L’Olympique de Marseille a de la chance. Malgré quatre défaites en cinq matchs et des rumeurs d’un groupe qui aurait lâché son coach, l’OM est toujours sur le podium de Ligue 1, troisième à seulement un point de l’AS Monaco, avant de recevoir Toulouse dimanche. L’objectif de qualification directe à la Ligue des champions est à portée de main, malgré les nombreux points lâchés contre Auxerre, Reims, Lens et le PSG. Derrière, Nice a suivi la même pente descendante avec trois défaites et un match nul sur les quatre dernières rencontres, quand Monaco s'est incliné face à Brest samedi (défaite 1-2) et que Lille a été ralenti par Lyon dans la même soirée (défaite 1-2). Autant de circonstances favorables qui permettent aux Phocéens d'être toujours dans la course.
Merci Nantes et ses récentes victoires contre Lille et Nice, deux adversaires directes. Mais les Canaris eux ne pourront rien dimanche face au 11e du championnat de France et ce sont bien aux hommes de Roberto De Zerbi de faire le travail pour ne pas laisser cette saison 2024-25 se conclure sur un échec, qui aura des répercussions bien au-delà du sportif. Après une semaine mouvementée, l’Olympique de Marseille doit compter sur lui-même et appeler à la fameuse union sacrée, de façon accélérée.
Union sacrée d'apparence
Jeudi, le journal L’Équipe révélait un début de clash entre lui et ses joueurs lundi, au lendemain d'une nouvelle défaite à Reims (3-1). Après la rencontre, De Zerbi avait décidé de supprimer les deux jours de repos prévus et la journée de lundi, lors de laquelle le président Pablo Longoria et le directeur du football Medhi Benatia se sont exprimés, a été très tendue entre certains joueurs et leur coach. "Vous voulez me faire échouer ? Alors on va échouer tous ensemble", avait-il notamment balancé à son groupe, après avoir annoncé qu’il refusait de les entrainer vu le niveau affiché ces dernières semaines.
"Ce qui s'est passé cette semaine, ce sont des choses normales qui se passent dans toutes les équipes, a voulu minimiser Roberto De Zerbi vendredi en conférence de presse. Mais lire que certains joueurs sont contre moi, c'est vraiment quelque chose de faux." À ses côtés, Neal Maupay, l’un des chouchous du coach italien, approuve : "Il n'y a pas de cassure avec le coach, au contraire. On peut en sortir grandis. Il est tellement passionné que forcément après de mauvaises performances, il y a des choses à régler, comme dans toutes les familles et tous les couples. Mais on a besoin de lui, de tout le monde. On est tous avec lui."
Le numéro 9 olympien a tenté de convaincre les journalistes d’une union sacrée inébranlable, guidée par le "projet Ligue des champions" que les joueurs ne sont "pas prêts de lâcher". Malgré les sorties peu reluisantes dans la presse, l’OM tente de faire front, Pablo Longoria s’étant par exemple invité à la séance d’entraînement ouverte à la presse vendredi, là où le président phocéen se contente habituellement d’être représenté par ses sbires Medhi Benatia, directeur du football, et Fabrizio Ravanelli, conseiller sportif. Le propriétaire Frank McCourt sera là lui aussi dimanche au Vélodrome annonce-t-on au club.
Le volcanique De Zerbi marche sur un fil
De son côté, De Zerbi est apparu combatif tout au long d'une conférence de presse fleuve, où il a d’abord rigolé de son "amour pour les polémiques" en français, avant d’évoquer en vrac l'inquiétude de sa mère, les séances d'entraînement programmées à 5h30 du matin au mois de novembre et son envie de voir contre Toulouse des joueurs "possédés". "Je défends toujours mes joueurs et je le ferai toujours. Mais d'eux, je veux 100%. Je ne suis pas là pour avoir des amis dans le vestiaire, mais pour que tout le monde donne 100%", a encore expliqué le technicien italien.
Dans un Olympique de Marseille où le quotidien s’écrit au gré des polémiques et des coups de sang de la direction, l’entraîneur italien lui n’apparaît pas plus stable que le reste du club et dans un discours guerrier légèrement inquiétant il assène : "Moi, je donnerais ma vie pour mon travail. Mon travail m'a tout fait perdre. Il m'a beaucoup donné, mais il m'a tout fait perdre. Et donc, pour cette heure et demie sur le terrain, pendant l'entraînement, pendant le match, je suis prêt à tout. Et je voudrais que tout le monde fasse de même. Je n'accepte pas qu'on fasse les choses en-dessous de notre maximum. Avec les bonnes manières, ou des manières plus extrêmes, j'essaie toujours de tirer l'OM vers le haut."
Cette atmosphère paranoïaque n’empêche pas De Zerbi de continuer à se projeter au sein du projet marseillais, posant avec discernement cette remarque : "Il faudrait vous poser aussi la question : pourquoi un entraîneur ne dure pas plus de deux ans à l'OM ? Ce type de journées me pousserait presque à rester deux, trois, quatre, cinq ans. J'aime être au centre des polémiques." Des polémiques venues aussi d’Italie, puisque plusieurs médias transalpins rapportaient en début de semaine un intérêt de l’AC Milan pour le technicien : "Je l'ai déjà dit, je sais que Marseille est le meilleur endroit pour moi. Des meilleurs entraîneurs que moi pour Marseille, il y en a sûrement, peut-être un milliard. Mais qui sont prêts à donner autant que moi, je ne sais pas."
Après plusieurs entraîneurs s’enchaînant sur le banc marseillais ces dernières années, à l’image de Jorge Sampaoli, Igor Tudor, Marcelino ou Gennaro Gattuso, Pablo Longoria avait assuré vouloir s’engager sur un cycle de trois saisons avec Roberto De Zerbi. La première d’entre elles n’est pas encore terminée qu’elle peut déjà être qualifiée de compliquée. Malgré des résultats pour l’instant à la hauteur de ce qu’attendait la direction. Le match face à Toulouse pourrait déjà s’avérer crucial dans la continuité de l’Italien, qui n’a "aucune envie de s’excuser", ni ne compte "remettre ses choix en question". "Peu importe si le public est énervé contre l'entraîneur, on doit entrer sur le terrain comme des furies, et tout le Vélodrome poussera les joueurs", assure-t-il. Réponse dimanche soir.