Fort avec les faibles, faible avec les forts : c'est ainsi que l'on pourrait résumer le début de saison du RC Lens. Des victoires au Havre et contre Brest, des défaites face à Lyon et chez le PSG. Alors oui, les Sang et Or sont déjà bien au chaud en milieu de tableau, mais l'on se demande forcément s'ils ont ce qu'il faut pour concurrencer les ténors de Ligue 1.
Les Dogues ont la main
Cela tombe bien, c'est une catégorie d'équipes à laquelle appartient le Lille OSC. Le seul club autre que le PSG à avoir raflé un titre en Ligue 1 sur les 8 dernières saisons. Dans le Top 5 lors de six des sept derniers exercices. Un cador, par les chiffres et les résultats, mais aussi sur le terrain, comme le prouve le début de saison.
En effet, hormis le PSG qui est toujours dans sa propre dimension, le LOSC est le seul club invaincu en Ligue 1. Trois victoires et un nul, du réalisme à foison, une attaque de feu qui en a collé sept en 45 minutes à Lorient, magnifiée de surcroît par le retour déjà réussi d'Olivier Giroud : que demander de plus ? Une victoire dans le derby du Nord par exemple.
Une affiche importante pour la suprématie régionale, mais ces derniers temps, c'est Lille qui a la main. Trois victoires d'affilée, une invincibilité depuis six confrontations, clairement, la balance du derby penche vers le Nord plutôt que vers le Pas-de-Calais. Pire encore, les deux confrontations de l'an dernier ont dû laisser un sacré goût amer dans la bouche des Sang et Or.
Sage joue gros
Au match aller, à Bollaert-Delelis, Lens a dominé, a eu la possession, les occasions, les stats en sa faveur... et a craqué en encaissant deux buts dans les arrêts de jeu. Au retour, le RCL n'a pas fait un mauvais match, mais a subi une boulette de son désormais ex-gardien Matthew Ryan qui lui a coûté le match. De quoi avoir de sacrés regrets au moment de faire les comptes.
Néanmoins, il s'agira cette fois du premier derby de Pierre Sage sur le banc lensois, et indiscutablement, comme il l'a relaté en conférence de presse, l'ancien entraîneur de l'OL n'a pas pris la chose à la légère.
"On a voulu que les joueurs prennent conscience de la valeur de ce match. On a mis en place des choses cette semaine pour s’imprégner des valeurs du match de samedi. Côté staff, on a visité le Centre Historique de Minier la semaine dernière avant le déplacement à Paris. C’est un lieu très spécial, qui a aussi permis à certains membres du staff, originaires de la région, d’évoquer ce que représentent les mines pour eux. Certains ont perdu des membres de leur famille dans les mines. C’est à ce moment que l’on se rend compte de l’importance de ce lieu et des valeurs que le club partage avec son passé minier. J’ai juste envie d’aller sur le terrain et de vivre des émotions, car j’ai vu ce que pouvait engendrer la victoire dans le derby sur les gens de la région."
On peut juger que la ficelle sur le bassin minier est un peu grosse, mais elle est à la hauteur de l'importance de ce match pour le coach. Car on parle là d'un des entraîneurs de Ligue 1 qui n'a quasiment pas de détracteurs. Cela pourrait arriver si la machine ne décolle pas, et donc s'il perd son premier derby à la tête des Sang et Or. Car il a besoin de cette victoire référence pour marquer au fer rouge ses débuts dans le Pas-de-Calais, sauf que sportivement, accrocher un nul serait déjà un très bon résultat.
Problème, les ambitions lensoises sont élevées. Et notamment parce qu'en 2023, le RCL a terminé deuxième de Ligue 1 et a longtemps menacé le PSG. Mais cette saison-là était l'exception, non la règle. Depuis son retour en Ligue 1 en 2020, Lens a terminé 7e, 7e, 2e, 7e et 8e la saison dernière. Mais puisque les Sang et Or ont été capables de lutter avec les meilleurs pendant toute une saison, pourquoi ne pourraient-ils pas le faire de façon constante ?
Lille sans pression
Le LOSC, de son côté, jouera pour un morceau d'histoire : jamais les Dogues n'ont gagné quatre fois d'affilée le derby du Nord en championnat / Ligue 1. Un objectif sans doute suffisant pour que les joueurs se présentent gonflés à bloc. Et en homme d'expérience, Bruno Génésio a joué le jeu médiatique en conférence de presse.
"C’est un match spécial, avec un peu le même parfum qu’un Lyon – Saint-Etienne. Ce ne sont pas forcément nos meilleurs matchs mais ce sont de bons souvenirs avec deux victoires. Je le dis souvent, lorsque vous êtes joueur, coach, dirigeant, membre d’un staff, vous faîtes ce job avant tout pour vivre ce genre de matchs."
Il faut dire que le coach lillois a de quoi aborder sereinement la rencontre. Avec ce début de saison réussi, il peut se déplacer gonflé à bloc, oui, mais sans aucune pression : Lille restera dans le Top 5 en cas de défaite, et surtout, sera toujours devant Lens quoi qu'il arrive. Mais voilà qu'arrive la Ligue Europa jeudi, un duel au sommet contre Lyon dimanche prochain, et il serait bon d'entretenir la bonne passe actuelle pour engranger avant que le calendrier soit impossible.
Un problème que ne rencontrera pas Lens cette saison. Et qui fait qu'on se demande si Génésio fera tourner pour ce match. Mais quoi qu'il arrive, si tout le monde veut gagner, ce match est plus important pour Lens, qui peut lancer sa saison alors que pour Lille, c'est déjà le cas. Alors, à qui le derby du Nord ?