Débuter un match de Ligue des Champions à Santiago-Bernabéu avec six nouveaux joueurs qui n'ont encore jamais évolué ensemble : le risque pris par Roberto de Zerbi était immense et il a failli coûter très cher pendant le premier quart d'heure contre un Real Madrid sans réussite. Pour autant, l'Olympique de Marseille n'a pas sombré et a fait mieux que tenir la dragée haute à la Casa Blanca, sauvée de la contre-performance par un penalty providentiel et polémique.
Des certitudes malgré la défaite
Plus que le résultat, c'est la manière qu'il faut retenir pour l'OM, même si RDZ n'a pu s'empêcher de parler d'un manque de courage de son équipe quand elle s'est retrouvée en supériorité numérique, ne précisant pas si la remarque valait également pour lui qui s'était montré très timoré dans ses choix de remplacements.
Les Olympiens avaient tout pour prendre un raz-de-marée : ils sont repartis de Madrid avec quelques satisfactions sur leurs capacités à bien jouer contre de grands clubs. Ça tombe bien, il y a un épisode II ce dimanche au Vélodrome contre le Paris Saint-Germain, sans pitié avec l'Atalanta mercredi soir (4-0).
Pour les superstitieux, l'arbitre sera Jérôme Brisard, le dernier à avoir sifflé une victoire marseillaise lors d'un Classique en championnat. C'était en... 2020 et l'unique buteur de la rencontre s'appelait Florian Thauvin. Plus de 5 ans plus tard, la seule victoire marseillaise fut en Coupe de France en 2023. Le reste du temps, l'OM a été un gentil adversaire mais souvent trop tendre pour espérer l'emporter. Or cette saison, les dirigeants phocéens l'ont martelé : l'objectif est de se rapprocher du PSG. C'est mal embarqué, avec déjà deux défaites en 4 journées.
Pour autant, sur de nombreux aspects, l'OM a montré qu'il y avait du potentiel, notamment une aptitude à se reprendre, via ses joueurs d'expérience qui connaissent la maison (Gerónimo Rulli, Leonardo Balerdi, Geoffrey Kondogbia malgré le penalty provoqué, Pierre-Emile Höjbjerg dans un travail de l'ombre trop peu souligné) ou récemment arrivés (Benjamin Pavard, Emerson Palmieri).
Capable de prendre la possession, de presser et de déséquilibrer le milieu du Real Madrid qui ne semble pas spécialement apprécier de devoir jouer sans ballon, l'OM a su se procurer de grosses occasions et, contrairement à son adversaire, marquer sur une action de jeu. Ce n'est pas un hasard si, après avoir empilé les sprints face à Timothy Weah (qui n'a pas renoncé après avoir pourtant encaissé une mise en échec de hockey sur glace sans faire moufter l'arbitre), Dani Carvajal a dégoupillé.
Pour la première fois face à une équipe de standing, l'OM a bien joué, a proposé des circuits de passes rapides, a pu compter sur une défense concentrée et a développé de vraies idées. D'ordinaire, De Zerbi s'arrêtait à des déclarations d'intention; pas cette fois. Et c'est bien là toute la différence, même si le momentum n'a pas été exploité, la qualité d'outsider ayant rattrapé les Olympiens.
Face à un PSG privé d'Ousmane Dembélé, Désiré Doué et Joao Neves, l'OM pourrait profiter de cet élan pour proposer une opposition solide au champion d'Europe en titre. Peu importe que son rival soit diminué, cela relèvera de l'anecdote en cas de succès, même étriqué. Après un mois d'août très difficile, virant au tragi-comique par instants, les Marseillais ont gagné des convictions collectives peut-être inédites. Avant d'acquérir des certitudes et d'enfin lancer leur saison ?