C’est l’histoire d’un rêve bleu. Enfin plutôt, azzurro. À 27 ans, Julie Piga, née et formée à Lyon, vit ses premiers matchs dans une grande compétition internationale sous le maillot de l’Italie. La défenseure centrale passée par l’OL, Grenoble et Fleury qui a écumé toutes les sélections jeunes sous le maillot tricolore fait aujourd’hui les beaux jours d’une Italie qu’elle a toujours rêvé de représenter. "Je me suis toujours sentie italienne, même si j'ai grandi en France. J'ai toujours eu le maillot de l'équipe nationale depuis que je suis enfant. Pour moi, pouvoir porter ce maillot est vraiment incroyable. Je me suis toujours sentie comme une Italienne depuis que j'ai commencé à jouer au football à l'âge de 6 ans, en suivant mon frère", confiait celle qui a appelé son chien "Pirlo", du nom de son idole.
Si elle a observé la qualification historique de sa Nazionale depuis le banc, Julie Piga était bien au milieu de ses coéquipières à chanter à plein poumons tout le répertoire italien pour fêter cette victoire 2-1. "Je me sens bien, elles m’ont très bien accueillie depuis le début que je suis avec elles, nous confiait-elle après Portugal-Italie en phase de groupes. J’ai commencé en étant Française et elles ne m’ont jamais rien dit, toujours acceptée comme je suis. Je suis d’origine italien, j’ai toujours supporter l’Italie, pour elles ça n’a rien changé."
"Elle est plus Italienne que nous !"
Elena Linari, avec qui Piga a été alignée le temps de 19 minutes face à la Belgique et 14 minutes face à l’Espagne, acquiesce : "Elle est incroyable, elle est plus Italienne que nous parfois ! Elle aime rigoler, participer à la vie de groupe…" Celle qui a été capitaine de l’équipe de France U20 qui a terminé 4e de la Coupe du monde 2018 n’a jamais douté de son choix. Et elle a même tout fait pour qu’il en soit ainsi. Alors qu’elle aurait pu être convoquée avec les Bleues à l’aube de la Coupe du monde 2023, elle entre en contact avec la FIGC, la fédération italienne et lui fait part de sa volonté à porter le maillot azzurro. Et fait part de son choix ensuite à Hervé Renard.
Entre temps, Julie Piga, qui était l’une des meilleures défenseures du championnat de France lorsqu’elle évoluait à Fleury, décide de quitter la Première Ligue pour la Serie A féminine et rejoint l’AC Milan. Une façon pour elle se rapprocher d’une sélection italienne composée essentiellement de joueuses évoluant au pays (21 sur les 23 joueuses de cet Euro 2025). Pari réussi puisqu’elle est pré-convoquée au même moment par l’Italie, pour la préparation au Mondial. Si elle n’est pas retenue pour la compétition en Océanie, elle vivra un an plus tard, le 25 octobre 2024, sa première sélection avec l’Italie, lors d’un amical remporté 5-0 face à Malte.
"Quand j’ai joué mon premier match pour moi c’était juste incroyable", retrace-t-elle. En Suisse, elle réalise un autre "rêve" : celui de porter la tunique azzurra en grandes compétitions. Le tout, devant ses proches. "Ce qui est bien avec cet Euro en Suisse, c’est que ma famille (originaire de Lyon en France, ndlr) peut venir me voir jouer ! Je pense que je suis celle au sein du groupe dont la famille est la plus proche. C’est sympa parce qu’ici ils parlent italien et français, donc si je peux aider parfois en français, je le fais", sourit celle qui enchaîne derrière avec une interview en italien, sans aucun soucis.
Plus qu'une remplaçante
Si elle ne fait pas partie des titulaires dans une charnière centrale très expérimentée entre Cecilia Salvai, 31 ans et titulaire de la Juventus, et Elena Linari, 31 ans et titulaire de l’AS Roma, Julie Piga s’est fait une place au sein d’une équipe italienne qui brille par son collectif : "Je suis heureuse de faire partie d’un groupe où tout le monde s'entraide sur le terrain et en dehors. Les plus expérimentés ont toujours des mots de réconfort et des attitudes de leaders, dont les plus jeunes ont besoin."
Avoir Julie Piga dans son équipe est "un atout" assure Linari, qui n’a que des bons mots au sujet de sa coéquipière en sélection : "Elle répond toujours présente quand il faut. Je suis vraiment contente pour elle, elle a fait une grande saison avec l’AC Milan, c’est une joueuse en plus pour nous." Si elle ne devrait pas être titulaire face à l’Angleterre, la Franco-italienne assure être prête à "encourager l’équipe depuis le banc" ou à "entrer rien qu’une minute pour ce groupe fantastique". Un groupe italien qui est déjà entré dans l’histoire, avec Julie Piga.