Plus

Matthis Abline, et s'il valait vraiment 50 millions d'euros ?

Matthis Abline, et s'il valait vraiment 50 millions d'euros ?
Matthis Abline, et s'il valait vraiment 50 millions d'euros ?Photo par FRANCK FIFE / AFP

Après avoir tardé à lancer sa saison, Matthis Abline a signé deux énormes prestations lors des deux dernières sorties du FC Nantes pour rappeler aux suiveurs de la Ligue 1 toute l'étendue de son talent. Et si Kita avait raison ?

C’est ce qu’on appelle un score de dictateur. Invités à voter pour le "Canari du mois", les supporters nantais ont élu celui du mois d’octobre à la quasi unanimité : avec 85 % des voix, Matthis Abline est le chouchou du public de la Beaujoire. Et comment pourrait-il en être autrement ? Avec un effectif de plus en plus restreint année après année, le FC Nantes a deux certitudes cette saison : ses jeunes du centre de formation et… Abline. D’autant que ce vote de fin de mois arrive après deux chefs-d'œuvre du joueur formé à Rennes mais véritablement jaune et vert : un but extraordinaire pour offrir la victoire 2-1 face au Paris FC puis une passe décisive et un rôle de leader dans une défaite 5-3 assez folle face à l’AS Monaco.

Son entraîneur Luis Castro n’hésite d’ailleurs pas à lui remettre le trophée d’homme du match, malgré un score pas vraiment favorable aux Canaris : "Il s’était déjà procuré pas mal d’occasions, à Toulouse ou à Nice notamment. Je n’aime pas parler individuellement des joueurs, mais si on regarde le match d’aujourd’hui, je pense que c’est le meilleur joueur du match, dans les deux équipes. Je n’ai pas vu de joueur aussi influent sur cette partie."

Un été mouvementé

À lui seul, le numéro 10 nantais crée trois occasions, distribue quatre passes clés, récupère deux ballons, dispute 21 duels et en remporte la moitié… Le tout en combinant toutes ses qualités : dribble, changement de rythme, capacité à jouer dans les petits espaces, technique, vision du jeu, puissance et accélération. Il vole même la vedette à un autre jeune du XI, Herba Guirassy, pourtant auteur d’un doublé. Et s’il valait vraiment 50 millions d’euros, comme réclamait Waldemar Kita au mercato estival ? 

L’ironie du sort veut qu’Abline lance enfin sa saison 2025-26 sur la pelouse de Jean Bouin, là même où le Paris FC aurait rêvé de le voir évoluer sous les couleurs franciliennes. Un transfert qui ne s’est pas fait, la famille Arnault et consorts ne proposant pas assez pour convaincre Kita père et fils de lâcher leur pépite locale. Le LOSC, Rennes et l’OM se sont aussi cassés les dents au moment de négocier une potentielle arrivée de celui qui ne comptait alors que 9 buts et 2 passes décisives en 36 matchs. Des faux espoirs que peine d’abord à digérer l’attaquant de 22 ans, convaincu de pouvoir accéder à des équipes plus huppées après seulement deux saisons en bord de Loire.

Un golazo pour relancer la machine

Il traverse les premiers matchs de la saison tel un fantôme, démarrant même les trois premières journées sur le banc. Puis signe sa première passe décisive de la saison le 20 septembre face au Stade rennais, club qui l’avait repéré et post-formé après des années passées au sein de l’USJA Carquefou, en banlieue nantaise. Et pour la première fois, Abline, qui avait été critiqué par les supporters jaune et vert pour avoir voulu forcé son transfert, s’explique en zone mixte : "La situation est très bien comme elle est aujourd’hui. Franchement, je suis très content d’être ici. Il ne me manque pas grand-chose pour retrouver le chemin des filets. Je sais que les buts vont venir."

Il attendra finalement un 24 septembre et une rencontre très serrée face au Paris FC pour débloquer le compteur et réveiller un FC Nantes moribond qui n’avait plus gagné depuis deux mois. "Ce but va lui faire du bien, c’est normal, mais avant le but je ne le sentais pas stressé avec ça", sourit Luis Castro en conférence de presse, heureux de pouvoir compter sur celui qu’il qualifiait de "grand joueur" mais qu’il se préparait à perdre à chaque heure du mercato.

Marquer plus pour gagner plus

Abline revient en forme au meilleur moment pour les Canaris. Après avoir déjà affronté le PSG, Strasbourg et Monaco, Nantes a trois prochains matchs plutôt accessibles et ô combien importants pour un club qui vise le maintien : Metz ce dimanche, puis Le Havre et Lorient. Avant d’enchaîner avec Lyon et Lens. Et si ces adversaires ne devraient pas poser de problème au numéro 10 jaune et vert qui marche sur l’eau en ce moment, la jeune pousse née dans la région devra tout de même marquer plus de buts que ce que son arrière-garde encaisse. Le match face à Monaco ayant mis en lumière de nombreuses lacunes en défense et au milieu de terrain. 

Pour ça Matthis Abline a deux atouts dans sa poche : "l’instinct", celui qui le fait tenter sa volée sublime face au Paris FC, et son côté paternel tout neuf, sa femme ayant accouché d’un petit Ayden il y a de ça trois semaines. Les supporters nantais eux ont sans doute déjà oublié l’épisode tumultueux du mercato estival, après avoir vibré pendant 90 minutes devant une exhibition de leur numéro 10 qui leur a permis de croire jusqu’au bout à une éventuelle égalisation. Kita lui était sans doute visionnaire quand il clamait dans les colonnes de L’Équipe que son attaquant valait 50 millions d’euros. L’été prochain un autre feuilleton Abline risque de s’ouvrir et de se conclure sur une fin moins romantique. Alors les Nantais crieront tous "Abline", pour qu’il revienne.