Il aurait pu finir sa carrière sous les palmiers de Los Angeles, à sillonner le pays de l’oncle Sam au gré des matchs de MLS et jouer avec son pote Hugo Lloris. Mais après une saison d’exil en terres américaines, le meilleur buteur de l’histoire de l’équipe de France a décidé de rentrer au pays, treize ans après avoir quitté Montpellier. Direction le LOSC, dans une équipe qualifiée pour la Ligue Europa, un défi que "pensait pouvoir relever" Olivier Giroud en posant ses valises à Luchin.
S’il parle déjà au passé, c’est parce que le nouveau numéro 9 lillois a déjà fait taire tous ceux qui préféraient se souvenir de l’attaquant trainant son spleen à travers l’Amérique plutôt que celui qui faisait vibrer le Stade de France lors de chaque sortie en Bleu. Il ne lui fallu que onze minutes face à Brest lors de son premier match en Ligue 1 pour ouvrir le score et lancer un match fou (score final 3-3). Une frappe croisée du pied gauche dans la surface a fait lever tout le stade Francis Le Blé, curieux de (re)voir cette attraction de la Ligue 1.
Un premier match complet, 90 minutes et un but, avant de remettre ça dans le choc du dimanche soir une semaine plus tard face à Monaco. Alors que les deux équipes avaient chacune dominé une période et se dirigeaient vers le premier 0-0 d e la saison, Giroud est sorti de sa boite pour inscrire une frappe en pivot superbe et offrir aux Dogues leur premier succès de la saison devant un public déjà conquis par sa nouvelle recrue.
Igamane en renfort
Et les supporters lillois vont devoir s’habituer à voir son nom s’afficher sur les écrans géants et les compositions d’avant-match. Si certains ont pu penser que Giroud revenait en France pour une last dance commémorative, la légende des Bleus arrive plutôt avec l’ambition de fouler chaque pelouse de France, peut-être même comme titulaire. Son président Olivier Létang a énuméré : "nous avons six joueurs offensifs: Marius Broholm, Edon Zhegrova, Félix Correia, Osame Sahraoui, Matias Fernandez-Pardo et Olivier Giroud. Six joueurs pour trois postes, ça nous semble cohérent. On est plus en recherche active sur des joueurs à des positions défensives."
Bruno Genesio compte déjà sur son vétéran à temps plein. L’entraîneur n’est pour l’instant pas déçu : "quand vous arrivez à 38 ans dans un tel état de forme c’est qu’il y a du travail, de la passion du jeu. On ne parle pas assez de passion du foot, on parle d’objectifs individuels ou collectifs mais c’est important d’avoir cette passion. Et l’humilité. Depuis qu’il est arrivé j’échange beaucoup avec lui pour savoir s’il a besoin d’alléger certaines séances, mais non. Il veut toujours travailler, travailler autant que les autres voire plus. Il n’y a pas de hasard. Ce n’est pas un hasard s’il fait un tel début de saison."
Sa déception d’avoir manqué le but du 2-0 au bout du temps additionnel face à Monaco témoigne de son exigence envers lui-même : "on aurait pu être plus efficace, moi le premier, je suis un peu fâché contre moi pour le pénalty." Ce ballon envoyé en tribunes aux onze mètres restera anecdotique tant son nom a pu être scandé par le stade Pierre-Mauroy au coup de sifflet final. "L'intégration a été plutôt bonne, j'ai été accueilli par de supers mecs, un super staff et des gens au club passionnés et entiers, valide Giroud. Ce sont les valeurs que je partage, on s'est bien trouvé. Je suis heureux, je suis vraiment heureux de mes débuts ici."
Genesio voulait un "attaquant polyvalent" pour compléter son effectif. Ce n'était pas gagné mais il a eu gain de cause : Hamza Igamane est arrivé en provenance des Rangers vendredi.
Déjà un cadre dans le vestiaire
Le jeune Ayoub Bouaddi confirme sa bonne intégration et dit profiter d’avoir un tel joueur à ses côtés : "il apporte beaucoup de par son expérience, nous donne la bonne parole au bon moment. Dans son attitude il est exemplaire, sur le terrain il fait toujours les efforts. Il est toujours là pour nous pousser, nous encourager, ça fait du bien". En confiance et bénéficiant d’une confiance réciproque de son entraîneur, qui n’a comme seule priorité de "gérer au mieux son temps de jeu en vue de la Coupe d’Europe", Giroud risque de rester plus qu’un simple hit de l’été mais bien d’être l’indicateur de réussite de la saison lilloise.
"Je me sens bien physiquement. Je suis heureux sur le terrain, je prends du plaisir. Même si c'est un peu plus dur de récupérer avec l'âge, je suis prêt à enchaîner, assurait-il en zone mixte après le succès face à Monaco. Mais on aura besoin de tout le monde. Il y a des jeunes qui poussent derrière et à un moment donné, ils pourront aussi amener leur pierre à l'édifice. Tant que je me sens bien et que je pense apporter à l'équipe, pourquoi pas pousser jusqu'au bout. On sait que pour les attaquants, les occasions arrivent parfois à la dernière minute."
Avant une trêve où le buteur de bientôt 39 ans qui a définitivement tourné la page équipe de France aura du temps de se reposer, Lille se déplace à nouveau en Bretagne, cette fois-ci à Lorient. De quoi se rappeler aux bons souvenirs de débuts réussis à Brest et de confirmer son statut, déjà, de meilleur buteur du championnat…