de l'adversaire importait alors peu, mais aujourd'hui, on attend juste qu'il devienne un buteur à 15 réalisations par saison. Et cela semble trop demander...
