Plus

Interview Flashscore - Mamadou Sarr (Strasbourg) : "Être lancé dans le grand bain directement, c'est ce qu'il me fallait"

Mamadou Sarr contre Toulouse
Mamadou Sarr contre ToulouseBaptiste Autissier / PsnewZ / Profimedia
Arrivé à Strasbourg avec l'étiquette de grande promesse au poste de défenseur central, Mamadou Sarr a immédiatement confirmé tout le bien qu'on pensait de lui au centre de formation de l'Olympique Lyonnais, un club qu'il retrouve ce vendredi soir en ouverture de la 27e journée de Ligue 1.

Flashscore : Vous débutez véritablement en Ligue 1 cette saison et vous affichez déjà une très grande maturité. On en oublie que vous n'avez que 19 ans !

Mamadou Sarr : on peut dire ça comme ça (sourire gêné). 

Vous êtes précédé par une réputation très flatteuse au centre de formation de l'Olympique Lyonnais et vous vous êtes immédiatement imposé au Racing. 

On pouvait se poser des questions par rapport à mes expériences passées à Lyon mais aussi à Molenbeek, en Belgique (il y a été prétê 6 mois la saison dernière, ndlr). Mais ça se passe très bien à Strasbourg et j'en suis très content. 

Vous avez évoqué la Belgique : en quoi votre passage vous a permis d'amorcer votre début de carrière ? 

Ça m'a d'abord forgé en tant qu'homme en dehors du terrain. Jouer devant beaucoup de spectateurs m'a permis de me retirer une certaine forme de pression par rapport à ça. En arrivant à Strasbourg, c'était un plus. 

Vous êtes également passé par le centre de formation du RC Lens. Quand on joue défenseur central à La Gaillette, on évoque inévitablement Raphaël Varane. Existait-il une attention spéciale sur vous par rapport à une éventuelle filiation ? 

Pour être défenseur central, il faut beaucoup plus de concentration. La moindre erreur se paye cash. Je n'ai pas ressenti une forme de pression parce que j'ai commencé au milieu. Quand je suis passé derrière, je ne me suis pas dit que si je me loupais, ça allait mettre l'équipe en difficulté. Il faut se mettre au niveau des coéquipiers, on a chacun notre part à faire. 

Vous faites partie d'une nouvelle génération de défenseurs axiaux qui, à l'image d'un Pau Cubarsí, ont une faculté à ne pas prendre le feu, à garder vos nerfs malgré votre jeune âge. Vous l'analysez comment ? 

Le coach Liam Rosenior prend le temps de travailler avec nous. Au début, ce n'était pas parfait, on commettait des erreurs et, d'ailleurs, on continuera à en faire. Mais il a voulu nous parler, pour nous expliquer ce qu'il voulait car, avec la façon dont on joue, il faut être serein. En fait, comme on ressort de derrière, beaucoup de ballons passent par nous, les centraux. Il faut donc être serein pour savoir sortir du pressing. 

Vous évoquez Liam Rosenior : il y avait des interrogations sur lui en début de saison car il n'avait jamais entraîné un club de l'élite et encore moins à l'étranger. Maintenant, il met tout le monde d'accord ?

Ce que lui et le staff demandent, c'est très clair, aussi bien défensivement qu'offensivement. Personne n'a de doute car tout le monde sait ce qu'il doit faire. Ça apporte de la sérénité. C'est ainsi qu'on avance tous ensemble, match après match. 

Mamadou Sarr sur l'état d'esprit du Racing
Mamadou Sarr sur l'état d'esprit du RacingBaptiste Autissier / Profimedia / Stats Perform

Votre plaque tournante au milieu est Andrey Santos, on a pu constater à de nombreuses reprises la connexion qu'il y avait avec des joueurs comme Diego Moreira. Comment s'articulent vos circuits de passes depuis l'arrière pour que cela fonctionne en match ?

Le but, c'est d'attirer l'adversaire parce qu'on sait qu'une fois qu'on a franchi le premier ou le deuxième rideau, il y aura beaucoup d'espaces ensuite, surtout qu'on a des pistons et des attaquants très rapides. Forcément, ça fait mal à l'adversaire. Quand on y parvient, il y a souvent au moins une occasion de but. 

