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Stina Blackstenius, la buteuse introvertie devenue une star de la Suède

Stina Blackstenius, la buteuse introvertie devenue une star de la Suède
Stina Blackstenius, la buteuse introvertie devenue une star de la SuèdePhoto par MICHAEL CAMPANELLA / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP
De nature réservée, Stina Blackstenius a appris à s'ouvrir en devenant une star du football féminin: buteuse victorieuse en finale de Ligue des champions avec Arsenal, elle est aussi un pilier de l'attaque de la Suède, qui débute son Euro-2025 contre le Danemark vendredi (18h00) à Genève.

Un but qui change une vie. Un contrôle orienté à la limite du hors-jeu, une frappe croisée du droit, l'attaquante de 29 ans (117 sélections, 39 buts) est entrée dans l'histoire de son sport en marquant le seul but d'une finale étouffante, à Lisbonne. Détendue sur le podium où les Gunners fêtaient avec leurs supporters leur titre européen devant l'Emirates Stadium, Stina Blackstenius a raconté sans fard son but. "J'étais un peu nerveuse" au moment d'entrer en jeu (à la 67e), a dit au micro l'ancienne joueuse de Montpellier (2017-2019).

"Mais je savais qu'une occasion pouvait suffire, a-t-elle poursuivi. Tout est allé si vite... Déjà, c'était vraiment une bonne passe (de Beth Meade, NDLR), j'ai pensé à cadrer, quand j'ai vu que j'avais marqué, ça m'a fait comme un choc ! Puis tout de suite j'ai été tellement heureuse !" Quand elle a débarqué à Montpellier à 21 ans, elle n'avait pas du tout la même aisance. "C'était une fille une peu introvertie, elle était dans sa bulle, se souvient pour l'AFP son entraîneur Jean-Louis Saez. Mais ce n'était pas facile, elle est arrivée très jeune".

Blackstenius avait "fait ce choix de rejoindre le championnat le plus fort, à cette époque on commençait à être plus fort que l'Allemagne", poursuit le technicien.

"Une dévoreuse d'espaces"

"J'ai beaucoup grandi en allant en France, j'étais plutôt timide et réservée, et c'était difficile avec la barrière de la langue, confirme la joueuse à la chaîne suédoise TV4. Me sentir isolée et devoir grandir seule, pour ainsi dire, cela m'a beaucoup appris", même si ses coéquipières de la sélection Linda Sembrant et Sofia Jakobsson l'ont prise sous leurs ailes à Montpellier.

Elle était une vraie promesse, buteuse en finale - déjà - des Jeux olympiques 2016, à 20 ans, pour une défaite contre l'Allemagne. La double médaillée d'argent a d'ailleurs récidivé à Tokyo en 2021 pour une nouvelle défaite crève-cœur contre le Canada (1-1, 3 t.a.b. à 2). Mais la pépite de l'attaque ne défendait pas beaucoup avant d'arriver dans l'Hérault, où elle a réussi une saison et demi fructueuse, 26 buts en 38 matches, et côtoyé les Bleues Sakina Karchaoui et Sandie Toletti.

"Elle avait besoin de travailler les aspects défensifs, les replacements... Il lui fallait sortir de son confort", se remémore Saez. Mais elle avait déjà ses "qualités de puissance, elle était très athlétique. Elle n'avait pas ce côté encore renard des surfaces, c'était une dévoreuse d'espaces, elle allait très vite, ses appels de balles étaient tranchants avec un sens du déplacement averti pour une jeune joueuse", complète l'actuel directeur sportif du MHSC.

"Un pas en arrière"

Après Montpellier, Blackstenius est revenue en Suède, à Lingköpings puis à Häcken. "C'est OK de faire un pas en arrière, rembobine-t-elle. J'ai eu peur que cela puise affecter ma progression, mais en fait pas du tout, cela a été bénéfique. C'était surtout une question de savoir jusqu'où j'étais prête à faire des sacrifices."

Regonflée par deux saisons au pays, elle repart en 2022, à Londres. "Je me sens complètement différente désormais, reprend-elle. J'ai fait beaucoup de progrès, j'ai appris à être plus sociale, plus ouverte. Je me sens mieux dans ma peau également. Maintenant que je joue pour Arsenal, j'ai le courage de me montrer plus extravertie et je discute avec vraiment tout le monde dans l'équipe."

En pleine confiance sur la lancée de son but historique, elle a signé un but d'avant-centre en plongeant au premier poteau lors du dernier match de préparation contre la Norvège (2-0). "J'ai confiance en moi et en la personne que je suis", conclut Blackstenius. Les Danoises, contre qui elle a réussi un triplé en Ligue des nations le 3 juin (6-1), sont parfaitement au courant.