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"La situation a dégénéré à cause de l'entourage", affirme Roberto De Zerbi

De Zerbi à Rennes.
De Zerbi à Rennes.MATTHIEU MIRVILLE/DPPI via AFP

À la veille de la réception du Paris FC, Roberto De Zerbi s'est exprimé en conférence de presse. Il a évidemment pris la parole concernant la crise qui sévit à l'OM depuis le week-end dernier.

La crise actuelle : "Comme l'a dit Benatia, j'ai joué au foot pendant longtemps. Je suis habitué à parler de ce qui se passe dans les vestiaires, mais il faut mettre les choses en ordre. C'est nécessaire. Sur un lieu de travail, on a deux employés qui se frappent, comme dans un pub anglais, avec un coéquipier à terre parce qu'il avait perdu connaissance. L'employeur que doit-il faire en France ? Deux solutions : soit la suspension, soit le licenciement. Benatia et Longoria, on a parlé au téléphone samedi et dimanche. On a attendu lundi pour communiquer. Une décision nette : de mettre les joueurs à l'écart de l'effectif en attendant de voir leur ressenti. Dans un club de foot comme partout, il doit y avoir une hiérarchie. C'est le club avant tout. Avant les joueurs il y a le coach et le club. Dans l'histoire récente, Marseille a été acteur à cause d'un manque d'ordre, un manque d'éthique au sein du club. Donc on a été obligé de prendre cette décision juste, temporaire au début. C'est ce que devait faire le club. Cette bagarre, où les bodyguards doivent nous défendre, séparer les joueurs. C'est la seule fois où j'ai vu ça. Je viens de la rue, je suis habitué à ce genre de choses. Mais voir des bodyguards nous défendre...

Dans l'entourage de Rabiot, des choses fausses sont dites. Pas sur moi mais sur Pablo Longoria et Benatia. Moi, je suis sincère. Quand ils parlent du président en parlant de la "corruption", Pablo défendait alors son club. Rabiot, ce matin, il est venu après une semaine parler avec moi. Benatia avait un rapport proche avec Adrien. Plus que du foot. Son entourage sait qu'ils ont aidé Adrien, pour sa vie privée et le reste. Il allait au-delà de son rôle de directeur sportif, donc que sa mère les attaque, ça m'énerve. La mère a oublié deux choses : j'ai décidé de le rendre capitaine. Et en un an, j'ai eu plus d'attentions et de câlins pour son fils que pour mon propre fils. C'est une décision qui est juste, où l'apprécie en tant qu'homme. Mais sur le vestiaire et le club, on sait commander pour le bien de l'OM. Demain, on devra jouer sans Rowe ni Rabiot, ce n'est pas facile. J'aurais pu faire semblant et ne rien voir. Mais je ne perds pas ma dignité pour ne pas perdre le championnat; Moi je soutiendrai toujours le club. Oui ils ne se sont pas cassés les dents, mais cette bagarre je n'avais jamais vu ça. Je voyais le docteur qui essayait de réveiller l'autre joueur au sol, Rowe et Rabiot qui se battaient... Sur le terrain il faut montrer "les couilles " comme vous dites. Mais pas entre coéquipiers. Personne ne doit se voir plus fort que le club. D'autres joueurs forts ou d'autres entraîneurs forts, il y en a partout. Mais il faut réussir à garder notre comportement, pour rester à notre place. Sur le long terme, ce sera bénéfique."

Les conséquences : "Ce sont les faits : lundi, quand on a communiqué la décision aux joueurs, c'était temporaire. Ensuite ca a dégénéré pas à cause de l'OM mais de l'entourage. J'ai mis mon orgueil de côté. Mais je pense que je ne suis personne plus pour être plus important que Rabiot. Il existe une hiérarchie. Que la mère de Rabiot se permette de dire qu'on a donné une deuxième chance à Greenwood... C'est fou. On parle de vie privée là. Ce n'est pas juste de parler d'autres personnes. On parle d'une bagarre là dans un lieu de travail. Donc quand la mère de Rabiot dit que j'aboie, c'est vrai comme on le voit dans la série sur l'OM. Mais des fois je suis capable aussi d'embrasser, de montrer à Rabiot qu'on est derrière lui. Il y a 10 jours je lui ai dit, quand il cherchait une maison, que je lui donnais ma maison d'Aix-en-Provence et moi je vais à l'hôtel. Je l'ai fait pour Adrien. Mais je ne dois pas me prostituer pour un joueur qui nous fait gagner des matchs. Tout le monde doit respecter, de Vaz à Rabiot et Hojbjerg."

Ses qualités de manager : "Je sais tenir un groupe. Pendant 13 ans, je me suis occupé de groupes difficiles. Mais je n'ai jamais eu de problèmes à les gérer. J'essaie de me mettre à la place de tout le monde. Personne ne doit me marcher dessus. Si vous voulez on peut parler toute la journée de Rabiot, mais moi je réponds sans regarder de fiches ou les questions.. J'essaie d'être honnête et transparent. Je dois défendre mon club et la vérité."

