Bien trop tôt pour le comparer à Messi
Comparer Lamine Yamal à Lionel Messi à ce stade de sa carrière relève clairement de l’exagération. Ansu Fati a déjà emprunté ce chemin avant lui, et on a vu ce que cela a donné. Même si on a parfois eu l’impression que Lamine Yamal devait porter son équipe vers la victoire comme le maestro argentin l’a fait, ce sentiment de « responsabilité » risque de peser lourd sur des épaules aussi jeunes.
Concrètement, cela signifie souvent qu’il joue alors qu’il devrait se reposer, et le problème récurrent de blessure qu’il connaît récemment était sans doute inattendu pour le joueur comme pour le club. Des douleurs à l’aine – qui lui ont déjà fait manquer cinq matchs cette saison – l’ont contraint à déclarer forfait avec la sélection espagnole, ce qui a surpris et inquiété la Fédération espagnole de football.
Exigences du club et de la sélection
Les deux attendent de lui qu’il soit présent à chaque minute de chaque match, tout simplement parce qu’il est déjà le joueur clé de l’équipe nationale.
Quand on regarde ses statistiques depuis ses débuts à 15 ans, on comprend pourquoi le club et la sélection sont si exigeants. En 140 matchs déjà disputés, Lamine Yamal a inscrit 37 buts et délivré 46 passes décisives.
Au Barça, seuls Robert Lewandowski, Raphinha et Ferran Torres affichent de meilleures statistiques, mais ils ont tous joué bien plus de matchs. Il a déjà créé 107 occasions rien qu’en club, ce qui est impressionnant pour un joueur qui n’aura 19 ans qu’en juillet 2026.
Son absence totale de peur, quel que soit l’adversaire, alliée à un talent brut exceptionnel, lui donne une confiance totale en son jeu et une certaine assurance sur le terrain.
Beaucoup de marge de progression
Certes, son arrogance commence à agacer certains adversaires – il suffit de voir comment le vétéran Dani Carvajal a réagi à la fin du Clasico – mais lui enlever ce trait de caractère reviendrait à lui ôter une partie de ce qui fait sa force. Il progressera aussi avec l’expérience, bien sûr, mais il en a franchement besoin.
Ceux qui sont déjà prêts à le sacrer nouveau messie, avant même qu’il ait vraiment marqué l’histoire du football, devraient regarder ses statistiques de plus près.
Seul Lewandowski affiche un taux de passes réussies inférieur à celui de Lamine Yamal sur les deux dernières saisons, et la plupart diront que le jeu de l’international polonais repose surtout sur le placement pour marquer, plus que sur la création pour ses coéquipiers.
Bien que les statistiques de passes du jeune prodige tournent aussi autour de 70%, ce n’est pas suffisant pour un joueur du Barça, surtout pour celui sur qui le club semble miser pour l’avenir.
Il n’a quasiment aucune capacité dans le jeu aérien : seulement cinq duels aériens remportés, ce qui est bien inférieur à tous les autres membres de l’équipe première, gardiens compris.
Un taux de réussite de 52,9% dans les duels au sol en un contre un n’a rien d’exceptionnel non plus, ce qui montre que malgré ses qualités offensives, Lamine Yamal a encore du travail pour remplir ses tâches défensives.
Laissez-le vivre son adolescence
On voit bien que le jeune reste humain à certains égards, et tant mieux. Il fait autant parler de lui en dehors du terrain pour certains aspects de son comportement, et c’est aussi une bonne chose. À 18 ans, il ne fait que ce que font tous les jeunes de son âge, à la différence près qu’il est sous le feu des projecteurs. Tant qu’il continue à bien jouer sur le terrain, il mérite qu’on lui laisse un peu de liberté dans ses choix personnels, qui ne devraient en rien impacter son travail.
La Coupe du monde 2026 pourrait asseoir sa légende
Reste à voir si le bras de fer entre club et sélection va s’intensifier dans les prochains mois et pendant l’année de la Coupe du monde, et s’il aura un impact sur la forme et le mental du joueur.
En supposant que ses soucis physiques actuels ne soient que passagers, Lamine Yamal pourrait commencer à bâtir sa légende dans le football avec des performances marquantes lors du grand rendez-vous de la FIFA l’été prochain.
En attendant, le mieux qu’il puisse faire est de rester fidèle à lui-même sur et en dehors du terrain, garder les pieds sur terre, ignorer les critiques, écouter attentivement ses entraîneurs et ses proches, et continuer à tracer sa propre voie, qui pourrait un jour le mener au statut de véritable légende.
