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Eh mais démarquez-vous De Zerbi !

Roberto de Zerbi lors du PSG-OM
Roberto de Zerbi lors du PSG-OMFranck Fife / AFP
Depuis plusieurs semaines, l'OM n'est pas au mieux et conserve sa deuxième place au classement grâce à l'irrégularité de ses poursuivants. Contre Reims, les Phocéens ont l'occasion de se relancer mais le discours de Roberto de Zerbi montre des signes d'essoufflement.

Trois défaites lors des 4 derniers matches : l'Olympique de Marseille est dans le dur et voit la concurrence se rapprocher très sérieusement de sa 2e place. Monaco et Nice ne sont qu'à deux points, 4 de Lyon, 5 de Lille et 6 de Strasbourg.

L'OM affrontera deux membres de cette cohorte : Monaco à Louis-II lors de 29e journée et Lille à Pierre-Mauroy lors de la 32e. Deux matches qui pourraient valoir très cher, au sens plein du terme car une non-qualification en Ligue des Champions serait catastrophique pour les finances du club, sans même évoquer le volet sportif car une nouvelle absence dans la reine des compétitions serait un échec retentissant pour Pablo Longoria et sa direction. 

Derrière les chiffres bruts

Pierre-Emile Höjbjerg blessé pour plusieurs semaines : c'est un joueur clef qui manquera contre le Stade de Reims. Rien de fondamentalement préjudiciable contre une équipe qui a arraché un match nul contre Brest (0-0) avant la trêve pour mettre fin à une série de 8 défaites de rang. Pour autant, vu l'état des forces en présence, l'OM n'est plus vraiment sûr de rien, même si Adrien Rabiot et Ismaël Bennacer, incertains, seront finalement sur la feuille. 

Le "De Zerbi-ball" laisse à désirer et même s'il s'agit d'un plan triennal, les faits demeurent beaucoup moins flamboyants que l'annonce initiale. Car si lus bruts, les chiffres offensifs sont bons, dans le détail, le bilan est moins reluisant. Ainsi, contre les trois derniers, l'OM a fait du gras avec 17 buts (7 contre Saint-Étienne en 2 matches, 5 contre Montpellier et 5 contre Le Havre). Cela fait 32% des 53 buts marqués en 26 journées. Une fois retranchés, cela fait une moyenne d'1,64 but par match. Contre les équipes de haut de tableau, donc du PSG à Brest, l'OM a marqué 15 fois dont 5 contre les Pirates lors de la première journée lors de la phase aller. Sur la phase retour, après avoir affronté Strasbourg, Nice, Lyon, Lens et le PSG, le total est de 5. 

Dans un championnat homogène et irrégulier (sorti du PSG évidemment), les Marseillais auraient dû avoir une marge plus élevée sur ses rivaux. RDZ a évoqué le budget du PSG lors de la conférence de presse d'après-Classique et si le leader bénéficie d'une marge ample vis-à-vis des 17 autres clubs de championnat (860M€ pour la saison 2024-2025), l'OM n'est pas à plaindre par rapport au reste de l'élite (275M€ contre 240 pour l'OL, 165 pour Monaco, 150 pour Nice et 100 pour Lille). Lui-même est, selon L'Equipe, mieux payé que ses joueurs avec 550.000€ bruts mensuels (contre 500 pour Höjbjerg, Rabiot et 450 pour Mason Greenwood et Geoffrey Kondogbia). 

Baisse de rendement

Mais au-delà de l'aspect pécunier, c'est sur le plan du jeu que le bât blesse. Guère étonnant avec un effectif mal bâti, désordonné à chaque mercato. De Zerbi s'en est d'ailleurs pris en public à Luis Henrique et surtout Greenwood quant à leur engagement sur le terrain, même s'il a voulu atténuer ses propos concernant l'ancien joueur de Manchester United. Un comble tant le Brésilien est un miraculé et que l'Anglais ne peut pas se permettre le luxe de ne pas se dépouiller pour un club qui a cyniquement fermé les yeux sur ses agissements hors terrain. Quant au reste de l'effectif, il est bien moins reluisant que ce qui a pu être vendu l'été dernier.

De Zerbi emmène-t-il ses joueurs avec lui dans son projet ? Et finalement, est-il un coach réellement offensif qui permet à son équipe de s'élever quand le niveau augmente ? Le doute est permis, d'autant que, défensivement, la baisse de rendement se vérifie également : 10 buts encaissés contre les équipes du haut de tableau lors de la phase aller et déjà 9 en 5 matches sur la phase retour.

Preuve qu'il y a tout de même un problème latent, RDZ a demandé ce vendredi en conférence de presse d'avant-match de "jouer avec les couilles". Quand on invoque l'utilisation des parties génitales pour un match de football, le doute est permis quant aux aptitudes réelles de chacun. Un discours aussi rudimentaire à une période aussi importante laisse pantois quant à la hauteur de rémunération du technicien transalpin... 

D'un point de vue de spectateur, seuls les deux matches contre Lyon ont offert du spectacle contre un adversaire de valeur. Pour le reste, il faut se contenter des montagnes russes contre Lille en Coupe de France pour proposer un frisson. C'est très mince surtout quand le bilan est rapporté aux sempiternelles gérémiades démagogiques qui attisent les supporters pour faire oublier la pauvreté du niveau global. 

Pour l'heure, l'OM conserve sa deuxième place mais doit absolument trouver un second souffle pour ne pas éviter de glisser et tout perdre. De Zerbi a-t-il la capacité d'insuffler ce regain de forme ou, comme cela a pu arriver à Sassuolo et Brighton, la fin de saison s'achèvera-t-elle en pente douce ? À la seule différence que l'OM n'a pas vocation à se satisfaire d'une qualification en Ligue Europa et que le projet annoncé en début de saison était censé être bien plus ambitieux sur le terrain.