Son sang-froid : "C'est difficile. Parce qu'on a tous été affectés avec ce qui s'est passé. Hier, quand je leur ai parlé, je leur ai dit qu'il fallait qu'on ait conscience d'avoir fait les choses de manière juste. Personne n'a enlevé le droit à quelqu'un d'être un joueur de foot. Moi, je fais mon travail d'entraîneur. C'est sûr que ce sera difficile demain de faire la compo. Medina, Kondogbia et peut-être Harit ne seront pas dispos. Maintenant Rabiot. Donc il faut que je prépare le groupe en deux jours, entre hier et aujourd'hui. On peut remporter ce match et se racheter après le match de Rennes, avec orgueil et fierté. Il faut aller de l'avant. Évidemment ça nous agace d'être le 22 août et d'être déjà dans cette situation... Après tout ce qu'on a fait l'an dernier, on a parlé de valeurs, de certaines choses au-delà du foot... et de se retrouver à se frapper dans le vestiaire. Moi je suis comme le père des joueurs. Donc ça ne m'a pas scandalisé, mais ça m'a touché et beaucoup énervé."

La crise préexistante ? : "Je ne pense pas. La saison n'est pas compromise, il y a peut-être des recrues, 4 5 ou 6. Des gens vont peut-être arriver. Donc appliquer des règles, c'est toujours positif. L'anarchie ne peut pas exister dans un club de foot. Après un an, je sais comment ça peut sortir ici. Chacun dit les choses comme il veut. Certains disent que c'était une question économique, c'est faux. Quand j'étais à Miami chez le propriétaire à Miami, avec Benatia et Pablo. Avant même de parler des recrues qui allait arriver, Medhi avait parlé des contrats de Rabiot, Hojbjerg, Greenwood, Balerdi. On avait l'ambition de faire bien les choses. Rabiot est écarté et c'est possible qu'il parte. Mais comme je l'ai dit, c'était nécessaire. Si deux employés se frappent dans leur environnement de travail, qu'est-ce qu'il se passe ? répondez-moi ?"

Rabiot : "Il s'est excusé. Il pense que la décision était trop grave, importante. Mais je lui ai dit que j'allais en parler aujourd'hui à la conf. Si lui avait été mon fils, j'aurais fait la même chose en tant qu'entraîneur. On peut souffrir, prendre une décision à contrecœur, c'était le cas. Mais des fois l'obligation passe devant. Je lui ai donné un conseil paternel. Mais lui maintenant verra ce qu'il veut faire."

Les supporters : "Je pense que les mots s'envolent. Donc c'est les actes qui comptent. ce qu'on fait dans notre travail. La décision forte a été prise, elle 'était obligatoire et importante. On va essayer demain de compléter l'équipe pour ne pas regretter l'absence de Rabiot. Ça va être difficile, car c'est un joueur d'un certain calibre. Mais vous avez sous les yeux ce qu'a fait le PSG: le PSG est devenu ce qu'il est quand il a fait attention à ce genre de choses, à sa dynamique. Rabiot reste quelqu'un de bien. Mais c'est son entourage qui a mal géré, c'est normal qu'un club écarte un joueur qui a fait ça. C'était normal de revenir de manière sincère, honnête, de se repentir. Regretter les gestes et les choses seraient revenues dans l'ordre. Je connais Pablo et Mehdi, ils ont des défauts mais se sont des personnes de cœur. Je suis sûr que la situation se serait arrangée. Ça a été mal géré. Voir les mots qui ont été utilisés par l'entourage de Rabiot... De cette manière tu romps les choses définitivement. Mais nous on ne voulait pas une rupture aussi concrète."

Les critiques de Benatia : "On fait les choses de manière coordonnées avec Medhi, donc je suis d'accord avec lui. On passe des heures au tel, on le sait. Beaucoup de choses changent au sein de la Commanderie. Les règles ont changé, comme dans tous les grands clubs. Si quelqu'un aime Marseille, veut que son club devienne grand, avec des règles à respecter. Quand le coach arrive au stade avec un costard et une cravate, vous pensez que ça me plait ? Non, mais ce sont les règles du club, donc je m'y plie. Après un peu de temps, il faut qu'il y ait une compréhension de l'effectif, de pourquoi il y a ces règles. Tu dois te soumettre aux règles. Ce n'est pas une dictature, c'est juste normal. Quand j'étais au centre de formation de l'AC Milan, il y avait déjà ces règles."

Changement tactique ? : "Il va falloir que je change oui. Ce qu'on a fait pendant la prépa, oui c'est sûr. Mais ça fait partie de mon travail. Le problème est qu'on a beaucoup travaillé sur un système. Mais on travaille tête baissée."

Un psychologue : "Non, on a parlé avec les joueurs. Il y a des joueurs qui sont venus me voir, ils ont dit ce qu'ils pensaient, leur point de vue. C'est une situation qui nous a tous embêté et touché. Mais pour jouer à l'OM, il faut être fort. Il faut être habitué à ces montagnes russes. Avant Rennes, on était dans une humeur totalement différente. Donc maintenant, il faut être fort pour pouvoir jouer ici, sinon c'est dur."

La démission : "Non, je n'y ai pas pensé."