Il reste encore beaucoup à faire. Et les engins de chantier et grues qui entourent l'un des temples du foot européen vont continuer de faire partie du paysage pour un bout de temps.
Il faudra en effet attendre au minimum jusqu'en 2027 pour que le projet pharaonique, estimé à 1,5 milliard d'euros, soit officiellement terminé, et que la spectaculaire mue de l'enceinte barcelonaise se concrétise enfin, avec plus d'un an de retard.
Les supporters blaugranas, contraints depuis deux ans de grimper la colline de Montjuic pour voir jouer leur équipe dans un stade olympique qui sonnait parfois creux, vont tout de même faire un sacré bond en avant samedi lors de la réception de l'Athletic Bilbao, en découvrant le lifting de leur stade vieillissant.
"On est dans 'Retour vers le futur'", a estimé le président barcelonais Joan Laporta la semaine passée, lors d'un premier entraînement ouvert au public. "Rejouer ici sera un moment historique, nous allons retrouver cet avantage à domicile que nous n'avions pas à Montjuic".
"Rendre le club viable financièrement"
Rejouer au Camp Nou, le théâtre de ses plus grands exploits, est un premier pas pour retrouver de la stabilité, notamment financière, essentielle pour espérer tenir son rang parmi l'élite européenne.
"Ce projet a commencé il y a 15 ans, et pendant 11 ans rien n'a été fait. Quand nous sommes arrivés en 2021, nous avons pensé qu'il était essentiel de le mener à bien, pour rendre le club viable financièrement", a expliqué Laporta.
La réouverture même partielle du plus grand stade d'Europe, avec un peu plus de 45.000 spectateurs seulement, loin des 105.000 places promises lorsque les travaux seront véritablement terminés, est donc cruciale financièrement pour sortir des arrangements comptables et revenir à un fonctionnement "normal".
L'avenir de Laporta, qui a multiplié les opérations décriées pour éviter la faillite et conserver un effectif compétitif, est d'ailleurs étroitement lié au succès de ce projet, à quelques mois de nouvelles élections.
Le président blaugrana est également sous pression des principaux partenaires et sponsors du club pour honorer ses engagements, ce qui explique la volonté du club de rejouer au Camp Nou le plus rapidement possible.
Les dirigeants barcelonais ont prévu en ce sens que les rencontres organisées dans leur stade génèreraient 51 millions d'euros de revenus supplémentaires par rapport au budget de l'an dernier.
Les prix exorbitants des premières places mises en vente pour le match de Liga face à Bilbao, entre 290 et 500 euros, témoignent de l'urgence dans laquelle se trouve le quintuple champion d'Europe, qui doit commencer en décembre à rembourser les intérêts de ses prêts contractés pour financer les travaux et éponger sa dette colossale post-Covid.
"Ici que l'histoire va s'écrire"
Les champions d'Espagne en titre, actuellement moins souverains que l'an dernier, comptent aussi sur le poids de leur antre pour retrouver les sommets, après une saison dernière conclue sur un triplé (Liga, Coupe du Roi, Supercoupe).
"Montjuic n'était que le point de départ. C'est au Camp Nou que l'histoire va s'écrire", a assuré le prodige du Barça Lamine Yamal, en "mission" pour ramener une sixième Ligue des champions en Catalogne.
Le jeune ailier, symbole du renouveau blaugrana, n'avait que 15 ans la dernière fois que le Barça a foulé la pelouse du Camp Nou, en partie démoli puis rebâti. Il avait alors disputé quelques minutes, en guise de promesse, avec le n°41 dans le dos.
Il en aura 18 samedi, avec le mythique n°10 de Lionel Messi floqué sur son maillot, pour ouvrir un nouveau chapitre dans la riche histoire du club catalan.
"Ce sera l'héritage que nous lèguerons aux futures générations de supporters du Barça : le meilleur stade du monde", a promis Laporta.
