L'Udol du RC Lens et bientôt de l'équipe de France ?

L'Udol du RC Lens et bientôt de l'équipe de France ?
L'Udol du RC Lens et bientôt de l'équipe de France ?Photo par MATTHIEU MIRVILLE / MATTHIEU MIRVILLE / DPPI VIA AFP

Arrivé au RC Lens durant l'été 2025 en provenance du FC Metz, Matthieu Udol s'est imposé comme l'une des très belles pioches du mercato artésien. À 29 ans, le défenseur français réalise un début de saison exceptionnel en Ligue 1, avec un rôle de latéral hybride, capable aussi bien de centrer que de créer le jeu depuis l'intérieur. Au point d'en faire un candidat pour l'équipe de France ?

Le 3 décembre dernier, Pierre Sage annonçait en conférence de presse un petit séisme : le départ de Deiver Machado vers le FC Nantes, lui l'historique du club présent depuis 2021 et le retour des Artésiens en Ligue 1. La faute à... Matthieu Udol. Le piston gauche français, recruté par le RC Lens contre 3,5 millions d'euros au mercato estival, n'a pas laissé la moindre miette à son concurrent dans le couloir et a disputé l'entièreté de chaque rencontre en championnat depuis le début de la saison.

Un retour en force inespéré pour celui qui jusqu'ici s'était moins fait connaître par son talent balle au pied que par ses passages à répétition à l'infirmerie. À 29 ans, Udol s'est déjà fait quatre fois les ligaments croisés (le dernier en 2021) et a donc grillé presque toutes ses chances d'opération future : au-delà de quatre reconstructions, les chirurgiens manquent de tendons disponibles sur le corps du blessé pour servir de greffons naturels. 

Quatre croisés mais un niveau constant

"J'ai songé à arrêter parce que ce n'est pas anodin de se blesser autant", confie d'ailleurs Udol à Ligue 1+ dans un long sujet sur son retour en force. L'ancien messin, qui a traversé toutes ces convalescences dans le club lorrain où il a passé 19 années, est étonnamment systématiquement bien revenu de ces blessures réputées pour briser des carrières, d'autant plus quand on joue latéral et que les courses sont autant répétées.

Mais malgré ce passé conséquent en matière de blessure, Lens décide de faire d'Udol l'une de ses recrues phares. "Lorsque j'étais à Lyon, à l'intersaison, j'avais déjà parlé de son profil, confiera Pierre Sage au journal L'Équipe en novembre. Mais la direction sportive avait recruté à ce moment-là Abner. Il m'a toujours tapé dans l'oeil, souffle l'entraîneur lensois. Je ne suis pas surpris du niveau qu'il affiche. Il était dans une équipe peut-être moins mise en avant, mais c'est un très, très bon joueur. Il le confirme ici. Je pense que Jean-Louis Leca est très content de l'avoir retenu."

Et Matthieu Udol est content de son choix. Dès la présaison, celui qui s'impose rapidement comme un leader du vestiaire s'affiche tout sourire en conférence de presse : "C'est un club familial qui me ressemble. Je n'ai pas du tout été déçu. De près ou de loin, c'est aussi un club que je trouve similaire au FC Metz, de par le bassin de population, les personnes et leurs origines. Il y a un public extraordinaire. Une ambition."

Polyvalent et performant

À son arrivée, Pierre Sage le prévient : celui qui est habitué à jouer latéral gauche dans une défense à 4 devrait évoluer comme axial gauche dans une défense à trois. Mais au premier choc qui se présente, l'ancien technicien lyonnais revient sur ses pas et l'aligne comme piston gauche face au PSG, profitant de la montée en puissance de Samson Baidoo et du retour de suspension de Jonathan Gradit pour le faire jouer sur le flanc gauche. Et Udol s'adapte très vite, au point de faire oublier Facundo Medina, parti à l'OM durant l'été, puis Deiver Machado, relégué sur le banc.

À Lens, il revisite le poste de piston, capable de passer de presque central gauche lorsqu'il faut apporter le surnombre en défense à celui de milieu de terrain voire numéro 10 en phase de possession, pour mieux distribuer et contrôler le jeu. S'il n'est pas la recrue la plus médiatique d'un mercato estival lensois marqué par l'arrivée de Florian Thauvin, Udol s'impose déjà comme un élément clé de l'animation lensoise et même comme l'un des meilleurs latéraux du top 5 européen, étant le 3e latéral qui crée le plus d'occasions derrière Federico Dimarco et Diego Moreira. Niveau stats, il compte deux passes décisives en 14 matchs.

Une "recrue parfaite" ?

Au-delà du terrain, le numéro 14 lensois a aussi marqué des points dans le coeur des supporters lensois, séduits par ses performances, sa constance et son éthique de travail, mais aussi par ses discours qui soulignent les valeurs portées par le RC Lens. Comme lorsqu'il fait part de son honneur d'avoir été parmi les joueurs retenus pour porter le maillot spécialement conçu pour la Sainte-Barbe dans une campagne de promotion. "Je suis fier d’être ici. Fier de porter ces couleurs et ce maillot qui, pour beaucoup, n’est pas juste un maillot, mais un symbole", écrit-il sur Twitter.

Preuve de cette intégration parfaite, le club a envoyé le piston en conférence ce jeudi alors que Lens entame cette 15e journée de Ligue 1 avec le statut de leader devant le PSG et avec donc l'obligation de gagner face au FC Nantes pour conserver sa place. Et les mots d'Udol résonnent comme ceux d'un capitaine : "On a ce statut qu'on veut garder et ça passe par continuer notre série de victoires actuelles. (...) On ne s'arrête pas à notre place actuelle. On voit tout ce qu'il nous reste à faire pour évoluer et progresser. Si on continue sur cette voie-là, pourquoi pas finir champion, bien sûr."

Le joueur de 29 ans pourrait même hériter du brassard à l'occasion de ce déplacement sur les bords de Loire, Adrien Thomasson étant suspendu pour accumulation de cartons jaunes, Jonathan Gradit étant gravement blessé et Florian Sotoca n'étant pas prévu pour être titulaire. Une reconnaissance de plus pour celui qui est déjà appelé "la recrue parfaite" par certains supporters. 

Une première convocation en équipe de France ?

S'il n'a pas été interrogé à ce sujet lors de cette même conférence de presse, les journalistes présentes à la Gaillette jeudi avaient une autre idée derrière la tête : l'équipe de France. À 29 ans, et avec un tel niveau de performance dans le club leader de Ligue 1, la question d'une sélection en équipe de France n'est plus tabou pour celui qui n'a jamais porté le maillot bleu, même chez les jeunes.

"Le fait que la saison collective et ma saison individuelle soient bonnes, ça donne des idées, répond honnêtement l'intéressé. Si le club fait une très belle saison, qu'on termine très haut au classement et que je continue à être performant comme je le suis, ça peut venir à l'idée de penser à l'équipe de France. Maintenant, ce n'est pas mon objectif premier aujourd'hui, c'est plutôt de finir le plus haut possible avec le RC Lens, de continuer à performer comme je le fais depuis le début de saison et on verra ce qu'il arrive plus tard."

Le secteur des latéraux gauches chez les Bleus est souvent un sujet de discussion, et le profil atypique d'Udol, combinant rigueur défensive, expérience et intelligence tactique, pourrait séduire le sélectionneur national, qui peut encore tester quelques joueurs à l'occasion des matchs amicaux de mars avant le Mondial 2026. Pour le moment, Matthieu Udol se concentre sur les objectifs lensois, mais une chose est certaine : en maintenant un tel niveau de jeu, le chemin vers Clairefontaine lui est grand ouvert.