Revenons à la défense : un central est souvent mieux dans sa tête quand il sait que son gardien est en confiance. C'est le cas avec Djordje Petrovic. Comment votre communication s'organise, surtout avec un tel effectif cosmopolite ?

On parle beaucoup en anglais. Le coach parle en anglais et son adjoint Kalifa Cissé traduit. Nous les joueurs essayons d'apprendre l'anglais pour faciliter la communication sur le terrain. Il faut qu'on se comprenne tous. Ce sont des bases, ce n'est pas lire un livre : "à gauche", "à droite", "ça arrive".  Et puis ça peut nous servir quand on part en vacances (sourire). Concernant "Petro", pour moi c'est l'un des meilleurs gardiens de Ligue 1, voire d'Europe. On est très serein avec lui dans les cages. 

Nous avions parlé avec Ismaël Doukouré en début de saison. Il paraît qu'Emanuel Emegha est un très bon ambianceur, vous confirmez ?

C'est quelqu'un qui ramène de la bonne humeur dans le vestiaire. Il a un profil très atypique. C'est quelqu'un de très vrai avec ses coéquipiers. Quand il faut être sérieux, il l'est, et quand on peut rigoler, on le fait. Avec lui, c'est chaque chose en son temps... mais c'est vrai que c'est un petit fou (rires). 

Ce vendredi, vous retrouvez l'OL. Son centre de formation est très réputé : que vous a-t-il apporté pour devenir un titulaire en Ligue 1 aussi jeune ?

Il y a beaucoup de qualité à Lyon, avec des éducateurs très forts car il y a une certaine façon de jouer à l'OL qui se retrouve dans les grandes équipes qui ont des centres de formation de haut niveau. Alors quand on débarque dans le monde pro, on s'adapte plus facilement que dans d'autres clubs. 

Votre transfert à Strasbourg vous a-t-il fait prendre conscience que vous alliez plonger directement dans le grand bain ?

J'ai été très bien accueilli par le staff et tous les joueurs. Ça m'a permis de vite m'adapter, d'autant que je connaissais déjà certains de mes coéquipiers. Être lancé dans le grand bain directement, c'est qu'il me fallait. Je pense que c'est ce qu'il faut pour tous les joueurs : un jour ou l'autre, il faut aller nager avec les autres. 

Quels sont les défenseurs que vous regardez le plus ?

Je regarde un peu de tout mais j'apprécie beaucoup Virgil van Dijk. Il y a aussi Ibrahima Konaté, William Saliba et Pau Cubarsí, même s'il est plus jeune que moi (rires). Íñigo Martínez a aussi un bon pied, j'aime aussi Gabriel. J'essaie de m'inspirer de chacun, je pioche un peu dans chaque défenseur. 

Mentalement, l'effectif du Racing semble s'adapter parfaitement au haut niveau, avec une émulation collective ? 

La pression, nous la gérons plutôt bien à Strasbourg parce que nous sommes jeunes, un peu feu follet, fougueux. Au fil des matches, à mesure qu'on gagne des matches, on s'en libère. On s'entend tous très bien et ça nous donne de la force. Après, il y a évidemment beaucoup de qualité dans le groupe. C'est pour ça qu'on est à cette place là en championnat et qu'on aspire à mieux. 

Jouer l'Europe, pour un tel effectif, ce serait aussi s'assurer l'émergence d'un projet sur plusieurs saisons, pas sur une seule ?

Il y a deux objectifs en un seul. Le premier, c'est de progresser comme joueur à titre individuel et en tant qu'équipe. Le deuxième, c'est d'essayer de développer le Racing, de l'emmener en Europe pour le faire perdurer dans le top de la Ligue 1. 

Strasbourg est à portée du Top 4 : vous vous permettez de rêver à la Ligue des Champions ? 

Dans un premier temps, pensons à l'Europe. On se posera la question de la Ligue des Champions au fil des matches. On prend vraiment match après match. D'abord, il y a Lyon. Et si on fait un bon résultat, on pensera à Reims, à Nice et ainsi de suite. 

Vous connaissez déjà votre calendrier de tête !

C'est parce qu'on l'a accroché dans le vestiaire (rires) ! Mais il ne faut pas se porter l'oeil.