Pour comprendre l'importance de Diego Simeone dans l'histoire récente de l'Atlético de Madrid, il faut remonter à la saison 2010-2011. À l'époque, Quique Sánchez Flores avait pu disputer Ligue Europa. C'était un objectif acceptable et raisonnable pour une équipe dont les meilleurs joueurs étaient le jeune Sergio Agüero, qui deviendrait plus tard une idole à Manchester City, et un Diego Forlán établi.
Le 23 décembre 2011, après l'échec de Gregorio Manzano à mener l'Atlético vers le succès (élimination en Copa del Rey et performances irrégulières en Liga), les Colchoneros ont fait le pari d'engager un Simeone dont on se souvient du temps où il était joueur (il a remporté le mémorable doublé 1995-1996) mais qui n'avait d'expérience que sur le banc de touche en Argentine.
Ligue Europa, Coupe du Roi et Supercoupe
Des doutes ont entouré l'environnement colchonero. Mais l'Argentin, travailleur et déterminé, a commencé à effacer les critiques en mettant en place une structure dans un effectif qui a rapidement apporté le succès.
Simeone, avec du temps, de la patience et avec l'aide d'un grand Radamel Falcao García, a obtenu une victoire en finale de Ligue Europa contre l'Athletic de Marcelo Bielsa et, de cette façon, a remporté son premier titre en tant qu'entraîneur de l'équipe rouge et blanche. Un premier titre qui a commencé à transformer l'attitude et la compétitivité de l'Atlético.
Une défense solide et des attaquants efficaces
Les premières années de Simeone à la tête du club se caractérisent par une défense qui constitue la base de sa tactique. Les titans Miranda et Godín ont assuré la sécurité en défense, tandis que Felipe Luis et Juanfran ont renforcé cette dernière. Falcao a mené l'attaque en marquant 70 buts et délivré neuf passes décisives en 91 matches sous le maillot colchonero.
Simeone, en plus de structurer sa base en pensant à sa défense, avait besoin d'un attaquant létal, efficace et puissant sur le plan aérien. Falcao a répondu aux attentes jusqu'à ce qu'il décide de partir pour l'AS Monaco en 2013-2014, année au cours de laquelle l'entraîneur argentin a été surpris par un Diego Costa colossal qui a été installé dans le onze de départ.
Bien que Costa alternait déjà certains matchs, Adrián a complété le 4-4-2 de toujours de Simeone. Après le départ de Falcao pour la Ligue 1, Costa s'est intégré dans le système de l'équipe et a plus que rempli les mêmes fonctions que le Colombien, avec un facteur supplémentaire : la malice et le "sale boulot".
Un titre national et la première défaite en finale de la Ligue des champions
Le premier succès retentissant de la carrière de Simeone est la conquête de la Liga 2013-2014. Simeone a rendu vital le "partido a partido", une idéologie qui permettait à son équipe de se concentrer chaque week-end sur un seul objectif : gagner, gagner, gagner. L'Atlético a remporté le Championnat lors de la dernière journée après un match nul 1-1 contre le FC Barcelone de Tata Martino. Diego Godín a marqué le but égalisateur pour donner le titre aux Rojiblancos. Diego Costa et Arda Turan ont joué les premiers rôles en attaque.
En Ligue des champions, le club a atteint la finale où il a conservé l'avantage jusqu'aux arrêts de jeu, mais Sergio Ramos a marqué de la tête pour envoyer le match en prolongation et permettre au Real de s'en sortir.
Nouvelle ère et reconstruction
Après 2013/2014 les choses ont changé. Felipe Luis et Courtois sont partis à Chelsea (le Belge a été prêté). David Villa est parti en MLS. Le conseil d'administration a recruté le jeune Jan Oblak, Mario Manzdukic, Antoine Griezmann et Ángel Correa. La saison a commencé par une victoire en Supercoupe d'Espagne contre le Real et s'est terminée par une nouvelle place en Ligue des champions. En 15-16, l'Atlético est retourné en finale de la Ligue des champions où il s'est incliné aux tirs au but, encore face au Real.
Sans Costa, Griezmann a commencé à jouer un rôle plus important dans l'équipe. L'attaquant français n'a jamais tari d'éloges à l'égard de Diego Simeone. Au contraire, il a même déclaré avoir été l'un des premiers à lui avoir envoyé un message lorsqu'il a remporté la Coupe du monde avec la France en 2018.
Griezmann, la star
L'Argentin a joué un rôle clé dans la carrière de Griezmann. Il lui a inculqué sa tactique, ses exigences de repli, de "toujours prendre des occasions de but", et même son sens du collectif.
"Tout s'est fait très vite", raconte le numéro 7 dans son autobiographie Derrière le sourire, parue en 2018. "El Cholo m'a dit que j'étais bien plus qu'un ailier. Il m'a aussi dit : 'plus tu seras proche du but, plus tu exploseras en tant que footballeur. Il faudra que tu y travailles un certain temps pour exploiter toutes les caractéristiques : les changements de direction, les diagonales courtes, le jeu entre les lignes, le jeu dos au but et un bon tir à mi-distance'".
Griezmann a ainsi pu devenir un joueur comme il en existe peu. Un joueur créatif dans l'âme, qui donne la priorité à l'équipe. Et c'est ce qui a fait le succès de l'Atlético, mais aussi de l'équipe de France. D'ailleurs, ce style lui convenant, Didier Deschamps a saisi l'opportunité de l'intégrer à son équipe et a demandé à son faux 10 reconverti en milieu de terrain de jouer ainsi. En entraînant Griezmann, Diego Simeone a modelé son joueur pour qu'il intègre ses idées dans son jeu. Ce faisant, il laisse un héritage qui dépasse le club : celui d'un champion du monde et d'un ancien candidat au Ballon d'Or.
Luis Suárez en Liga au cours des dernières années
L'attaquant, si fondamental dans son système, a offert à Simeone sa joie la plus récente. L'Uruguayen a contribué au titre en 2021, une édition marquée par la pandémie de Covid-19 et les reports.
Suárez a inscrit 21 buts et délivré trois passes décisives au cours de cette saison mémorable. Les retours, la souffrance (même lors de la dernière journée) et la clairvoyance des Colchoneros ont offert aux supporters un trophée inoubliable, qui est également devenu le huitième titre de Simeone en tant qu'entraîneur rouge et blanc.