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La France plus qu'un simple "outsider" après sa victoire face à l'Angleterre ?

Sandie Toletti célébrant la victoire de l'équipe de France face à l'Angleterre avec Selma Bacha à l'Euro 2025, le 5 juillet 2025.
Sandie Toletti célébrant la victoire de l'équipe de France face à l'Angleterre avec Selma Bacha à l'Euro 2025, le 5 juillet 2025.AA/ABACA / Abaca Press / Profimedia
Si l’équipe de France avait martelé avant le début de cet Euro 2025 qu’elle n’était qu’un "outsider" de la compétition, faute de n’avoir jamais rien gagné, l’élément de langage est mis à mal ce dimanche par la victoire éclatante face à l’Angleterre tenante du titre.

Après avoir souffert pendant sept longues minutes de temps additionnel, les Bleues soufflent. Elles ont battu l’Angleterre, tenante du titre, dans une victoire 2-1 qui du propre aveux de Laurent Bonadei "marque les esprits". Les joueuses elles se précipitent pour saluer les très nombreux supporters français présents à Zurich, qui ont eux aussi gagné la bataille face aux Anglais, mais en tribunes. La France vient de franchir un cap dans son Euro : elle vient de battre l’Angleterre, 5e nation FIFA et favorite annoncée à sa propre succession.

Pour autant le sélectionneur Laurent Bonadei persiste et signe : les Bleues restent des "outsiders" ou des "challengers", selon les goûts, malgré cette victoire de prestige. "Rien n'est fait, ce n'est que la première étape, martèle-t-il en conférence de presse. On a gagné un match, il en reste encore deux dans ce groupe. Rappelez-vous, j'étais en Arabie Saoudite avec Hervé quand on avait battu l'Argentine le premier match. Et au final, l'Argentine avait gagné cette Coupe du Monde en 2022 au Qatar."

Outsiders rêvant plus grands

La France enchaîne ainsi une neuvième victoire consécutive, toutes compétitions confondues, mais ne doit "pas s’enflammer" : "Il faut garder beaucoup d'humilité à la fois dans la victoire et puis aussi ne pas paniquer quand on vit des moments plus difficiles." Le sélectionneur fait absolument tout pour préserver son groupe d’une quelconque pression extérieure, lui qui sait combien l’aspect mental des Bleues a souvent été pointé du doigt après chaque désillusion. La question de l’objectif pour cet Euro 2025 est presque taboue, comme celle de la place de favorite faite à la France par Sarina Wiegman avant la rencontre.

Après un mois de préparation, les joueuses tricolores sont donc rodées et reprennent à leur compte le discours répété en interne. "C’est un match de poules, comme tous les matchs ça vaut trois points, que ce soit Angleterre, le pays de Galles ou Pays-Bas, il va falloir prendre les trois points", répond par exemple sobrement Elisa De Almeida en zone mixte. Pas question pour la défenseure du PSG de parler de changement de dimension après ce résultat : "Les gens peuvent nous donner le statut s’ils veulent, on va continuer à juste être l’équipe de France."

Un discours ambivalent, puisque si la France refuse catégoriquement de se placer comme favorite, certaines joueuses françaises, comme Kelly Gago, n’hésitent pas à rappeler leur volonté de gagner cet Euro. "On a gagné ce match-là, mais il en reste beaucoup d’autres. C'est une belle performance, c'est un premier pas vers notre objectif, mais ce n'est que le début", souligne Sakina Karchaoui, qui estime que "les meilleures ont gagné" ce samedi face à l’Angleterre.

Un autre style de jeu pour mieux gagner ?

Face aux Lionesses, la France peut en plus se vanter d’avoir débloqué un nouvel atout qui pourrait le mener vers le sacre final : un jeu plus vertical, avec moins de possession et de passes que d’habitude, pour répondre aux longs ballons anglais sautant le pressing tricolore. Avant de s’adapter quand les Anglaises ont davantage récupéré le cuir, pour miser sur la puissance et la vitesse de son attaque. 

"On n'est pas toujours dans des matchs où on va chercher 75% de possession avec 800 passes. C'est bien aussi parfois d'être dans un registre différent, comme on a été ce soir, même parfois malmené comme ça a été ce soir en fin de match. Ça renforce aussi les liens entre les joueuses, pour qu'elles se rendent compte qu'elles sont aussi capables à la fois d'être dans la construction du jeu, mais aussi d'empêcher l'adversaire de construire le jeu", souligne Bonadei.

Une corde de plus à l’arc tricolore, qui distille ses flèches depuis février 2025 sans aucune faute. Une série qui renforce la prudence du sélectionneur, rappelant qu’il faut "apprécier l'instant présent" mais "se remettre au travail dès demain" : "On doit bien récupérer et se focaliser sur ce match contre le pays de Galles, sans s'enflammer, en gardant les pieds sur terre et en avançant étape par étape." La France pourrait déjà être qualifiée pour les quarts de finale mercredi en cas de victoire et de défaite des Néerlandaises contre l'Angleterre. Et elle ne pourra certainement plus restée dans l'ombre.