Dimanche soir, dans un quart de finale mal embarqué pour les jeunes pousses de la Mannschaft menées 1-0 par l'Italie, la révolte allemande est venue de Nick Woltemade.
Du haut de ses presque deux mètres (1,98 m), c'est de la tête qu'il s'est distingué : d'abord pour égaliser sur un corner, puis pour dévier astucieusement un centre et trouver son coéquipier Nelson Weiper, adressant au joueur de Mayence une passe décisive. L'Allemagne a toutefois dû s'arracher en prolongation (3-2) pour venir à bout de la Nazionale espoirs, pourtant réduite à 9.
Auteur de cinq buts et trois passes décisives (il a été laissé au repos contre l'Angleterre), Woltemade ne cesse d'impressionner avec ses bouclettes blondes et son bouc à la d'Artagnan, mimant après chaque but un W avec ses pouces et index. À ce rythme, il pourrait bien aller chercher le record de sept buts inscrits en phase finale d'un Euro Espoirs, codétenu par le Suédois Marcus Berg en 2009 et l'Allemand Luca Waldschmidt en 2019.
"Il peut jouer en neuf, en dix. Il est grand, sûr balle au pied, on peut jouer au football avec lui. C'est un joueur exceptionnel, son évolution cette saison a été incroyable", a apprécié en cours d'Euro Nicolo Tresoldi, son partenaire d'attaque avec l'Allemagne.
À 23 ans (le tournoi est ouvert aux joueurs nés après le 1ᵉʳ janvier 2002), Woltemade vit à 200 à l'heure les six premiers mois de 2025. Sous les couleurs de Stuttgart, il a inscrit huit de ses douze buts de la saison de Bundesliga entre janvier et mai, et a encore été buteur lors du sacre 4-2 en finale de Coupe d'Allemagne le 24 mai face à Bielefeld (3ᵉ division)
De "Stolpermade" à "Woltemessi"
En sélection, il a passé un triplé à l'Espagne avec les espoirs en mars, et a connu ses deux premières capes chez les grands lors de la finale à quatre de la Ligue des nations (demi-finale contre le Portugal et match pour la 3ᵉ place contre la France), avant de redescendre avec les espoirs pour l'Euro.
Et dire qu'il n'était pas en début de saison dans le groupe de 25 joueurs de l'entraîneur de Stuttgart, Sebastian Hoeness, pour disputer la phase de groupe de la Ligue des champions – il n'a ainsi pas joué contre le PSG fin janvier lors de la dernière journée.
Recruté à l'été 2024, il s'est imposé courant décembre dans l'animation offensive du club souabe, orpheline de son buteur Serhou Guirassy, parti à Dortmund à la fin de la saison 2023-2024.
Formé au Werder Brême, Woltemade traînait avant son ascension de 2025 le surnom peu enviable de "Stolpermade", un jeu de mot avec le verbe allemand stolpern, trébucher, pour sa propension à perdre les ballons. Depuis, les supporters parlent désormais de "Woltemessi" pour ses dribles.
"Nick sait exactement ce qu'il doit faire. Il conserve la balle et quand il lui arrive de la perdre, la plupart du temps il y a faute sur lui. C'est déjà une énorme qualité", a loué le directeur sportif des espoirs et de la Mannschaft, Rudi Völler, présent en Slovaquie.
L'éclosion de Woltemade est du pain bénit pour la sélection allemande, qui connaît depuis quelques années une crise au poste d'avant-centre, dans un pays qui a fourni deux des trois meilleurs buteurs de l'histoire de la Coupe du monde – Miroslav Klose (16) et Gerd Müller (14).
Kai Havertz s'est transformé tardivement en avant-centre buteur à Arsenal ces dernières saisons, alors que Niclas Füllkrug, devenu homme providentiel depuis novembre 2022 (14 buts en 24 capes), a 32 ans et a été freiné depuis septembre 2024 par les blessures.