Un hymne à la joie. La course de Nabil Bentaleb au Roazhon Park, quelques secondes après avoir marqué, a semblé ne jamais vouloir s'arrêter, emportant avec elle tout le LOSC.
Avant le sprint, il y eut le coup d'arrêt dans l'effroi, le 18 juin 2024, quand le milieu de terrain lillois s'est effondré, victime d'un arrêt cardio-respiratoire, alors qu'il jouait au football avec son frère et des amis.
Puis la pose d'un défibrillateur sous cutané, et un processus long de huit mois jusqu'à la validation de son retour par la commission médicale de la Fédération française de football (FFF). Une première "délivrance" pour le joueur de 30 ans, seul professionnel autorisé à jouer avec ce type de dispositif médical en France, avant celle de son but.
"C'était un moment particulier pour toute l'équipe, a souligné Chuba Akpom après le match. Quand il a mis le pied sur le terrain, ça a poussé tout le monde à donner un peu plus. C'était comme si un guerrier revenait sur le champ de bataille. Il est resté droit, solide, positif. C'est une source d'inspiration pour toute l'équipe. Le revoir avec nous, comme ça, c'était un encouragement pour tout le monde."
"Nous lier à vie"
Peut-il durer jusqu'au terme de la saison ? Les mots de l'attaquant anglais, pourtant à peine arrivé, mais déjà touché par le destin de l'international algérien, témoignent d'une motivation supplémentaire au sein de l'équipe nordiste. Ou, comme le formule l'entraîneur Bruno Génésio, d'"un supplément de solidarité, un supplément d'âme".
"Le match à Rennes est l'aboutissement d'une période de doute, d'espoir, pour terminer par une période qui va nous lier à vie, tous, que ce soient les joueurs qui ont participé à ce match, le staff, tous les gens qui sont au club aujourd'hui, détaille le Lyonnais. Il y a des événements qui font, dans une vie, qu'on reste liés et je pense que celui-ci en fera partie."
Le parcours de Bentaleb, de la peur de voir tout s'arrêter à l'euphorie du miracle, dépasse de loin le cadre du football, au point de forcer l'admiration de ses coéquipiers.
Et de resserrer les liens du groupe, selon Gabriel Gudmundsson : "Quand ce genre de choses arrive, en particulier dans cette petite famille qu'est notre équipe... Son retour apporte tellement de joie au groupe, le voir jouer et marquer, ça nous a rapprochés, tous. Il y a toujours eu une bonne ambiance au sein du groupe mais ça nous apporte une force et un lien encore plus fort."
"Relais tactique" et "leader"
Au-delà de l'aspect affectif, le club nordiste récupère aussi l'un des meilleurs Dogues de la saison dernière. Bruno Génésio s'en réjouit : "Sur l'aspect du jeu à proprement parler, c'était un joueur primordial dans l'organisation, qui a grandement participé à la quatrième place. Quand j'ai signé ici, il faisait partie des éléments clés de la constitution de l'équipe."
L'entraîneur bénéficie désormais d'un nouveau "relais dans le domaine tactique", "un leader qui aime gagner et qui insuffle ça autour de lui".
Un atout de poids pour les Nordistes, dont les trois prochaines rencontres pourraient dessiner leur avenir européen immédiat et à moyen terme. Ils affronteront d'abord Monaco samedi (17h00) puis Paris le 1ᵉʳ mars (21h05), deux adversaires directs du championnat dans la course aux places européennes, avant une double confrontation contre le Borussia Dortmund en huitièmes de finale de la Ligue des champions.
Il y a 24 ans, les Lillois de Vahid Halilhodzic avait réussi l'exploit de se qualifier pour la C1 en battant Parme, quelques mois après avoir appris que leur coéquipier Christophe Pignol était atteint d'une leucémie. Ils étaient alors portés par une force supérieure.