Vendredi à la Commanderie, le centre d'entraînement de l'OM, l'alarme incendie a retenti, deux fois, après la conférence de presse. Comme s'il y avait besoin de rappeler que le club a pris feu il y a une semaine à Rennes, entre défaite inattendue (1-0) et violente bagarre entre Adrien Rabiot et Jonathan Rowe.
"Nous, dans le vestiaire, on a parlé entre nous, on a clarifié des choses. Et on a décidé que le focus, la chose la plus importante, c'était de jouer le match de demain, avec ambition, énergie, positivité", avait auparavant lancé le milieu de terrain Pierre-Emile Hojbjerg, envoyé devant la presse avec le statut de cadre et de démineur.
L'expérimenté Danois a géré l'affaire au métier, en en disant le moins possible, mais en français et avec le sourire.
"Je comprends que vous vouliez des réponses. Humainement, ça nous a tous marqués. Mais la chose la plus importante, c'est de sortir une bonne performance demain et de prendre les trois points, on en a besoin", a-t-il simplement répété.
"Choix courageux"
Avant lui, Roberto De Zerbi avait longuement présenté en italien sa version des faits, comparant l'altercation entre ses deux joueurs à "une bagarre de bar".
"C'est vrai qu'il n'y a pas eu de dents cassées pendant la bagarre, mais c'était une bagarre comme je n'en ai jamais vue dans toutes mes années de football. Pour la première fois de ma carrière, je ne savais pas quoi dire ni quoi faire", a-t-il ajouté.
Le technicien italien a aussi pointé la responsabilité de l'entourage de Rabiot, sa mère et agent Véronique en particulier, dans l'enchaînement ayant amené à cette situation de non-retour, qui le prive de l'un de ses joueurs majeurs, sans doute le plus performant de la saison dernière.
"Je crois que nous avons fait un choix courageux, qui sera bénéfique sur le long terme", a-t-il assuré.
Le propriétaire américain de l'OM, Frank McCourt, a apporté vendredi son soutien aux dirigeants et à l'entraîneur, insistant sur les "valeurs fondamentales: humilité, discipline, respect de l'autre, des hiérarchies et de l'institution".
Bain glacé
Pour l'instant, les bénéfices de la tempête qui a agité Marseille ne sautent pas aux yeux des supporters, abasourdis, inquiets ou simplement fatalistes pour les plus rompus à la nature explosive de leur club.
"C'est bien, ils se passent le fusil et chacun se tire une balle dans le pied à tour de rôle", a ainsi ironisé un responsable de groupe de supporters, interrogé par l'AFP.
Et comme tout va un peu de travers ces jours-ci à l'OM, De Zerbi devra par ailleurs composer samedi face au PFC avec de nombreuses absences. Rabiot et Rowe sont évidemment indisponibles, mais Facundo Medina et Geoffrey Kondogbia, touchés cette semaine à l'entraînement, le sont aussi. "Et il y a un doute pour Amine Harit...", a soupiré De Zerbi.
Le technicien italien, qui a promis n'avoir "jamais pensé" à démissionner, a aussi reconnu que le départ programmé de Rabiot allait l'obliger à "changer des choses" par rapport à ce qu'il avait travaillé pendant la préparation estivale. Il a évoqué "quatre, cinq, peut-être six joueurs" encore espérés. Pas simple à gérer à moins d'un mois du début de la Ligue des champions et à une semaine d'un premier sommet, à Lyon.
En attendant, une victoire face au PFC ce samedi pourrait contribuer à faire un peu baisser la température à l'OM. Sinon, Pierre-Emile Hojbjerg a proposé une solution. "Peut-être qu'au moment de rentrer aux vestiaires, on devrait tous se mettre la tête dans le bain froid, avec les glaçons."